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du 13 au 16 septembre 2010 (semaine 37)
 

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2010-09-16 - Inde
CETTE CONDAMNATION EST UNE LUEUR D'ESPOIR

Le député hindouiste Manoj Pradhan a été reconnu coupable de meurtre lors des pogroms antichrétiens de 2008. Cette condamnation est « une lueur d’espoir » face à la toute puissance du politique, déclare le P. Dibakabr Parichha.

Le P. Dibakabr Parichha
est avocat auprès des tribunaux spéciaux de l’Orissa. Manoj Pardahan, député au Parlement de l’Orissa de la circonscription de G. Udayagiri du district du Kandhamal pour le BJP (Bharatiya Janata Party, Parti du peuple indien), a été condamné à six ans de prison ferme pour meurtre, jeudi 9 septembre, par l’une des cours spéciales mises en place pour juger les responsables des violences antichrétiennes de 2008.

Le parlementaire doit s’acquitter également d’une amende de 15 500 roupies (250 euros) pour incendies d’habitations appartenant à une minorité et incitation à la violence communautariste. Une peine peu sévère mais qui touche celui qui est devenu le symbole même pour la communauté chrétienne de l’impunité totale dont jouissent les auteurs des attaques, pour peu qu’ils appartiennent à la sphère politique ou administrative du pays.

Accusé d’être l’un des principaux instigateurs et auteurs des violences de 2008, le parlementaire avait échappé jusqu’à présent aux condamnations, malgré les nombreux chefs d’accusations auxquels il devait répondre, parmi lesquels une trentaine d’assassinats, des incendies criminels, des pillages et incitations à la violence et au meurtre.

Emprisonné dès octobre 2008 pour sa responsabilité dans les pogroms antichrétiens, il s’était néanmoins présenté aux élections d’avril-mai 2009 et avait été élu au parlement de l’Orissa. Après être sorti de prison en juillet, il avait été au cours des mois suivants progressivement blanchi de toutes les accusations qui pesaient contre lui, « faute de preuves suffisantes ». Des centaines de témoins avaient été cités dans les affaires le concernant, mais la plupart d’entre eux ne s’étaient pas présentés, les rares à comparaître faisant état de menaces de mort des groupes hindouistes à leur encontre.

C’est la deuxième condamnation pour meurtre prononcée contre le parlementaire : le 29 juin dernier, il a été reconnu coupable, ainsi que l’un d’un ses complices, du meurtre de Parikhita Nayak, un autre chrétien dalit du district du Kandhamal. A la différence des autres procès où les témoins n’avaient pas osé se présenter, celui-ci avait soulevé l’émotion populaire avec le témoignage de Lipsa, fille de la victime, âgée de 6 ans, qui avait reconnu formellement le leader hindouiste comme étant la personne qui avait torturé et massacré son père devant elle et sa mère.

Au cours de l’audience qui s’était tenue le 12 mars 2010, la petite fille, qui n’avait que 4 ans au moment des faits, avait maintenu son témoignage devant un tribunal qui l’avait soumise à un interrogatoire poussé de 90 minutes.

Il y a une quinzaine de jours, Mgr Raphael Cheenath, archevêque catholique de Cuttack-Bhubaneswar, dressait dans une déclaration, publiée conjointement avec le Forum des minorités de l’Orissa, le triste bilan de l’action du gouvernement de l’Orissa. Il reprochait aux autorités, plus de deux ans après les crimes, de ne pas avoir jugé les coupables, protégé les témoins, indemnisé les victimes, réhabilité les déplacés, ni mis en place les conditions d’un apaisement des conflits.

On estime à l’heure actuelle que les violences antichrétiennes de 2008 en Orissa ont fait plus d’une centaine de morts, déplacé près de 50
.000 personnes et détruit des milliers de maisons, lieux de culte et institutions. (source : EDA)

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