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du 1 au 5 juillet 2010 (semaine 26)
 

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2010-07-05 - Colombie
CAFÉ, DROGUE ... MAIS AUSSI UNE CHARITÉ QUI SÉPUISE

La solidarité montre des signes de fatigue et c’est l’un des principaux obstacles auxquels sont confrontées les organisations de la société civile qui, en Colombie, s’efforcent de trouver une solution au conflit armé qui déchire le pays depuis 40 ans.

Tel est le message de Milton Mejía, théologien presbytérien colombien. "Pour beaucoup de gens, la Colombie est synonyme de café et de drogue. Ces stéréotypes sont renforcés par un conflit armé qui déchire le pays depuis plusieurs décennies et qui semble s’aggraver un peu plus chaque jour".

Pour lui, le résultat en est que "de plus en plus de gens s’en désintéressent, ils sont fatigués d’en entendre parler."

D’après Milton Mejía, qui est chargé de la coordination de l’Observatoire d’Eglise et société à l’Université réformée de Barranquilla, cet épuisement de la solidarité affecte même les organisations internationales vers lesquelles les Colombiens se tournent pour obtenir de l'aide. De ce fait, les Colombiens ont du mal à faire comprendre à quel point la crise humanitaire qui affecte leur pays est grave et urgente.

Milton Mejía a lancé cet appel lors d'une session du Réseau œcuménique mondial sur la Migration (GEM) du Conseil œcuménique des Eglises (COE), qui a tenu sa réunion annuelle à Genève du 24 au 30 juin. Cette session a discuté essentiellement de ce que les organisations œcuméniques présentes en Colombie considèrent comme la pire crise humanitaire d’Amérique latine et l’une des plus graves au monde.

D’après les statistiques officielles, la violence a contraint 3,2 millions de Colombiens à fuir leur foyer; mais des organisations non gouvernementales parlent de 4,6 millions de personnes. En 2008, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés estimait que 552.000 Colombiens avaient cherché refuge dans d’autres pays.

La situation est complexe puisque le conflit implique les forces armées gouvernementales, des groupes rebelles, des trafiquants de drogue et des unités paramilitaires. Pour les Eglises et les organisations œcuméniques de Colombie, il s’agit fondamentalement d’une crise éthique.

La propagande officielle minimise l’importance du conflit armé dans l’intérêt du monde des affaires, tout en diabolisant l’opposition politique, les défenseurs des droits de la personne et les juges qui enquêtent sur les crimes des paramilitaires. "On nous qualifie tous de sympathisants ou d’avocats du terrorisme - ou d’idiots utiles."

Mais les communautés et les organisations sociales "font de la résistance contre cette logique et s’efforcent de mettre en place des contre-modèles". Même si, ajoute-t-il, "le rêve de construire un avenir meilleur apparaît parfois comme un cauchemar, nous continuons à œuvrer pour atteindre la vérité et la justice et pour obtenir des réparations."

Parmi les partenaires œcuméniques qui œuvrent en Colombie figurent le Conseil des Eglises d'Amérique latine, l’Alliance ACT, le Réseau œcuménique colombien, la Commission "Justice et Paix" et le "Réseau latino-américain pour la migration." (source : COE)

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