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du 7 au 10 juin 2010 (semaine 23)
 

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2010-06-10 - Inde
LA
MAFIA MINIÈRE ET LES ENFANTS DANS LES MINES

Il faut que soit diligentée d’urgence une enquête par les instances nationales comme internationales sur la situation alarmante des enfants employés illégalement dans les mines du Meghalaya, Etat situé dans le Nord-Est de l’Inde.

Lors d'une conférence de presse, le 5 janvier, un groupe international de défense des droits de l’homme et une ONG indienne ont fait savoir qu'au moins 70 000 enfants, essentiellement issus du Bangladesh et du Népal, travaillent dans des conditions inhumaines et dangereuses dans les mines de charbon des Jaintia Hills, un district oriental de l’Etat du Meghalaya, jouxtant le Bangladesh.

Dans cet Etat qui compte une majorité de chrétiens (70 % selon des statistiques locales, dont 24 % de catholiques), les médias d’Eglise ont largement relayé les déclarations des ONG de défense des droits de l’homme.

Bien que l’Inde ait mis en place de nombreux systèmes pour enrayer le travail des enfants, ils restent inopérants dans les Jaintia Hills. Selon l’ONG locale Impulse NGO Network, à l’origine de l’événement médiatique, le Meghalaya ne compte que deux inspecteurs du travail.

Impulse NGO Network a réalisé une mission d’évaluation de la situation des enfants au travail dans les Jaintia Hills du 31 mai au 2 juin derniers, dans trois mines de charbon et a interrogé 45 personnes, dont des enfants qui y travaillaient. La majorité des enfants avaient moins de 14 ans et un jeune garçon de 12 ans leur aurait dit travailler ici depuis l’âge de 8 ans. Des enfants plus âgés ont également confié que des rabatteurs les avaient recrutés en leur mentant sur la réalité du travail qui les attendait et qu’ils étaient partis dans l’espoir d’envoyer un peu d’argent à leur famille.

L'équipe a suffoqué et a dû battre en retraite après s’être engagée dans une excavation minière, creusée à 1.000 m sous la surface. Les enfants travaillent dans des conditions de danger extrêmes, a-t-elle dénoncé, sans aucune mesure de sécurité, descendant dans des boyaux étroits (appelés « trous à rats ») où des adultes ne pourraient se mouvoir, manquant d’oxygène et respirant des émanations toxiques.

Hasina Kharbhih, qui dirige Impulse NGO Network, parle quant à elle de « conditions inhumaines », sans accès aux soins médicaux, eau potable, ni évacuation des eaux usées. Elle affirme également que les propriétaires des mines sont responsables de crimes bien plus graves que l’exploitation illégale d’enfants, notamment lorsqu’ils enferment à titre de punition des enfants récalcitrants dans les mines, provoquant ainsi la mort de bon nombre d’entre eux. Mais aucune statistique de ces morts suspectes ne peut être établies, les mines n’étant pas enregistrées officiellement par le gouvernement de l’Etat.

L'association a envoyé ces cinq dernières années de nombreux rapports sur le sujet au gouvernement fédéral, à la Commission nationale des droits de l’homme, mais à ce jour, rien n’a été fait. Restent impunis le trafic, l’exploitation et les meurtres des enfants au travail dans les Jaintia Hills. Ont été également demandé que le gouvernement indien signe un accord avec le Népal et le Bangladesh, afin de prévenir le trafic des enfants et que les responsables soient poursuivis. Enfin, elles ont déclaré souhaiter que la communauté internationale n’achète plus de charbon en provenance du Meghalaya jusqu’à ce que les propriétaires des mines incriminées cessent de les exploiter par le travail des enfants.

Hasina Kharbhih souligne également une autre infraction dont se rend coupable le Meghalaya, qui consiste à priver les habitants aborigènes de leurs droits – inscrits dans la Constitution indienne –, à exploiter eux-mêmes les ressources minières de leur sol. L’utilisation de main d’œuvre importée, et de plus infantile, est donc doublement illégale.

Malgré le fait que l’Inde soit signataire de la Convention des droits de l’enfant ainsi que de nombreux accords et programmes visant à l’éradication du travail infantile, elle reste l’un des plus importants viviers d’enfants travailleurs du monde, y compris dans ses formes les plus graves. Officiellement, l’Inde reconnaît compter quelque 11 millions d’enfants au travail, tandis que les ONG les estiment à plus de 60 millions. (source : EDA)


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