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du 18 au 21 juin 2010 (semaine 24)
 

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2010-06-21 - Sri Lanka
EST-CE UNE PROPAGANDE OU UNE RÉHABILITATION


Le dimanche13 juin, 53 couples formés d’anciens membres présumés du LTTE (Tigres de Libération de l’Eelam tamoul) se sont mariés selon les rites de leur religion, hindoue ou catholique, dans le camp de réhabilitation où ils sont détenus.

La cérémonie collective, orchestrée par l’armée, a été largement commentée par la presse officielle comme le signe manifeste du retour à la paix et de la réhabilitation réussie des anciens rebelles tamouls.

Sur le site Internet de la Sri Lanka Army, les 106 jeunes mariés défilent deux par deux, encadrés par les soldats du camp de réhabilitation, afin d’effectuer l’enregistrement de leur union, qui, selon les autorités militaires, s’est effectué en un temps record (entre 7 h 30 et 8 h 00 du matin). La fanfare de l’armée et des groupes de militaires qui avaient répété des danses, étaient chargés d’assurer l’ambiance festive.

Cet « événement sans précédent » a été « initié et organisé par le Commissaire général pour la Réhabilitation et a reçu le soutien de l’Hindu Congress, du Council for National Unity et de Oneness Organization » nous apprend encore le site, qui souligne que ces organisations ont participé aux frais des noces, dont 10 000 roupies (71 euros) offertes à chaque couple, le banquet, ainsi que les « vêtements et parures nécessaires à un mariage ». Environ 400 personnes ont assisté à la cérémonie à laquelle chaque couple ne pouvait inviter que dix de ses proches.

Une quinzaine de prêtres hindous ainsi qu’un prêtre catholique, le P. Anthony Sebamalai, du diocèse de Mannar, l’un des diocèses les plus touchés par la guerre civile, ont unis, selon leurs rites, les 41 couples hindous et les 12 fiancés catholiques.

A l’issue de la cérémonie, le P. Sebamalai a fait part de la joie qu’il avait eue à célébrer les noces de jeunes couples chrétiens qu’il aiderait à "commencer une nouvelle vie, en accord avec leur foi catholique."Avant leur mariage, les couples chrétiens ont suivi des sessions de préparation au mariage par ce prêtre, qui a exercé son ministère dans la zone des combats, et s'est investi dans la réhabilitation des Tamouls. Il fait partie des rares ministres du culte autorisés à pénétrer dans ces camps.

Très médiatisée, la célébration collective s’est tenue en présence de nombreux officiels, de ministres, ainsi que d’une star de Bollywood, Vivek Oberoi. Aux côtés de Namal Rajapaksa, député et fils du président Mahinda Rajapaksa, l’acteur a fait la promotion de la réconciliation et s’est engagé à reconstruire une école détruite par la guerre dans le nord du pays.

Officiellement quelque 12 000 ex-Tigres présumés, la plupart très jeunes, sont toujours « en rééducation » dans les camps de réhabilitation contrôlés par l’armée et auxquels les ONG ont peu ou pas accès, hormis lors de visites officielles comme celles du mariage collectif du 13 juin.

Un an après la fin de la guerre, les déplacés sont encore plus de 80 000 à vivre dans des camps « civils », où les conditions sanitaires sont en dégradation constante selon les rares ONG encore présentes. Quant aux quelque 300 000 civils qui ont été « réinstallés », ils ont retrouvé des villages dévastés, des cultures détruites et des terrains minés, et ne peuvent survivre qu’avec le soutien des organisations humanitaires.

Certaines ONG dénoncent par ailleurs une « cinghalisation » forcée des populations tamoules, comme dans la région de Vanni où tous les panneaux de signalisation écrits en tamoul ont été remplacés par leur traduction cinghalaise. (source : EDA)
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