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du 11 au 14 juin 2010 (semaine 23)
 

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2010-06-14 - Abkhazie
UNE ÉGLISE A LA RECHERCHE D'UN PATRIARCHE


Autrefois république autonome de la Géorgie, l'Abkhazie a fait sécession après la sanglante guerre de 1992-1993 et a proclamé son indépendance en 2008. Pour l'Eglise orthodoxe, le contexte est délicat car elle est rattachée à la Géorgie.

Ce petit paradis terrestre possède une longue histoire. A Soukhoumi, sa nouvelle capital,e se trouve le sarcophage où saint Jean Chrysostome fut déposé à sa mort lors de son exil sur les rives de la Mer Noire, en 407. Comana était alors le nom de ce lieu proche du site de la Toison d'Or. En 438, l'empereur Théodose II fera rapatrier les restes de saint Jean à Constantinople, qui seront déposés dans l'église des Saints Apôtres.

Principauté indépendante, l'Abhkazie disposait au Moyen Age d'une Eglise métropolitaine qui rayonnait jusqu'à Sotchi, aujourd'hui en Russie, et Koutaissi, en Géorgie. L'Abkhazie a été conquise par l'Empire ottoman dès le XVIe siècle, ce qui a entraîné la conversion à l'islam d'une partie de ses habitants.

Dès 1810, la Géorgie passe sous le contrôle de la Russie, mais les montagnes d'Abkhazie ne sont vraiment contrôlées par Moscou qu'à partir de 1864 et la grande défaite des peuples caucasiens musulmans. Après cette défaite, de nombreux Abkhazes musulmans ont fui vers la Russie.

La situation démographique de la République sécessionniste est complexe et contestée. En 1991, les Abkhazes, qui parlent une langue caucasienne, ne représentaient que 17% de la population totale. Aujourd'hui, ils seraient plus de 45%, car près de 250.000 Géorgiens ont fui l'Abkhazie depuis la guerre de 1992-1993.

Les Abkhazes sont majoritairement orthodoxes, même s'il existe aussi une communauté musulmane, et doivent cohabiter avec des Arméniens, des Russes, des Grecs et les Géorgiens quisont restés sur place.

Dans ce contexte délicat, l'Eglise orthodoxe essaie également de se reconstruire, valorisant ses origines anciennes et prestigieuses, et la présence du grand monastère de Novi Afon, le «Nouvel Athos», édifié par des moines russes au XIXe siècle sur un emplacement supposé du martyr de l'apôtre saint André selon des traditions locales.

L'Eglise d'Abkhazie a disposé d'un patriarche-catholicos jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui reconnaissait néanmoins l'autorité du patriarche de Géorgie. Cette Eglise fut ensuite intégrée dans l'Eglise synodale de Russie puis replacée sous l'autorité de l'Eglise géorgienne à partir de 1917. Aujourd'hui, l'Eglise russe ne reconnaît officiellement pas l'indépendance de l'Abkhazie et considère que l'Eglise abkhaze dépend toujours de Tbilissi. Toutefois, l'évêque géorgien de Soukhoumi, est exilé en Géorgie depuis 1993, et l'évêque russe de Maykop (République autonome des Adyguées) assure théoriquement l'administration des paroisses abkhazes.

L'Eglise abkhaze, soutenue par les autorités sécessionnistes, revendique néanmoins l'autonomie. Selon German Marshanya, le principal théologien local, des négociations discrètes seraient en cours entre Moscou et Tbilissi au sujet de l'Eglise abkhaze. Celle-ci ambitionne un statut d'autonomie au sein du patriarcat de Moscou.

Les autorités sécessionnistes souhaitent renforcer le caractère national de l'Eglise. L'actuel président de la République, Sergeï Bagaptch, lui-même de confession orthodoxe, a toutefois rejeté les demandes de l'Eglise, qui aurait voulu bénéficier d'un statut d'Eglise d'Etat.

Si la sécession de l'Abkhazie semble devoir s'inscrire dans la durée, le statut de l'Eglise sera difficile à résoudre, car il est peu probable que le Patriarcat de Géorgie, à Tbilissi accepte d'entériner un détachement du diocèse abkhaze. (information : Orthodoxie)


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