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Du 31 octobre au 3 novembre 2010 (semaine 44)
 

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2010-11-03 - Soudan
LES ÉGLISES CRAIGNENT UN MASSACRE


Le pasteur Kobia, ancien secrétaire du Conseil oecuménique des Églises, a averti que les tensions que connaît le Soudan, à l'approche du referendum de janvier 2011, pourraient dégénérer en un massacre similaire à celui du Rwanda en 1994.

Pour le pasteur Samuel Kobia, envoyé spécial de la Conférence des Eglises d´Afrique au Soudan, la sécurité et les droits fondamentaux des Sud-Soudanais vivant au nord du pays sont en danger. Les intimidations et les menaces augmentent à mesure qu´approche le scrutin du 9 janvier.

"Nous savons qu´il est possible que ces gens se fassent massacrer si Khartoum n´est pas satisfait de la tournure que prendra le référendum", a déclaré le pasteur Kobia lors d´une conférence de presse à Nairobi, le 23 octobre. "Nous voulions également tirer la sonnette d´alarme, pour avertir que ce qui se trame pourrait conduire à un nouveau Rwanda. Or nous ne voulons pas que la communauté internationale dise qu´elle ne savait pas car on ne nous a rien dit. Nous voulons qu´elle soit au courant dès maintenant".

Le 9 janvier 2011, le Soudan doit organiser des référendums au Sud-Soudan et à Abyei, région riche en pétrole située entre le nord et le sud du Soudan. A l´issue du scrutin, la population du sud, majoritairement chrétienne et animiste, pourrait faire sécession avec le nord, où la plupart des gens sont arabes et musulmans.

Ce référendum est l´une des conditions de l´Accord de paix global, signé en 2005, pour sceller la fin d´une guerre civile de 21 ans entre le nord et le sud du Soudan, au cours de laquelle plus de deux millions de personnes ont perdu la vie.

L´ancien secrétaire général du COE estime entre 500.000 et 2,5 millions le nombre de Sud-Soudanais vivant dans le nord, beaucoup étant arrivés pendant la guerre civile. Si le Sud venait à opter pour la séparation, les Sud-Soudanais vivant au Nord "ne bénéficieront plus des droits de citoyenneté et n´auront pas accès aux emplois ni aux avantages sociaux; ils ne seront autorisés ni à acheter, ni à vendre sur le marché de Khartoum."

" Nous ne leur donnerons même pas une seringue à l´hôpital", a déclaré en septembre le ministre de l´Information à Khartoum, Kamal Mohamed Obeid, selon un rapport de l´organisation Refugees International.

"J´avais estimé que jusqu´à 95% des électeurs voteraient en faveur de la sécession, affirme le pasteur Kobia."Pour la population du Sud-Soudan, voter en faveur de l´unité signifierait voter pour rester des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Cela signifierait voter pour continuer d´être opprimés par les autorités de Khartoum".

A moins d´une centaine de jours du scrutin, le pasteur Kobia a invité la Communauté internationale à se préparer à ce que le résultat du référendum soit contesté, et à mettre en place des mécanismes permettant de prévenir tout conflit éventuel pour éviter un retour à la guerre. "Nous, les Eglises, nous tiendrons la communauté internationale pour responsable de ce qui se produira", conclut-il. (source : ENI)

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