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Du 20 au 23 octobre 2010 (semaine 42)
 

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2010-10-23 -
24 NOUVEAUX CARDINAUX AUX MESURES DU PAPE.
Par Sandro Magister.

Koch, Ravasi, Burke, Amato, Ranjith... tous très en ligne avec Benoît XVI. Qui, en l'honneur de la grande musique sacrée, confère aussi la pourpre au maestro Bartolucci. Peut-être avec une pensée secrète pour son frère Georg.

À la veille du dimanche du Christ-Roi, fin de l'année liturgique, l’Église catholique aura 24 nouveaux cardinaux. Benoît XVI a annoncé leurs noms à la fin de l'audience générale du mercredi 20 octobre, place Saint-Pierre.

Il s’agit, dans une large mesure, de nominations prévues, certaines étant quasiment obligatoires, comme l’a expliqué dans le quotidien des évêques d’Italie, "Avvenire", l’un des plus fins analystes de ce qui se passe au Vatican, Gianni Cardinale, dans deux commentaires reproduits ci-dessous.

Mais certaines des nominations annoncées comportent aussi des points originaux, propres au pape actuel.

Le premier est la volonté de Benoît XVI de maintenir le nombre de cardinaux électeurs - ceux qui ont le droit de vote en conclave - en dessous de 120. Ce qui a pour effet de restreindre le nombre de prétendants et de bénéficiaires de la pourpre. Par exemple la pratique consistant à élever au cardinalat les nonces des capitales les plus prestigieuses - Paris, Vienne. Lisbonne, Madrid, Berlin, Washington - est tombée en désuétude.

Un second point typique de l'actuel pontificat est la règle qui veut que l’on ne fasse pas cardinal l'archevêque d’un diocèse si son prédécesseur est vivant et a moins de 80 ans. Cette règle non écrite a été adoptée pour la première fois au consistoire de 2007, à la seule exception de l'archevêque de Gênes Angelo Bagnasco, honoré de la pourpre bien que son prédécesseur Tarcisio Bertone, devenu secrétaire d’état au Vatican, ait eu 73 ans à ce moment-là.

Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’exception. C’est ainsi que, en ce qui concerne l'Italie, ont été privés de pourpre les archevêques de Florence, Giuseppe Betori, et de Turin, Cesare Nosiglia, deux sièges épiscopaux qui, comme Milan, Venise, Bologne, Gênes, Naples et Palerme (plus Rome avec le cardinal vicaire du pape), sont traditionnellement confiés à des cardinaux.

Une troisième nouveauté du prochain consistoire - elle est sans précédents - est que seront promus au cardinalat non pas des archevêques en charge d’un diocèse, mais leur prédécesseur "émérite". C’est le cas des archevêques en retraite de Quito et de Lusaka.

Enfin c’est certainement Benoît XVI en personne qui a choisi les quatre nouveaux cardinaux âgés de plus de 80 ans, nommés "ad honorem".

C’est Paul VI qui interdit, en 1970, le vote en conclave des plus de 80 ans. Mais lors de ses trois consistoires suivants, ce pape ne nomma aucun cardinal âgé de plus de 80 ans. Les premières nominations de ce genre furent faites en 1983 par Jean-Paul II, qui donna alors la pourpre au théologien Henri de Lubac. Le pape Karol Wojtyla créa en tout 22 cardinaux de plus de 80 ans. Benoît XVI en a déjà créé 12.

L’un des quatre nouveaux cardinaux "ad honorem" du prochain consistoire sera Domenico Bartolucci, 93 ans magnifiquement portés, ancien directeur "perpétuel" du chœur de la chapelle Sixtine qui accompagne les liturgies du pape.

La pourpre que Benoît XVI lui conférera apparaît comme une spectaculaire réhabilitation de ce très grand maître de la musique liturgique grégorienne et polyphonique, traîtreusement chassé de la direction de la chapelle Sixtine en 1997 par les responsables des cérémonies pontificales de l'époque.

Il est regrettable qu’à partir de ce moment-là, sans lui, le chœur de la chapelle Sixtine soit descendu à un niveau pitoyable. On espère qu’il va connaître une vraie renaissance avec la nomination comme directeur, il y a quelques jours, du salésien Massimo Palombella, protégé du cardinal secrétaire d’état.

Lundi prochain, 25 octobre, dans la salle académique de l’Institut Pontifical de Musique Sacrée, place Sant'Agostino à Rome, le maître Bartolucci sera également honoré par la fondation Pro Musica e Arte Sacra, de même que le frère de Benoît XVI, Georg Ratzinger, autre passionné de musique liturgique.

Et ce sera comme si la pourpre conférée au premier honorait aussi le second. Le fait n’est pas hors du commun, si l’on se rappelle que Léon XIII, lors de son premier consistoire, en 1879, fit cardinal son propre frère, Giuseppe Pecci, jésuite et vice-bibliothécaire de la Sainte Église Romaine. (source : Chiesa)


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