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du 1 au 3 juin 2010 (semaine 22)
 

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2010-06-03 - Nigeria
LA PRIÈRE AVEC LES RESCAPÉS DU CHARNIER DE JOS


Lors de la prière autour de la fosse où sont enterrés 323 habitants des alentours tués en mars dernier, les villageois qui ont accueilli la délégation du COE ont affirmé que la vie n'est plus la même pour eux depuis ces événements tragiques.

Ce fut en effet une expérience profondément émouvante, pour la délégation de Lettres vivantes envoyée au Nigeria par le Conseil œcuménique des Eglises (COE), que de se rassembler autour de cette fosse commune située à Dogonahawa, près de Jos, dans l'Etat du Plateau et de prier avec des rescapés et des proches des victimes de ce massacre.

Début mars, 501 personnes - essentiellement des femmes et des enfants de deux villages voisins, Dogonahawa et Bukuru - ont été tués dans leur sommeil lors d'un déferlement de violence communautaire et ethnique.

Dogonahawa est un hameau d'une centaine de maisons regroupées en cercle. Il se trouve à seulement 11 km de Jos, la capitale de l'Etat du Plateau, dans le centre du pays. Les vestiges des affrontements sont encore présents, et la communauté s'est réduite à un village fantôme où seule une poignée de gens vit encore.

Les Lettres vivantes sont de petites équipes œcuméniques qui se rendent dans un pays pour écouter, apprendre, partager des perspectives et aider à faire face aux problèmes afin de vaincre la violence, promouvoir la paix et prier pour elle. Une de ces équipes a effectué une tournée au Nigeria du 15 au 20 mai.

La délégation s'est également rendue dans la ville de Bukuru, tout près de là, qui était également désertée. Un marché entier y a été incendié et des centaines de maisons et de magasins ont été détruits. Les locaux des autorités locales ont également été rasés. Les travaux de reconstruction n'ont pas encore commencé dans la plupart des quartiers affectés à Bukuru.

Le représentant de la communauté, David Jik, a déclaré à la délégation de Lettres vivantes qu'il a perdu ses enfants et ses petits-enfants au cours des violences. Une femme de 60 ans, Kumbo Chuwang, qui a été mutilée pendant les violences, a expliqué en pleurant comment on s'en est pris à elle et sa famille. Un adolescent nommé Tebita Danjuma a montré son corps, brûlé dans l'incendie déclenché pour détruire les maisons du hameau.

L'évêque anglican du diocèse de Bukuru, Jwan B.N. Zhumbes, qui a accompagné l'équipe dans les villages, a déclaré que plusieurs fidèles de son Eglise ont péri dans les violences mais que de nombreux autres ont réussi à s'échapper et à s'installer ailleurs après la crise.

L'archevêque Michael Kehinde Stephen, chef du Conseil chrétien du Nigeria, a évoqué le projet en cours d'élaboration par les communautés locales d'édifier un cénotaphe sur le site de la fosse commune.

Plus tôt dans la journée, l'équipe s'était rendu au Centre pour l'avancement de la paix au Nigeria (CEPAN), une organisation interreligieuse basée à Jos. Lantana Abdullahi, une musulmane qui est directrice des programmes du Centre, a déclaré que son organisation travaillait, surtout auprès des jeunes, à veiller à ce que les différentes communautés ethniques et religieuses vivent en harmonie.

L 'archevêque catholique, Mgr Ignatius Kaigama, avait accueilli la délégation en déclarant que Dieu souhaite que nous soyons unis. Il a ajouté que l'impression selon laquelle les chrétiens et les musulmans de l'Etat se battent les uns contre les autres est erronée. "Ce ne sont pas les religions qui se battent, mais certaines personnes qui en font partie. Il n'y a pas de guerre entre les deux religions", a-t-il affirmé.

La délégation de Lettres vivantes a été reçue par l'évêque ghanéen de l'Église du Christ au Nigeria, Mgr Robert Aboagye-Mensah qui est le vice-président de la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA) et membre du Comité central du COE. Il s'est demandé : "Entendons-nous la voix de Dieu? Que nous dit Dieu?" Selon lui, "les chrétiens sont mis en demeure d'œuvrer pour la paix. La paix et la réconciliation commencent avec nous. L'offensé doit entamer le processus de réconciliation et de paix."

Le pasteur Pandang Yamsat a affirmé l'engagement des fidèles de son Eglise à travailler pour la paix dans les régions troublées, une tâche qu'il considère comme un témoignage prophétique de l'Eglise.

La délégation était composée de représentants d'Eglises et de membres du COE originaires des pays suivants: Allemagne, Ethiopie, Finlande, Ghana, Inde, Kenya, Norvège et Suisse. (source : COE)


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