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du 6 au 9 mai 2010 (semaine 18)
 

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2010-05-09 - Algérie
APRÈS UNE FIN DE NON-RECEVOIR CATÉGORIQUE


Le ministre algérien des affaires religieuses s'est montré outré, en février dernier, lorsque l'évêque d'Alger, Mgr Ghaleb Bader, a demandé il y a quelques jours l'abrogation des lois limitant la liberté de conscience et de culte en Algérie.

Le ministre lui a répondu de faire ce que ses prédécesseurs français ont fait pendant des années, à savoir empêcher les musulmans de se convertir au christianisme. La liberté de se convertir n'est pas au programme...

Abdallah Ghoulamallah, ministre algérien des affaires religieuses, avait organisé les 10 et 11 février derniers une rencontre intitulée : "La liberté de culte, entre législation divine et droit positif". Il est important de noter l'utilisation d'expressions comme "liberté de culte" en lieu et place de "liberté de conscience", et de "législation divine", qui renvoie à la "charia" ou "loi islamique".

Le ministère avait invité les quatre évêques d'Algérie à l'événement : Mgr Ghaleb Bader, archevêque d'Alger, Mgr Alphonse Georger, évêque d'Oran, Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat-Ghardaia, et Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine-Hippone.

Il avait également invité des membres du clergé de France, dont l'archevêque de Lyon Mgr Philippe Barbarin, l'évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, en charge du dialogue inter-religieux, le P. Christophe Roucou, responsable du SRI (Service des Relations avec l'Islam), le révérend Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, ainsi que deux amis des musulmans, les Pères Michel Lelong et Christian Delorme. Invités au dernier moment, les évêques Barbarin et Santier n'ont pu participer à la rencontre. D'autres personnalités venant d'horizons divers ont également été conviées.

Mgr Ghaleb Moussa Abdallah Bader, qui est originaire de Jordanie, est archevêque d'Alger depuis le 17 juillet 2008. Son principal travail de recherche a porté sur le grand philosophe arabe chrétien du 10ème siècle Yahya Ibn 'Adi. Il connaît bien le système de tolérance religieuse mis en place par le Royaume de Jordanie.

Dans un discours tout en nuance, en février, il avait alors parlé de l'ordonnance agérienne qui limite fortement le culte non musulman, exprimant le souhait de voir les choses "revenir à la normale". Une telle législation pourrait être justifiée dans des circonstances exceptionnelles, a-t-il dit, mais ce n'est pas le cas en Algérie. "Pourquoi ne pas revenir à une situation normale? Le temps n'est-il pas à la révision, voire à l'abrogation, d'une telle réglementation?"

L'allocution de Mgr Ghaleb Bader a grandement irrité le ministre Ghoulamallah. Dans son discours, il a loué les évêques d'Alger en poste avant et après l'indépendance (le cardinal Léon-Etienne Duval et Mgr Henri Teissier) qui, dit-il, "n'ont jamais remis en cause la réalité et les lois [de l'Algérie], et qui étaient proches du peuple algérien." Il a ajouté : "J'espère que l'archevêque qui vient d'un pays arabe apprendra de Teissier, qui est encore parmi nous, et prendra conseil de lui sur ce que les Algériens peuvent ou non accepter".

En Algérie (comme ailleurs), les Eglises, et plus largement les chrétiens, veulent simplement qu'on les laisse tranquilles. Ils veulent avoir le même droit d'annoncer l'Evangile à toute personne prête à écouter leur message que les musulmans l'ont d'annoncer le Coran à qui veut l'entendre.

C'est ce que Mgr Henri Teissier vient de rappeler le 3 mai dernier. (source : CERNA)


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