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Du 31 octobre au 3 novembre 2010 (semaine 44)
 

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2010-11-03 -
UN DIALOGUE QUI EST UN MARCHÉ DE DUPES


Sans tenir compte des nuances données lors des diverses interventions, l´abbé Alain Lorans, de la FSSPX, critique sur le site internet www.dici.org le fait que le Vatican avait invité ayatollah chiite iranien au récent Synode des évêques.

Dans un commentaire publié le 30 octobre sur le site internet DICI (Documentation Information Catholiques Internationales), l´organe de communication de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le responsable de la communication de l´organisation traditionaliste parle de "marché de dupe".

Invité par Benoît XVI à intervenir au cours du Synode pour le Moyen-Orient, l´ayatollah Seyyed Mostafa Mohaghegh Damad, du clergé chiite iranien, avait nié l´existence de difficultés dans les relations entre chrétiens et musulmans en pays d´islam. "Les chrétiens vivent côte à côte et en paix avec leurs frères musulmans, ils jouissent de tous les droits juridiques des autres citoyens et exercent librement leurs pratiques religieuses", avait-il assuré.

Les Pères synodaux avaient tenu à bien préciser le sens des mots : islam, fidèles musulmans, etc ...L´abbé Alain Lorans relève que le religieux iranien avait affirmé "sans sourciller qu´il n´y avait aucun problème, aucune difficulté dans les relations entre islam et christianisme dans aucun pays musulman".

"Ce propos que dément l´exil constant des populations chrétiennes du Moyen-Orient, n´a pas suscité de protestation de la part des évêques présents", a-t-il déploré. M. l'abbé oublie de mentionner que c'est le Pape qui l'a invité et que le Pape s'est tenu solidaire de ces évêques.

" Le cardinal Jean-Louis Tauran, responsable du dialogue interreligieux, a simplement jugé que la déclaration de l’ayatollah était surprenante", regrette l'abbé Lorans.

" Face à cette absence de réaction, (ndlr : du Pape ? des évêques ?) au nom du dialogue interreligieux prôné par Vatican II, il est utile de relire la lettre ouverte adressée, en octobre 2008, à Benoît XVI par Magdi Christian Allam, vice-directeur du Corriere della Sera, musulman converti baptisé par le pape lui-même, dans la nuit pascale 2008.

" Il y déclarait : « Je me demande si l’Eglise se rend compte qu’en n’affirmant pas, et en ne s’érigeant pas comme témoin de l’unicité, du caractère absolu, de l’universalité et de l’éternité de la Vérité dans le Christ, elle finit par se rendre complice de la construction d’un panthéon mondial des religions, où tout le monde considère que chaque religion est dépositaire d’une partie de la vérité, même si chaque religion s’attribue le monopole de la vérité ?

" Pourquoi s’étonner après cela du fait que le christianisme, placé sur le même plan qu’une myriade d’autres croyances et idéologies qui donnent les réponses les plus disparates aux besoins spirituels, cesse de fasciner, persuader et conquérir les esprits et les cœurs de ces mêmes chrétiens qui désertent toujours plus les églises, qui fuient la vocation sacerdotale et plus généralement qui excluent la dimension religieuse de leur vie ».

" Il est grand temps de comprendre qu’un dialogue interreligieux où la réciprocité est absente ne s’appelle pas un dialogue, mais un marché de dupe."
Abbé Alain Lorans

Ce point de vue n'est pas celui de ceux qui vivent sur place, en Irak, et non dans le calme de l'Occident. Au lendemain de l'attentat, l'un d'eux déclare :

" Nous continuons d’affirmer notre désir de vivre avec nos compatriotes musulmans, déclare l'archevêque de Mossoul Mgr Casmoussa. Nous cherchons à dialoguer, à travailler ensemble, à renforcer les courants modérés… Aujourd’hui ou demain, nous célébrerons l’enterrement des sept victimes de Karakosh dans le recueillement.

" Et dans l’espérance, malgré tout. Cela n’efface pas la douleur mais nous ne voulons pas que la rancune remplace l’amour. Jamais ! C’est cela notre force, même si certains la considèrent comme une faiblesse."

Évoquant le dialogue avec les musulmans, le P. Samir Khalil Samir, professeur d'histoire de culture arabe et d'islamologie à l'université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban a rappelé la réalité de cette situation.

" Le chrétien a seulement la permission de prier dans son église, mais ne doit pas témoigner en dehors de sa foi, a-t-il expliqué. "Maintenant, nous disons que cela est inacceptable : nous voulons une société faite de citoyens, un point c'est tout, et pas de druzes, de chrétiens, de musulmans chiites ou sunnites. Nous sommes tous d'accord pour dire que la foi fait partie de la vie sociale. Nous ne le nions pas", a-t-il poursuivi.

" Nous ne voulons pas une société laïque, athée, mais nous voulons dire que la religion est un fait personnel, qui a une incidence sur la société et que nous avons donc le droit, comme les musulmans, de proclamer notre foi" , a ajouté le père Samir.

Quelques jours après la conclusion des 15 jours de réflexion du Synode sur le sort de chrétiens du Moyen-Orient, le P. jésuite a estimé que le travail commençait "maintenant. Il faut « réfléchir » puis « agir » et « non pas le contraire".

" Maintenant.... la phase la plus difficile commence, celle d'apprendre à dialoguer entre musulmans, chrétiens, juifs, athées : apprendre à faire justice, apprendre comment traiter les immigrés, apprendre à accepter le pluralisme.... Comme l'a dit le pape dans le discours final, il s'agit maintenant d'apprendre à capter une polyphonie. Je suis optimiste parce que je suis croyant" estime le P. Samir. (source : DICI et Synode)


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