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du 1 au 7 août 2010 (semaine 31)
 

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2010-08-07 - Thaïlande
LE RAPATRIEMENT DES TRAVAILLEURS CLANDESTINS

Dans une lettre ouverte au Premier ministre thaïlandais publiée le 19 juillet, plusieurs ONG et, avec eux, l’Eglise catholique s’inquiètent du rapatriement forcé en Birmanie des travailleurs clandestins kachin.

Cette lettre rendue publique demande également qu'il soit enquêteé sur les persécutions dont ils sont victimes, une fois de retour dans leur pays. Dès leur arrivée, ils y ont été dépouillés par le groupe militaire Democratic Karen Buddhist Army (DKBA), une milice karen ralliée à la cause de la junte. Les femmes kachin se retrouvent piégées dans des réseaux de prostitution tandis que les hommes sont contraints de devenir porteurs dans l’armée birmane ou de travailler pour des trafiquants.

Parmi les ONG signataires de la lettre figurent Human Rights Watch, et Thai Labour Solidarity. o

Dans un contexte tendu en raison des élections générales prévues à l’automne prochain, la répression de la junte envers les minorités et les opposants au régime ne cessent de croître, et, pour la seule année 2009, les persécutions militaires exercées dans l’Est du pays (régions shan, kachin et karen) ont provoqué le déplacement de plus de 100 000 personnes.

Les rapatriements par Bangkok de migrants ou de réfugiés ayant fui le régime de la Birmanie se sont accélérés au cours de l’année 2010. Auparavant considérée comme une terre d’accueil privilégiée par de nombreux migrants d’Asie du Sud-Est, la Thaïlande a durci progressivement sa politique d’immigration.

En février dernier, la Thaïlande avait rapatrié de force, près de 3 000 Karens qui avaient fui en 2009 les exactions de l’armée birmane. "La mise en place par le gouvernement, de mesures pour ‘purger’ le pays des travailleurs clandestins n’a pas seulement échoué à réduire l’immigration irrégulière (...) mais a également eu pour conséquence de faire commettre de graves violations des droits de l’hommes par les autorités comme par les employeurs, à l’encontre des migrants, qui sont en réalité les principaux piliers de la croissance économique de la Thaïlande" constate le P. Rangsiphol Plienphan, du secrétariat du diocèse de Nakhon Sawan.

Des convois de camions chargés de Birmans expulsés sont devenus un spectacle familier à Mae Sot, principal poste frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, et la soeur Vinitchop qui dirige l’école Santhawamaitri Suksa tenue par les sœurs de Saint-Paul-de-Chartres, dans cette ville-frontière, commente ainsi la situation des immigrés. "Les migrants, dielle, sont complètement au ban de la société thaïlandaise, sans accès aux services publics comme la santé ou l’éducation, et sans reconnaissance d’aucun droit, même essentiel ."

Parmi ces migrants, les Kachin (Kayin) forment un ensemble d’ethnies de langue tibéto-birmane, présentes surtout dans le nord-est de la Birmanie (où ils sont estimés à un peu plus d’un million), le sud de la Chine (Yunnan) et le nord-est de l’Inde.

Selon le gouvernement birman, 57 % des Kachin de Birmanie sont bouddhistes, 36 % sont chrétiens, les autres appartenant à diverses religions. Le catholicisme fut introduit chez les Kachin par les prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP) il y a plus de 150 ans.

La Constitution de 1947 avait fait de l’Etat Kachin une unité semi-autonome dans l’Union fédérale birmane, mais elle fut abolie en 1962. (source : EDA)


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