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du 22 au 25 juin 2010 (semaine 25)
 

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2010-06-25 - Pakistan
LES LOIS ANTI-BLASPHÈME MOBILISENT LES CHRÉTIENS


Les lois anti-blasphème ont fait une nouvelle victime : le 20 juin, un catholique de 73 ans a été placé en détention et mis en examen pour « blasphème » accusé par un de ses voisins musulman d’avoir insulté le prophète Mahomet.

Rapidement, les catholiques du diocèse de Faisalabad se sont mobilisés pour lui venir en aide. L’incident à l’origine de l’affaire aurait eu lieu il y a trois mois. Situé au Pendjab, le village de Jhandewali compte une petite communauté catholique, forte de 25 familles, qui vivent parmi une majorité de musulmans.

Un différent foncier a opposé Rehmat Masih, 73 ans, à un voisin, Sajid Hameed, ce dernier accusant le premier d’avoir blasphémé contre le prophète Mahomet. Le temps que la plainte suive son cours, ce n’est que le 20 juin que Rehmat Masih a été incarcéré par la police de Faisalabad.

Au Pakistan, les lois anti-blasphèmes prévoient la peine de mort, la prison à vie, ou des peines d’amende, pour tout "emploi de remarques désobligeantes, eu égard au respect du Saint Prophète, écrites ou orales, qu’il s’agisse d’une représentation visible, d’une insinuation, directe ou indirecte, entachant le nom du Saint Prophète Mahomet." Toute profanation du Coran est passible de la prison à vie.

A Jhandewali, les catéchistes et les anciens de la communauté catholique se sont mobilisés pour venir en aide à Rehmat Masih et ils ont fait appel à leur évêque, lequel a chargé sa Commission ‘Justice et Paix’ de tout mettre en œuvre pour assurer sa défense.

Selon le P. Khalid Rashi Asi, vicaire général du diocèse de Faisalabad, « l’accusation portée contre Rehmat Masih est mensongère, le cas a été monté pour camoufler un différent foncier ». Le prêtre ajoute que des élections ont eu lieu dans le village de Jhandewali il y a trois mois et que l’accusé et son accusateur étaient chacun dans des camps opposés. Depuis que l’affaire a éclaté, d’autres villageois catholiques se voient menacés d’être accusés à leur tour de blasphème.

Cela fait des années que différents milieux au Pakistan et à l’étranger dénoncent les lois anti-blasphème et l’usage abusif qui en est fait par des groupes extrémistes et par ceux qui souhaitent régler des comptes personnels.

L'évêque catholique du diocèse, Mgr Max John Rodrigues, commente : "La loi (sur le blasphème) a été introduite par le dictateur Zia-ul-Haq [au pouvoir de 1978 à 1988] et aucun gouvernement, militaire ou démocratique, n’a jusqu’à maintenant réussi à la retirer. Pourtant une grande partie de la société s’accorde à vouloir la supprimer, mais c’est l’opinion de petites fractions extrémistes qui l’emporte."

" L’organe qui a le pouvoir d’agir est le Parlement, où les lois sont approuvées ou abolies. Mais aujourd’hui de nombreux parlementaires ont peur car ils peuvent être pris pour cible par les extrémistes. Le pays, en effet, combat aussi le terrorisme, les homicides ciblés, les attentats contre les institutions et les forces de sécurité."

Les évêques du Pakistan déclarent approuver pleinement une récente résolution du Parlement européen « sur la liberté religieuse au Pakistan », résolution adoptée le 20 mai 2010. Les parlementaires européens écrivent être "profondément préoccupés par le fait que les lois sur le blasphème – qui peuvent entraîner la peine de mort au Pakistan et qui sont souvent invoquées pour justifier la censure, la criminalisation, la persécution et, dans certains cas, les assassinats de membres de minorités politiques, raciales et religieuses – préparent la voie à des abus qui touchent les gens de toutes confessions au Pakistan ." (source : EDA)


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