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Du 13 au 15 octobre 2010 (semaine 41)
 

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2010-10-15 -
LES CINQ POINTS D'INSISTANCE DU SYNODE

Durant cette première semaine, les diverses interventions des "Pères synodaux" comme des "invités fraternels" ont repris les cinq points d'insistance du synode, en leur apportant précision, amplification et nuances.

A propos de l'émigration,les chiffres donnés sont impressionnants, même s'il ne s'agit que d'estimation car les évaluations sont difficiles à cerner tant au sujet des départs que des travailleurs migrants temporaires.


Quoi qu'il en soit les chiffres de l’émigration chrétienne hors du Moyen-Orient sont éloquents, tant elle est massive et diverse. " Plus de la moitié des Palestiniens, en majorité chrétiens, vivent hors du Moyen-Orient. Ils sont ainsi plus de 300 000 au Chili. La moitié des chaldéens, soit environ 400 000, ont récemment fui l’Irak, en raison de la guerre."

Ce fait ne date pas d'aujourd'hui certes. En un siècle, la Turquie est passée de 25% à 0,13% de chrétiens. Mais aujourd'hui cette hémorragie devient un appauvrissement culturel, car les chrétiens, par leurs institutions (écoles, hôpitaux, universités) ouvertes à tous, sont des facteurs de dialogue et de contact entre les communautés. Leur exil entraîne donc un véritable appauvrissement culturel.

Dans les pays d'accueil se posent de nombreux problèmes et le Synode devra mesurer les conséquences canoniques de cette émigration massive. Parfois, les diasporas sont plus importantes que les communautés d’origine ; les patriarches demandent un droit de juridiction universelle leur permettant d’établir une hiérarchie hors de leur territoire, à l’instar des Églises orthodoxes.

Il en est de même, d'une autre manière, de l'immigration chrétienne importante vers le Moyen-Orient, en provenance d’Asie du Sud-Est : Kerala, Sri Lanka, Philippines Les Églises locales n'existent pas en pays musulmans, ou bien relèvent de patriarcats multiples, catholiques ou non. Ce qui rend difficile toute pastorale adaptée aux fidèles si divers par leurs origines, leurs rites et leur culture chrétienne.

Deuxième élément des analyses du Synode : l'Islam. C'est un dossier extrêmement sensible. Les propos du Pape à Ratisbonne ont eu des conséquences allant jusqu'à des églises brûlées.

Par ailleurs, la population musulmane fait très vite l’amalgame entre Occidentaux, chrétiens et « croisés ». Juridiquement, le problème est le respect de la liberté religieuse, et de l’État de droit, dans les pays. Mais comment vivre une laïcité positive dans un tel contexte. " Le dialogue avec l’islam est indispensable pour travailler ensemble au bien commun.

Mais les patriarches des Églises orientales reprochent à Rome un certain irénisme dans le calme des bureaux romains. Mgr Joseph Kallas, évêque de Beyrouth et de Byblos pour les melkites, avance : "On ne change pas le monde musulman en le matant, mais en le développant socialement et culturellement. Il faut développer la fraternité et ce n'est pas l’unité des administrations ecclésiales qui est à même de résoudre une telle situation."

D'autant qu'est difficile la Communion, même entre les Église catholiques romaines, entre elles comme avec les instances ocidentales.

Les Églises d’Orient, souvent plus préoccupées de marquer la différence avec le voisin que de réaliser des actions communes, ont peine à dépasser leurs particularisme, soucieuses qu'elles ont de maintenir la richesse de leurs traditions. " Avoir cinq évêques catholiques dans la même ville, pour de petites communautés, est un handicap", dit Mgr Sako, évêque de Kirkouk en Irak.

Et, par ailleurs, de l’Occident, « elles n’attendent surtout pas des leçons ! » L'instrumentum laboris propose que « tous les cinq ans, une Assemblée rassemble l’ensemble de l’épiscopat au Moyen-Orient ».

L'oecuménisme est une insistance. Dans la plupart des cas, il se pratique au quotidien, un véritable « œcuménisme populaire » entre catholiques et orthodoxes. Mais ce n'est pas le cas partout, comme par exemple, en Égypte, où la situation est tendue entre la petite minorité copte-catholique et les millions de coptes-orthodoxes, eux-mêmes discriminés par rapport à l’islam dominant.

Jérusalem et le conflit israélo-palestinien est un dossier sensible, très politique, focalisé sur la Terre sainte, où les chrétiens sont souvent pris en tenailles entre les deux protagonistes. L'intervention du rabbin David Rosen l'a exprimé avec franchise et lucidité. En Israël, les difficultés quotidiennes des Palestiniens chrétiens, pour aller et venir, se soigner, éduquer leurs enfants ou simplement aller prier à Jérusalem, restent une blessure ouverte.

Ce bilan est celui qu'on peut pressentir au terme de la première semaine, mais les carrefours et les discussion directes entre les participants du Synode en préciseront les contours. Il est difficile de dire comment. Un Père synodal faisait remarquer en souriant. "Quand on veut discuter entre nous, nous parlons arabe. Nous sommes sûrs de la discrétion dans ces bureaux plus habitués à l'anglais ou au latin..." (source : presse)


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