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du 1 au 4 octobre 2010 (semaine 40)
 

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2010-10-04 - Inde
CELA RÉSONNE COMME UNE SONNETTE D'ALARME


"Le verdict, avec la disposition de partager la zone disputée en entre les hindous et les musulmans, a été considéré comme l’unique façon de recréer la paix entre les deux communautés. Mais en fait, il pourrait avoir l’effet inverse".

" La sentence d’Ayadhya, qui organise ce partage, fondée sur le populisme et le compromis politique, pourrait avoir de graves répercussions sur les minorités religieuses en Inde. Les mouvements extrémistes hindous qui ont détruit la mosquée de Babri Masjid en 1992 chantent victoire, et de la même façon revendiquent au moins 3.000 autres sites où s’élèvent des édifices de culte appartenant aux autres minorités religieuses."

C'est le point de vue de John Dayak, un militant indien pour les droits de l’homme et secrétaire général de l’All India Christian Council, un organisme qui réunit des représentants chrétiens de toutes les confessions, en particulier pour la défense des minorités religieuses.

"Le verdict, avec la disposition de partager la zone disputée en entre les hindous et les musulmans, explique-t-il, a été considéré comme l’unique façon de recréer la paix entre les deux communautés. Mais je crois qu’il pourrait avoir l’effet inverse : la Cour, par cette décision, a donné une crédibilité légale, sans preuves historiques ni archéologiques, au mythe hindou du lieu de naissance du Dieu Rama, sur les ruines duquel aurait ensuite été construite la mosquée.

" C’est pourquoi les extrémistes hindous, qui l’on rasée au sol en 1992, considèrent le verdict comme une victoire glorieuse et ont retrouvé leur enthousiasme. Le chef du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh, “Corps National des volontaires”) a déjà appelé tous les militants, lançant une campagne nationale pour construire un magnifique temple au dieu Rama, et plusieurs hommes politiques comme Lal Krishna Advani, du parti nationaliste hindou Baratiya Janata Party, ont déjà donné leur avis favorable ".

"La Cour, dit-il, en acceptant la mythologie hindoue comme un fait réel, ouvre un vase de Pandore qui pourrait avoir de graves répercussions sur les minorités religieuses dans toute l’Inde. Il existe en effet de nombreux autres cas semblables : des territoires disputés entre groupes religieux, pour lesquels les documents d’archives et les preuves archéologiques sont insuffisants. Il y a au moins 3.000 édifices de culte appartenant à des communautés religieuses minoritaires, qui selon le RSS auraient été construits sur les restes de temples hindous.

" La sentence ne tient pas compte de la loi selon laquelle le terrain d’un édifice religieux – temple, mosquée ou église – a été reconnu et établi pour toujours à partir du moment de l’Indépendance de l’Inde le 15 août 1947, et selon laquelle personne ne peut usurper le lieu ou l’édifice d’une autre communauté religieuse."

" Le verdict d’Ayodhya, rappelle Dayalconstitue une sonnette d’alarme pour les minorités religieuses en Inde. Ce qui me préoccupe le plus est de voir que les tribunaux ne décident pas sur la base des preuves ou du droit, mais en considérant les sentiments du peuple. Ce qui donne à la communauté majoritaire, celle hindoue, un pouvoir extraordinaire dans un pays multiculturel comme l’Inde."

Des responsables d'Eglises en Inde se sont joints à d'autres leaders religieux et politiques pour appeler au calme après ce verdict qui a jugé que musulmans et hindous doivent se partager la propriété d'un site religieux que revendiquent vigoureusement et violemment les deux religions. Cette affaire était en attente de jugement depuis plus d'un demi-siècle. (source : ENI et Fides)


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