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du 1 au 4 octobre 2010 (semaine 40)
 

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2010-10-04 - Chine
BENOÎT XVI ET MATTEO RICCI


Le vaticaniste Sandro Magister relève l 'extraordinaire ressemblance entre la méthode missionnaire employée par Matteo Ricci en Chine au XVIIème siècle et le dialogue entre le christianisme et les cultures proposé aujourd'hui par Benoît XVI.

La méthode de l’accommodement, centrale dans l’activité missionnaire de Matteo Ricci, trouve ses racines théologiques dans la pensée de Thomas d'Aquin et d’Érasme de Rotterdam, et dans l'important discours qu’il a prononcé au Westminster Hall de Londres le 17 septembre, Benoît XVI l'a affirmé de la manière la plus nette : "Les normes objectives qui dirigent une action droite sont accessibles à la raison, même sans le contenu de la Révélation".

"Le rôle de la religion dans le débat politique n’est pas tant de fournir ces normes, comme si elles ne pouvaient pas être connues par des non-croyants, poursuit Benoît XVI, que d’aider à purifier la raison et de donner un éclairage pour la mise en œuvre de celle-ci dans la découverte de principes moraux objectifs".

L'exigence d’une corrélation positive entre la foi et la raison est l’un des fondements de ce pontificat. Avant d’être élu pape, le cardinal Joseph Ratzinger avait déjà insisté sur ce point à plusieurs reprises. Par exemple lors de son mémorable débat avec le philosophe allemand Jürgen Habermas à Munich en 2004.

À cette occasion, il avait déclaré que les principes rationnels accessibles à tous devraient être à la base du dialogue entre les cultures et entre les religions. Et il avait fait une allusion à la Chine : "Ce qui, pour les chrétiens, a quelque chose à voir avec la création et le Créateur correspondrait, dans la tradition chinoise, au concept des organisations célestes".

Aujourd'hui, la Chine est l’un des défis les plus colossaux que l’Église catholique soit appelée à relever aujourd’hui. Et pas seulement pour des raisons liées à la liberté religieuse. Un home sur deux vit en Asie orientale.

Et la distance entre la vision occidentale et chrétienne du monde et celle des grandes civilisations orientales – pas seulement la Chine, mais aussi l'Inde et le Japon – est nettement plus grande que celle qui la sépare de l'islam, religion historique qui a d’ailleurs toujours eu beaucoup de points communs avec le judaïsme et le christianisme.

Le défi est encore plus considérable aujourd’hui en ce qui concerne la Chine qui devient une nouvelle superpuissance mondiale. Comme elle l'était déjà dans le passé, dans un zone d'influence qui ne fera que grandir.

Aux XVIème et XVIIème siècles, le jésuite italien Matteo Ricci, a perçu ce défi. Le quatrième centenaire de sa mort a été célébré en 2010 par des expositions, des études et des colloques, y compris en Chine où il est considéré comme une gloire nationale. Par ailleurs son procès de béatification est en cours.

Ricci avait adopté, pour dialoguer avec les gens cultivés du Pékin de son époque, une approche extraordinairement proche de celle que propose aujourd’hui Benoît XVI. Il savait bien que l’Évangile chrétien était une nouveauté absolue, venue de Dieu. Mais il savait également que la raison humaine a, elle aussi, son origine dans l'unique Seigneur du Ciel et qu’elle est commune à tous ceux qui vivent sous le même ciel.

Il était donc convaincu que les Chinois pourraient eux aussi accueillir "les choses de notre sainte foi", si elles étaient "confirmées par l’évidence de beaucoup de raisons".

Pour annoncer la nouveauté chrétienne, il procédait donc graduellement. Il partait des principes de la sagesse confucéenne, de leurs points communs avec la vision chrétienne de Dieu et du monde, pour s’élever peu à peu jusqu’à la nouveauté absolue du Fils de Dieu fait homme en Jésus.

Matteo Ricci ne procédait pas de la même façon vis-à-vis du bouddhisme et du taoïsme, qu’il soumit au contraire à une critique sévère. Un peu comme l’avaient fait avant lui les Pères de l’Église, très critiques envers la religion païenne mais dialoguant respectueusement avec la sagesse des philosophes.

Un livre important a été écrit sur cet aspect génial de l'œuvre missionnaire de Matteo Ricci par l’un de ses successeurs actuels dans la mission : le P. Gianni Criveller, 49 ans, de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères de Milan. Actif en Chine depuis vingt ans, il enseigne au Holy Spirit Seminary College et à l'Université Chinoise de Hong-Kong et il est l’auteur de nombreux essais. Son livre aide à comprendre à la fois comment Matteo Ricci a agi il y a quatre siècles et comment le christianisme peut relever aujourd’hui le défi chinois, en utilisant une méthode qui est celle-là même que propose le Pape actuel. (source : Chiesa)


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