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du 22 au 25 août 2010 (semaine 34)
 

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2010-08-25 - Ouganda
NOUS VOULONS RENAÎTRE, NOUS RASSEMBLER ET VIVRE

"À présent, les rues sont animées par le va-et-vient des gens dans les villages de la région, même en pleine nuit. C'est un territoire qui recommence enfin à vivre après de longues années de guerre et d'atrocités".

L'évêque de Gulu au nord de l'Ouganda, Mgr John Baptist Odama, a déclaré à l'agence missionnaire "Misna", ce que sont les défis et les problèmes qui grèvent encore le pays. "À présent, les rues sont animées par le va-et-vient des gens dans les villages de la région, même en pleine nuit. Les femmes ne courent plus se cacher dès qu'elles aperçoivent un militaire.

" C'est un territoire qui recommence enfin à vivre après de longues années de guerre et d'atrocités", dit l'évêque pour décrire la nouvelle atmosphère qui règne dans la zone, où "les derniers camps de déplacés causés par les rebelles de l'Armée de résistance du seigneur (Lord’s resistance army, Lra) viennent d'être démantelés et ça, c'est une bonne nouvelle, mais la peur est restée dans les yeux et dans les souvenirs des gens".

Située sur le territoire dans la ligne de mire des rebelles jusqu'en 2007, l'agglomération de Gulu est essentiellement peuplée de membres de l'ethnie Acholi à laquelle appartiennent également la plupart des combattants de la Lra et de leur chef suprême, Joseph Kony, actuellement recherché par la justice internationale pour crimes de guerre et contre l'humanité.

"Les habitants riverains ont dû non seulement subir les horreurs de la guerre, les pillages et l'insécurité mais surtout le fait que ces souffrances soient causées par des membres de leur propre ethnie", observe Mgr Odama, élu en 2010 président de la Conférence épiscopale ougandaise.

Mais il lui faut ajouter : "Si la situation s'est améliorée depuis quelques temps, c'est parce que les rebelles sont passés de l'autre côté de la frontière, au Sud-Soudan, au Centrafrique et au Congo. Le Nord-Ouganda reste un territoire extrêmement pauvre, dénué des services de base et des fondements pour son développement économique et social". Lors de sa récente rencontre avec le vice-président du Sud-Soudan, Riek Machar, Mgr Odama a proposé "une solution régionale à un problème devenu régional".

En effet, le plan adopté le mois dernier par le sénat américain concernant une intervention indéterminée des États-Unis pour éradiquer le phénomène Lra est loin de rassurer la population. "Si d'un côté, nous sommes contents que les choses bougent, de l'autre, nous craignons que ce ne soit pas le bon moyen pour trouver une solution et nous rejetons à priori le recours à l'option militaire qui replongerait cette partie du pays dans l'insécurité en un moment décisif pour sa reprise", précise Mgr Odama.

Dans les villages, nombreux sont les hommes jeunes et les femmes de tous âges qui portent encore les signes tangibles, de par leurs mutilations et cicatrices, d'un terrible passé. Mais c'est néanmoins l'envie de tourner la page, d'oublier les souvenirs douloureux du passé qui transparaît le plus dans les marchés et les fêtes organisées à l'occasion de l'Assomption par les diocèses de Gulu et de Lira et auxquelles des milliers d'habitants ont participé par des chants et des danses qui se sont poursuivis jusqu'à la nuit tombée.

"Nous avons tellement souffert – conclut le religieux – que nous ne manquons plus la moindre occasion de nous rassembler et de profiter de la vie". (source :
Misna)

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