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Du 31 octobre au 3 novembre 2010 (semaine 44)
 

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2010-11-03 -
MALGRÉ UN IMMENSE SENTIMENT DE TRISTESSE


" C’est un immense sentiment de tristesse qui m’envahit. C’est inhumain. Même les animaux ne se comportent pas ainsi entre eux", a déploré Mgr Shlimoune Wardouni, évêque chaldéen de Bagdad.

"Cet assaut de la police a été mené de manière archaïque, très violente ; ce n’est pas comme ça qu’il fallait agir," s’indignait d’emblée Mgr Basilios Georges Casmoussa, archevêque syrien-catholique de Mossoul, joint par La Croix à Karakosh, ville chrétienne à 400 km au nord de Bagdad.

Selon des survivants, au moment de l’attaque par les forces de sécurité, les terroristes, au nombre de cinq ou six, ont lancé des grenades et fait sauter leurs vestes bourrées d’explosifs.

Le major-général Qassem Al Moussaoui, porte-parole des forces de sécurité à Bagdad, s’est, lui, félicité d’une « opération (…) conclue avec succès », alors que sept policiers ont été tués et quinze autres blessés. Selon un responsable du ministère de l’intérieur, cinq terroristes ont péri et huit suspects ont été arrêtés."

Pour Mgr Casmoussa, ce nombre élevé de victimes ne s’explique que parce que "le gouvernement a voulu en finir rapidement, sans négocier avec les preneurs d’otages".

Ceux-ci avaient lancé leur attaque en faisant d’abord sauter une voiture piégée et en tuant plusieurs gardes armés devant la cathédrale. Selon le P. Yousif Thomas Mirkis, supérieur des dominicains à Bagdad," l’opération avait été préparée de longue date, vu les armes et les munitions retrouvées dans la cathédrale".

Avant l’assaut des forces de sécurité, les terroristes avaient même donné un ultimatum de 48 heures à l’Église copte d’Égypte pour libérer deux épouses de prêtres coptes, soi-disant converties à l’islam et qui seraient « emprisonnées dans des monastères » de ce pays, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE). « Un prétexte fallacieux », juge Mgr Casmoussa persuadé qu’il ne s’agit là que de « racontars ».

Selon lui, c’est plutôt dans le vide politique actuel en Irak qu’il faut chercher une explication à ce nouvel acte de terrorisme visant les chrétiens. "Le manque de volonté politique des dirigeants irakiens laisse le champ libre aux terroristes", poursuit l’archevêque de Mossoul, qui sait que ces attaques visent aussi à intimider les chrétiens et les obliger à fuir leur pays.

" Une grande peur règne dans les cœurs", estime-t-il en constatant que nul n’osait parler de cet assaut hier dans les rues de Karakosh. Les chrétiens redoutent en effet que les retombées de cette affaire n’entraînent d’autres actions similaires.

À Karakosh, ville où réside la plus grosse communauté syrienne-catholique, on attendait l’arrivée des dépouilles d’au moins sept défunts originaires de la ville pour pouvoir les enterrer. Mgr Casmoussa connaissait bien les deux jeunes prêtres tués, tous deux originaires de Karakosh – « ils étaient des amis » .

Les réactions internationales sont nombreuses. Des réactions par des communiqués, on condamne "fermement" cette action terroriste.

Les évêques irakiens espèrent contre toute espérance. "Nous continuons d’affirmer notre désir de vivre avec nos compatriotes musulmans, dit Mgr Casmoussa. Nous cherchons à dialoguer, à travailler ensemble, à renforcer les courants modérés… Aujourd’hui ou demain, nous célébrerons l’enterrement des sept victimes de Karakosh dans le recueillement.

" Et dans l’espérance, malgré tout. Cela n’efface pas la douleur mais nous ne voulons pas que la rancune remplace l’amour. Jamais ! C’est cela notre force, même si certains la considèrent comme une faiblesse." (source : La Croix)


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