Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 octobre 2010 (semaine 40)
 

-
2010-10-04 -
APRÈS LES ÉTATS GÉNÉRAUX DU CHRISTIANISME


A Lille, plus de deux mille catholiques, viennent de se réunir pour les « Etats-Généraux du Christianisme », une première en France. L'hebdomadaire La Vie en était à l'origine sans qu'ils soient placés sous la responsabilité ecclésiale.

L'idée est significative du malaise, mais aussi de la mobilisation interne, suscités par les crises actuelles. L'une des questions centrales des débats organisés étaient en fait : " Quelle présence chrétienne dans le débat public ?"

Il y avait certes la crise de la pédophilie, il y avait aussi un écho à la polémique estivale entre l'Eglise de France et le gouvernement à propos des Roms.

Mais ces États généraux avaient aussi et surtout une problématique à ambition plus large. Celle dont Benoît XVI vient d'agiter le spectre à Londres : la « marginalisation » des chrétiens dans les sociétés occidentales, quel témoignage peut vivre cette Église marginalisée ?

Une question dont la gravité s'est confirmée en 2010. Elle est alimentée par deux sources différentes, intellectuelle et factuelle. Cela fait longtemps, en effet, que le cardnal Ratzinger Joseph Ratzinger, travaille le thème de la réconciliation entre la foi et la raison, entre la religion et la politique. Le thème de la présence - intelligente - du christianisme dans la société politique est l'un de ses grands combats. Mais cette lutte contre la marginalisation, il ne le mène pas sur un registre " réactionnaire" comme le disent certains mais avec les arguments de la philosophie politique.

La seconde source est très récente. Elle n'est plus seulement dans le monde des idées mais dans les faits. En conséquence immédiate de la crise des prêtres pédophiles. Beaucoup d'observateurs se sont étonnés de l'insistance du Pape à ce sujet en Angleterre. Il en parlé à six reprises en trois jours ! Or, il y a exactement six mois, au plus fort des révélations, le silence prévalait... Le Vatican repoussait la responsabilité de ces affaires sur les prêtres incriminés et sur les évêques.

Ou pensent certains vaticanistes les cardinaux, évêques et services romains n'en informaient pas le Pape de la gravité de la situation, pensant qu'ils étaient capables de résoudre ce problème, au sein de l'Église.

Benoît XVI a inversé la tendance. En deux temps. En mai dernier, au Portugal, il a insisté pour que les catholiques n'aillent pas chercher « en dehors » de l'Eglise, la cause de leurs difficultés. Au Royaume Uni, il a pour la première fois évoqué la responsabilité de l'Eglise, au plus haut niveau. Dans l'avion : « c'est une grande tristesse, une tristesse aussi que l'autorité de l'Eglise n'ait pas été assez vigilante et pas suffisamment rapide, ferme, pour prendre les mesures nécessaires ». Et devant les évêques anglais : ces « abus honteux (...) minent gravement la crédibilité des responsables de l'Église ».

Dès lors et à partir de ces constatations, deux questions se posent. Pourquoi une si lente gradation dans la réponse de l'Eglise ? Il apparaît que la crise de confiance, fortement ressentie à la base, dès cet hiver, est enfin et aujourd'hui seulement palpable au Vatican où l'on mesure, avec douleur, l'ampleur de la perte de crédibilité. Et une seconde question : En pointant la responsabilité de "l'autorité" de l'Eglise, Benoît XVI n'est-il pas en train d'affaiblir l'institution et accélérer la marginalisation redoutée ?

Mais de quelle Église s'agit-il ? de l'Église, lourde structure hiérarchique ou le Corps mystique du Cirts en ses fidéles et en son sacerdoce ?

En route vers l'Ecosse, Benoît XVI a répondu aux journalistes en confirmant sa stratégie pastorale. Elle n'est pas fondée sur la quantité, mais la qualité de l'Eglise catholique : " Je dirais qu'une Eglise qui cherche surtout à être attirante ferait déjà fausse route. Parce que l'Eglise ne travaille pas pour elle-même, elle ne travaille pas pour croître en nombre et ainsi augmenter son pouvoir. L'Eglise est au service d'un Autre, elle n'est pas utile pour elle-même, pour être un corps fort, mais pour rendre accessible l'annonce de Jésus Christ (...) l'Eglise ne recherche pas à être attirante, mais elle doit être transparente pour Jésus Christ ».

Comme si le pape, en mettant en cause l'autorité hiérarchique de l'Eglise, assumait le risque d'une marginalisation à court terme pour mieux restaurer sa crédibilité spirituelle à long terme. (source : La Croix)


Retour aux dépêches