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du 12 au 18 juillet 2010 (semaine 28)
 

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2010-07-18 - Indonésie
ATTAQUES D'ÉGLISES ET MENACES DE MORT


De nombreux responsables civils et religieux de l’Indonésie ont demandé au gouvernement d’interdire un groupe appartenant à la frange la plus radicale de l’islamisme et dont l’influence est grandissante.

Le P. Emmanuel Harjito, prêtre du diocèse de Djakarta et directeur des Œuvres Pontificales Missionnaires en Indonésie, ne cache pas son inquiétude : "Nous demandons au gouvernement de les arrêter et de garantir la liberté de culte et de croyance à toutes les communautés religieuses. C’est une question de justice et de respect des droits fondamentaux."

Le groupe radical, connu depuis des années pour ses exactions à l’encontre des minorités et plus particulièrement des chrétiens, a lancé il y a peu une vaste campagne « pour l’application de la charia » et « la déchristianisation du pays ». Fin juin le FPI avait organisé à Bekasi, ville de la banlieue de Djakarta et quartier général du mouvement, un rassemblement de groupes islamiques radicaux. Selon les organisateurs, environ 2 000 militants avaient assisté à l’événement au cours duquel plusieurs « résolutions » avaient été prises afin d’enrayer l’expansion des chrétiens et faire adopter la charia.

Depuis le rassemblement, les violences antichrétiennes se sont multipliées : attaques d’églises et d’institutions chrétiennes ou encore menaces de mort, particulièrement à Bekasi où des affiches sur les murs de certaines mosquées représentent un chrétien la corde au cou, avec ces mots : « Cet homme mérite la mort. » Chapeautant des groupuscules extrémistes, le FPI s’est mis également à entraîner des militants au sein d’unités paramilitaires, toujours à Bekasi, afin de former des milices qui feront respecter la charia et « défendront l’islam contre les chrétiens ».

Quant à la Conférence des évêques catholiques, elle multiplie les déclarations, appelant le président indonésien à agir rapidement en faveur d’une interdiction du FPI. "L’Etat ne doit pas s’incliner devant la violence mais lui opposer au contraire une ferme résistance."

A ujourd’hui la condamnation est unanime concernant « l’approche sectaire du FPI », laquelle nie les principes laïques du Pancasila (les « cinq piliers »), fondements de la société indonésienne contemporaine. « Aucune communauté religieuse ne devrait propager sa foi de façon fanatique, déclare le porte-parole de la Conférence. "Cela ne fait que créer une réaction de fanatisme dans d’autres communautés."

Une réflexion qui laisse apparaître en filigrane les différends qui opposent catholiques et protestants évangéliques au sujet du prosélytisme, qui est une accusation récurrente du FPI envers les chrétiens. Malgré les dénégations des communautés protestantes qui œuvrent dans la région de Djakarta, le mouvement islamiste continue d’affirmer que les chrétiens pratiquent les conversions forcées et organisent des cérémonies de baptêmes collectifs.

Les deux plus importantes organisations islamiques du pays, la Muhammadiyah et la Nahdlatul Ulama (NU) ont demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités et de prononcer la dissolution du FPI, au nom de la laïcité de l’Etat.

Ce dernier point rejoint les conclusions du Forum interreligieux des jeunes (composé de musulmans, protestants, catholiques, bouddhistes, hindous, confucéens) lequel prédit un grave conflit interreligieux dans tout le pays si toutes les organisations religieuses « n’unissent pas leurs forces » afin que soit respecté le Pancasila et que ne soit pas « donnée à des groupes extrémistes la possibilité de contester les lois de l’Etat ». (source : EDA)

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