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du 12 au 18 juillet 2010 (semaine 28)
 

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2010-07-18 - Soudan
LES RISQUES D'UNE ÉVENTUELLE SÉCESSION


Les chrétiens du sud du Soudan affirment que la sécession avec le nord du pays serait « magnifique ». Cependant, les responsables chrétiens du nord mettent en garde contre une réaction brutale si le référendum, conduit à l'indépendance.

Ce referendum est prévu en 2011 pourrait en effet conduire à l´indépendance du sud, c´est pourquoi les Églises demandent que les chrétiens du pays soient protégés pour l'après-referendum.

" Il est possible que le gouvernement décide d´adopter des règles islamiques strictes au Nord, dont l´Eglise va gravement souffrir," déclare le pasteur Ramadan Chan Liol, secrétaire général du Conseil des Eglises du Soudan.

Par le référendum prévu pour le 9 janvier, le sud - région riche en hydrocarbures, peuplée majoritairement de chrétiens et de fidèles de religions traditionnelles - déterminera s´il souhaite se détacher du Nord, essentiellement arabe et musulman. Ce référendum est l´une des principales exigences prévues par l´Accord de paix global signé entre le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) et le gouvernement soudanais en 2005 pour mettre fin à une guerre civile de 21 ans.

Pendant la guerre, les Eglises se voyaient refuser les permis et les terrains pour construire. Les missionnaires étrangers étaient harcelés par les forces de sécurité et le clergé ne parvenait pas à obtenir de visas pour voyager hors du pays. Les Églises étaient par ailleurs la cible d´attaques. "Même aujourd´hui, il n´est pas facile de travailler ici. Alors après la sécession, ce sera encore plus difficile", a averti le pasteur Chan.


Les agences humanitaires estiment à près de deux millions le nombre de sudistes vivant encore au nord, pour la plupart à Khartoum, capitale du Soudan. Dans le nord, des chrétiens ont vu leurs maisons et leurs cimetières être rasés. Les chrétiennes sont punies de coups de fouets lorsqu´elles ne couvrent pas leurs jambes et leur visage, comme l´exige la loi islamique.

" Celles et ceux qui vivent dans le nord pourraient être l´objet de représailles après le scrutin. C´est pourquoi il est crucial de mettre en place des mesures pour protéger les chrétiens", déclare également le pasteur Tut Mai Nguoth, de l´Eglise presbytérienne du Soudan.

Après l´accord de paix de 2005, le gouvernement aurait dû rendre l´unité attrayante en mettant fin aux déséquilibres des ressources, aux injustices et à la répression politique, et en développant les services de base. Néanmoins, les responsables d´Eglise regrettent que rien n´ait été fait.

" A quelques mois seulement de l´échéance, il est presque trop tard pour que le gouvernement du Nord puisse faire en sorte que l´unité soit suffisamment attrayante pour les populations du Sud et qu´elles la plébiscitent », a déclaré le pasteur Mai.

Les responsables d´Eglise craignent que le Nord sabote le référendum. Ils ont peur qu´il attise la violence par des groupes interposés, en utilisant les milices du sud et l´armée soudanaise près des frontières.

L´archevêque catholique Paolino Lukudu Loro, de Juba, capitale du Sud-Soudan, observe que les habitants de la région veulent, par ce scrutin, créer un pays. " On sent que la population du Sud-Soudan se prépare au référendum de l´année prochaine, affirme-t-il. Si le peuple veut faire sécession ... il doit être autorisé à le faire." (source : ENI et Misna)

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