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du 1 au 5 juillet 2010 (semaine 26)
 

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2010-07-05
QU'EN EST-IL VRAIMENT DES VOCATIONS EN FRANCE

Dans l'interview que le cardinal André Vingt-Trois, président des évêques de France, accordait au quotidien le Figaro à l'occasion des huit ordinations à Paris qui ont réuni près de quinze mille parisiens, l'archevêque de Paris se voulut réaliste.

Il n'y a pas de redressement en vue selon lui parce que le bassin traditionnel de recrutement des vocations est formé par les familles catholiques. Elles restent une filière importante mais elles se raréfient. Sans compter que de plus en plus de vocations viennent de jeunes convertis. Une situation qui peut réserver des surprises mais qui est, par nature, imprévisible.

Et d'ajouter : " J'ai également fait le point, religion par religion, en France, sur la question des vocations. Il apparaît nettement que la fonction d'imam, de rabbin, de pasteur, de prêtre n'est pas forcément enviée. Toutes les religions ont du mal à recruter."

"Certes, aucune ne vit la crise de l'Eglise catholique dont l'ampleur s'explique notamment par sa surface géographique passée et son quadrillage du territoire mais pour beaucoup de jeunes l'engagement dans une responsabilité religieuse ne va pas de soi. Sauf, précisément vocation ou appel spirituel particulier, certains jeunes brillants hésitent et finissent par s'engager dans une carrière séculière.

" En tout cas, la question du mariage, permis partout, sauf dans l'Eglise catholique, n'est pas en soi un accélérateur d'engagement. Il est plutôt perçu comme un obstacle en moins mais le fait de pouvoir se marier n'est pas un argument essentiel pour le choix d'une voie religieuse."

..." Des mouvements de renouveaux comme les juifs loubavitchs ou les évangéliques rencontrent, sur ce plan, de fortes difficultés matérielles pour subvenir, sans luxe mais de façon décente, aux besoins d'un rabbin ou d'un pasteur mariés avec des enfants."

" L'analyse des réticences à l'engagement dans des milieux fortement intellectualisés comme les juifs du consistoire centrale ou les protestants réformés montre que la sécularisation a un effet puissant sur la décision d'une vocation. Quand il n'y a pas un statut socialement bien reconnu, des perspectives floues de développement, des éléments de qualité tournent finalement le dos.

" Autrement dit, c'est aussi la question du statut du leader spirituel dans une société moderne et sécularisé qui est posée."

..." Quand je circule dans les paroisses, je vois des églises pleines et des gens qui gardent l’espérance et agissent pour faire changer les choses, même s’ils peuvent être confrontés à des situations personnelles difficiles. Quant aux statistiques, nous étions dix quand je fus ordonné en 1969, et en 1983, par exemple, il n’y eut que trois ordinations. L’étiage actuel est bas mais stable."

..." Ce qui est en crise en Occident, c’est la place du prêtre dans la société et sa façon d’exercer son ministère. Aujourd’hui se présentent au séminaire de jeunes hommes qui ont vécu loin de la foi et se sont convertis. Nous ne devons pas rêver de retrouver une situation comparable à celui du XIXe siècle.

" Mais s’engager dans la vie sacerdotale reste toujours une aventure qui repose sur la confiance d’un homme dans l’appel du Christ et dans celui de l’Église."

Faut-il alors s'arrêter aux seules données statistiques diocésaines, quand on remarque par exemple que dans le même temps, à Ars,
9 jeunes Français seront ordonnés prêtres pour les seuls Frères de Saint-Jean. Et il en est ainsi pour les religieux jésuites ou dominicains. (source : CEF)

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