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du 28 au 31 mai 2010 (semaine 21)
 

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2010-05-31 - Inde
ILS VIENNENT AU SECOURS DES RÉFUGIÉS


Les chrétiens de l’Etat du Nagaland ont créé une aide d’urgence pour deux mille aborigènes naga qui ont fui les violences de l’Etat voisin du Manipur. "Beaucoup se sont enfuis avec seulement les vêtements qu’ils avaient sur le dos."

Devant cette misère, déclare le P. Nirappel Kuriacko Abrahma, curé de Saint-François de Sales, à Kohima, capitale du Nagaland, les paroissiens ont donné de l’argent, des vêtements et du riz. "Ils se sont présentés spontanément et ont donné avec générosité, " se réjouit-il. Et désormais tous les jours des repas leur sont préparés. "Ce n'est pas que de le faire pour 500 personnes dans un camp !" commente une paroissienne.

Les déplacés, en majorité des femmes et des enfants, ont été répartis dans plusieurs camps de secours. D’après leurs témoignages, ils ont subi des attaques de la police et de groupes paramilitaires, la vague de violence ayant atteint son paroxysme au cours des dernières semaines.

L’Etat du Manipur fait partie des territoires dits « tribaux » (aborigènes) du Nord-Est de l’Inde, considérés comme des zones de conflit endémique et soumis à des restrictions d’entrée sur le territoire. Les Naga, l’une des principales ethnies du pays, vivent dans la partie montagneuse de l’Etat et sont l’objet de discriminations de la part du gouvernement en raison d’un long passé de revendications indépendantistes.

Les tensions ont commencé début avril lorsque les autorités du Manipur ont annoncé la tenue prochaine d’élections pour les conseils de six districts autonomes des Hills Areas, selon une loi récemment adoptée par le gouvernement mais particulièrement controversée au sein des communautés aborigènes.

Le 11 avril, sous la coordination de l’ANSAM,
la All Naga Students Association Manipur et d’autres regroupementsles Naga établissaient des barrages sur les voies d’accès principales au Manipur pour un « blocus illimité ». Le bras de fer se poursuivait depuis trois semaines lorsque « l’incident de Mao Gate » achevait de mettre le feu aux poudres.

Le 6 mai dernier en effet, le ministre-président de l’Etat, Okram Ibobi Singh, refusait l’entrée sur le territoire du leader indépendantiste du Nagaland, Thuingaleng Muivah, qui devait se rendre dans son village natal du Manipur. Les Naga se préparaient à recevoir avec faste le chef du National Socialist Council of Nagalim (NSCN-Isak Muivah), qui avait renoncé au combat armé avec le gouvernement central indien depuis le cessez-le-feu de 1997.

Une grande manifestation pacifique naga s’était tenue à Mao Gate, en faveur de Thuingaleng Muivah. Selon des sources locales, les forces de l’ordre auraient tiré sans sommation sur la foule et tué deux jeunes étudiants, blessant grièvement plus de 80 personnes, essentiellement des femmes. Puis la police de l’Etat et les militaires auraient ensuite pourchassé les Naga et menacé ceux qui persistaient à rester dans les villages des environs, les obligeant à fuir au Nagaland tout proche.

Très investies dans le dialogue interreligieux et ethnique, les Eglises chrétiennes des deux Etats ont proposé leur médiation, restée sans effet pour le moment. « Le Manipur est à feu et à sang, presque tous les jours, et depuis tellement d’années, explique Madhu Chandra, secrétaire régional du All Christian Council pour le nord de l’Inde. Mais cette fois, c’est bien plus grave. Les gens ne se respectent plus, qu’ils soient de la vallée ou des montagnes, tout le monde souffre maintenant. »

Le 22 mai dernier, l’organisation œcuménique a organisé un rassemblement de prière sur le thème de « la paix au Manipur ». Parallèlement, The Mao Naga Women Welfare Association, réunissant différentes Eglises chrétiennes, continue de tenir, depuis l’incident du 6 mai, des réunions de prières dans les villages de la région de Mao.

Le Nagaland est le seul Etat de l’Inde à compter 90 % de chrétiens. Une particularité due à la conversion massive au christianisme (en majorité baptiste), au siècle dernier, des Naga qui constituent la presque totalité de la population. (source : Fides)

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