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Du 16 au 19 octobre 2010 (semaine 42)
 

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2010-10-19 - Burkina Faso
L'ÉGOÏSME DANS LES TURBULENCES POLITIQUES


Présent à Ouagadougou dans le cadre de la 4ème édition des Semaines sociales du Burkina-Faso, Mgr Laurent Pasinya Monsengwo, archevèque de Kinshasa, déclare : " C'est l'égoïsme qui fait le lit des turbulences politiques".

Mgr Monsengwo est connu pour avoir présidé le Haut- Conseil de la République/Parlement de transition (HCR/PT) et la Conférence nationale souveraine (CNS) de son pays.

Dans le cadre des Semaines sociales du Burkina, dont il est le coparrain, il a évoqué le mercredi 13 octobre, comment concilier foi et politique, en parlant de la situation dans son pays et dans la région des Grands-Lacs, situation qui cause des turbulences politiques en Afrique.

Pour lui, il faut que "les hommes politiques africains sachent qu'ils doivent poursuivre le bien commun et que la justice et la paix ne viendront que s'ils se rappellent que les biens de la terre ont une destination universelle et que tout le monde devrait pouvoir en bénéficier ."

"Ce n'est pas ma première visite au Burkina. C'est plutôt la deuxième. Je suis venu une première fois en 1997, notre association panafricaine des exégètes catholiques voulait faire un hommage au cardinal Paul Zoungrana pour le bien qu'il avait accompli au niveau de la Conférence épiscopale panafricaine. Nous sommes venus donc nous réunir à Ouagadougou en 97 sur le thème "l'Eglise famille de Dieu, perspective exégétique".".

" J'avais été agréablement surpris lors de ma première visite parce que, lorsque je suis arrivé à l'aéroport, c'est l'abbé Compaoré qui m'a accueilli, qui m'a amené au séminaire dont il était le recteur à l'époque et il m'a dit de laisser mes bagages dans la voiture parce que personne ne viendra y toucher. J'ai donc laissé ma valise, ma mallette diplomatique qui contenait de l'argent et tous mes papiers dans la voiture mais je n'étais quand même pas tranquille parce que si on me volait mes papiers cela allait me poser des problèmes."

" Il m'a rassuré que personne n'y toucherait et il a laissé la voiture entièrement ouverte. Nous sommes allés au réfectoire prendre un pot qui a duré environ une heure et nous sommes revenus. Personne n'avait touché ni à la voiture ni à ma valise. Cela m'a marqué."

A la question d'un journaliste : " Pensez-vous réellement que la doctrine sociale de l'Eglise est compatible avec l'engagement politique du chrétien ?", l'archevêque de Kishasa répond : "Je suis convaincu que l'engagement politique du chrétien se marie harmonieusement avec la doctrine sociale de l'Eglise. Si le chrétien veut être cohérent dans sa foi et s'il veut avoir comme référence la doctrine sociale de l'Eglise, il y a des chances qu'il réussisse dans sa vie parce que cette doctrine qui a comme source : la révélation chrétienne, la raison humaine et spécialement l'expérience de l'Eglise, est adressée à tout le monde car elle se base sur la loi naturelle."

" Si on la suit, il y a moyen que même des gens qui ne sont pas chrétiens, des musulmans ou des gens de la religion traditionnelle dirigent bien leur Etats et leur pays."

A la question : " S'engager politiquement est une tentation..." il répond :" , Ce n'est pas s'exposer beaucoup plus à la tentation. La chose politique, ce n'est pas l'enfer, c'est le service. Si tout le monde allait en politique pour servir, il n'y aurait pas de raison de croire que c'est l'enfer. Il suffit que le chrétien soit cohérent avec sa vie chrétienne pour que les mauvaises pratiques de la politique ne soient pas les siennes."

" Il y a bien sûr des difficultés dans la vie politique mais rien n'est simple dans la vie. Il y a naturellement des difficultés partout même dans la vie des professeurs, des prêtres, dans la vie matrimoniale, etc. La vie politique demande certes une certaine compétence, un certain charisme et une certaine habileté pour s'y engager mais ce n'est pas l'enfer."

" De plus la politique se fait à plusieurs niveaux : il y a la magistrature suprême, il y a ceux qui font les lois, il y a ceux qui sont au gouvernement et il y a aussi la société civile, qui gèrent tous la politique. C'est un concept polyvalent et des tâches multiformes mais qui s'harmonisent grâce au fait qu'ils ont une même finalité qui est celle du service de la Nation."

" Il y a plusieurs façons de faire la politique. Au temps d'Aristote, il y a avait ceux qui faisaient la politique mais en définissant le rôle et la tâche politiques. Actuellement il y a les politologues qui définissent aussi la politique et la pratique de la politique. Il y a en plus ceux qui prennent le pouvoir et qui l'exercent. Les évêques, les hommes d'Eglise ayant pour mission de veiller à ce que la société, le peuple qui leur sont confiés, n'aient pas de danger futur, ils doivent parler des questions politiques qu'ils examinent sous le regard de la doctrine de l'Eglise. Mais de là à prendre le pouvoir pour l'exercer, non, ce n'est pas leur rôle."

" Je suis parfaitement heureux dans ma fonction ecclésiastique et je reste persuadé que c'est mille fois mieux que le pouvoir politique. Mais je respecte les hommes politiques parce qu'ils exercent une fonction où l'on peut se sanctifier, parce qu'ils s'occupent de tous les biens de la population mais ce n'est pas une vocation pour laquelle je militerais étant donné que je n'ai pas été appelé à cela mais plutôt à autre chose." (source : Allafrica)


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