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du 22 au 25 avril 2010 (semaine 16)
 

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2010-04-25 -
EPITAPHIOS, MANDYLION ET SAINT SUAIRE

L’exposition du Saint Suaire, qui a lieu à Turin du 10 avril au 23 mai 2010, vient de relancer les discussions et les publications. Cette relique ne laisse pas indifférents les théologiens et les historiens de l'Église orthodoxe.

L’archimandrite Job Getcha, professeur à l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe de Chambésy-Genève, observe " l’apparente similitude entre la silhouette du défunt que les négatifs ont dévoilé sur le Saint Suaire, en 1898, , dans la tradition byzantine, la représentation iconographique du Christ mis au tombeau, la plupart du temps brodée ou peinte sur un tissu appelé epitaphios."

Le texte évangélique distingue le suaire du linge qui recouvre le visage du Christ. " Alors arrive aussi Simon-Pierre… il entre dans le tombeau; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête, non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit". (Jn 20, 6-7)

Ce suaire est attesté pour la première fois en 1357 à Lirey en Champagne, à l’image "acheiropoietos" («non faite de main d’homme») d’Édesse, arrivée à Constantinople en 944, et disparue lors du sac de la reine des villes en 1204. Le suaire aurait été acquis en 1457 par les ducs de Savoie, puis aurait été transféré de Chambéry, où il fut sauvé d’un incendie en 1532, à la cathédrale de Turin en 1578, où il est conservé précieusement jusqu’à aujourd’hui.

Les fidèles orthodoxes, de même que les connaisseurs d’art byzantin, ne sont pas seuls à remarquer l’apparente similitude entre la silhouette du défunt que les négatifs ont dévoilé sur le Suaire en 1898, et la représentation iconographique du Christ mis au tombeau, la plupart du temps brodée ou peinte sur un tissu —appelé «épitaphios»— qui fait l’objet de vénération des fidèles le vendredi saint, et qui repose sur l’autel des églises orthodoxes du soir du samedi saint jusqu’à la veille de l’Ascension.

Pourtant, le culte de l’épitaphios n’est apparu que très tardivement dans le rite byzantin, au 14e siècle. En particulier sa multiplication dans les monastères athonites de Vatopédi (1354). Un siècle plus tard, l’épitaphios fait son apparition en Russie, comme en témoigne celui du prince Dimitri I. Chemiaka (1444), le plus ancien conservé et actuellement exposé au Louvre pour l’exposition «La Sainte Russie».

Or les Linges funèbres du Christ sont peu attestés à Constantinople, si ce n’est le "Mandylion" qui, d’après une légende du 5ème siècle, serait la face du Christ imprimée sur un linge qu’aurait obtenu à l’époque apostolique le roi Abgar d’Édesse, lequel aurait entretenu une correspondance avec Jésus. On mentionne ce "Mandylion" au 10ème siècle dans le Livre des Cérémonies, où l’autel de Sainte-Sophie comportait une image qui faisait l’objet d’une vénération spéciale dans le cérémonial des empereurs.

Le Saint Suaire de Turin serait-il l’image d’Édesse déployée en nappe d’autel à Constantinople, puis rapportée en Occident par les Croisés comme le laisse penser d'autres historiens ? Une nappe d'autel sans laquelle les prêtres orthodoxes ne peuvent célébrer la Divine Liturgie. Le fait qu'elle représente, depuis le 17e siècle, le Christ mis au tombeau de manière identique à l’épithaphios, vient contribuer à ce mystère qui unit la chrétienté d’Orient et d’Occident. (source : Orthodoxie)


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