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du 3 au 5 mai 2010 (semaine 18)
 

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2010-05-05 - Inde
INQUIÉTUDE A PROPOS DE LA NOUVELLE LOI SUR L'ÉDUCATION

Le 3 mai, Mgr Joshua Mar Ignathios, président de la Commission pour l’éducation de la Conférence des évêques (CBCI), a dit l’inquiétude de l’Eglise face à certaines dispositions inscrites dans la nouvelle Loi sur le droit à l’éducation.

" Nous apprécions les efforts du gouvernement (fédéral) pour rendre véritablement universel le droit à l’éducation. Mais certains passages de la Loi sur le droit à l’éducation sont contraires aux droits constitutionnels des communautés minoritaires de ce pays".

Aboutissement d’un combat de près d’un siècle, la Loi sur le droit à l’éducation, promulguée le 1er avril par le Premier ministre Manmohan Singh, lui-même issu d’un milieu modeste, vise à permettre la scolarisation de tous les enfants, garçons et filles, âgés de 6 à 14 ans en Inde.

Aujourd’hui, le nombre des enfants non scolarisés est officiellement de 12,6 millions, mais les ONG spécialisées estiment que le chiffre réel est bien supérieur et se situe entre 70 et 80 millions d’enfants. Désormais, le droit fondamental à l’éducation, inscrit dans la Constitution fédérale depuis un amendement de 2002, devrait devenir une réalité. Pour cela le gouvernement
a débloqué un budget de trois milliards d’euros sur cinq ans, réparti entre l’Etat central (55 %) et les Etats régionaux (45 %).

Les autorités se félicitent de voir l’Inde rejoindre les rangs des 135 pays à travers le monde qui ont inscrit dans leur législation le droit à l’éducation pour tous.
 
Concrètement, la loi stipule qu’aucun enfant ne doit se voir refuser l’inscription dans une école, en être expulsé ou devoir réussir un examen de passage en classe supérieur avant d’être parvenu à la fin du cycle des études primaires, fixé à l’âge de 14 ans. Le texte législatif vise aussi à garantir un enseignement de qualité à tous les enfants. La question est sensible en Inde où les établissements publics sont souvent d’un niveau médiocre et l’absentéisme des enseignants important. Les écoles privées, souvent confessionnelles, notamment chrétiennes, ont, quant à elles, souvent un excellent niveau, mais sont parfois chères et extrêmement sélectives.

Pour Mgr Ignathios, les objectifs de la loi ne sont pas en question. Ce qui l’est en revanche est l’emprise que les autorités s’arrogent par cette loi sur les établissements privés. La loi
peut empêcher les groupes minoritaires de gérer comme ils l’entendent leurs propres institutions éducatives, une prérogative pourtant inscrite dans le droit constitutionnel indien. Désormais, dans toutes les écoles, privées et publiques, un comité nommé par l’administration veillera à la bonne application du principe de l’éducation pour tous.

Si ces comités sont effectivement créés, la loi aboutira à transformer des institutions éducatives en écoles publiques.
Afin de trouver une solution à ce problème, l’Eglise a pris contact avec le gouvernement fédéral. Au cas où le gouvernement ne voudrait pas amender ce texte de loi, l’Eglise choisira la voie judiciaire, arguant de l’inconstitutionnalité de celui-ci, a déclaré Mgr Ignatios.

C'est ainsi que dès le 5 avril, la Haute Cour de Delhi s’est appuyée sur la nouvelle loi pour exiger la réintégration d’une fillette, Suman Bhati, dans l’établissement qui l’avait renvoyée, l’institution jésuite de New Delhi qui avait renvoyé la fillette, son règlement intérieur exigeant qu’un élève ne puisse échouer à plus de deux reprises aux examens de fin d’année.
Or cerèglement avait été accepté par Suman Bhati et ses parents.

L’Eglise catholique en Inde, dont les fidèles représentent 1,6 % de la population du pays, est très présente dans le domaine éducatif. Du jardin d’enfants à l’université, elle gère 15 000 institutions d’éducation. (source : EDA)

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