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Du 4 au 6 novembre 2010 (semaine 44)
 

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2010-11-06 - Bangladesh
L'ÉGLISE DEVANT LES HARCÉLEMENTS SEXUELS


Appuyés par l'Église et plusieurs ONG, des milliers de collégiens, lycéens et étudiants ont protesté, le 3 novembre dans les rues de Dacca, contre la pratique de l´eve-teasing (harcèlement sexuel) et les violences faites aux femmes au Bangladesh.

Ce rassemblement marquait la fin d´une série de manifestations, qui se sont succédé ces derniers jours, afin de demander au gouvernement de prendre des mesures plus sévères pour stopper le phénomène et offrir une meilleure protection aux femmes. Une démarche appuyée par l´Eglise et les ONG, qui luttent depuis des années contre ce fléau.

Le 2 novembre, alors que se poursuivaient les manifestations dans les grandes villes du pays, la Haute Cour de justice publiait un arrêt sommant le gouvernement de mettre en place, d´ici un mois, un dispositif permettant de réprimer l´eve-teasing. La Cour, qui avait été saisie par l´Association nationale des femmes avocats du Bangladesh (BNWLA), a également chargé le ministère de l´Intérieur, la police et les administrations locales de prendre des mesures préventives et coercitives à l´encontre de cette pratique.

Les responsables des écoles catholiques, qui luttent depuis de nombreuses années avec les ONG de défense des droits de l´Homme pour l´éradication de ce fléau, se sont félicités de la décision de la Haute Cour. "L´eve-teasing est un fléau majeur dans le pays. Une loi réprimant ce délit le fera diminuer quelque peu mais ne pourra complètement le faire disparaître", a cependant nuancé Victor Bikash Rozario, Frère de Sainte-Croix et directeur de l´établissement secondaire de Biroidakuni. Cette pratique ne pourra être éradiquée que par "une forte prise de conscience de la société elle-même, et par un travail d´éducation et de formation morale", a-t-il ajouté.

Ces dernières années, la pratique de l´eve-teasing n´a cessé d´augmenter, particulièrement dans les établissements scolaires, et ce, malgré la présence de policiers en civil patrouillant dans les collèges, la fermeture d´écoles ou encore l´annulation d´examens pour les cas les plus flagrants. Selon la BNWLA, 90 % des filles entre 10 et 18 ans subissent un harcèlement sexuel.

Au Bangladesh, la victime d´agression sexuelle, loin d´être encouragée à chercher justice, est stigmatisée et exclue de la communauté. Il lui est souvent reproché d´avoir provoqué l´agression par son attitude ou une tenue vestimentaire indécente. Ceci bien que les associations de défense des droits de l´Homme aient largement démontré que les femmes qui portaient le voile intégral étaient aussi agressées que les autres.

Face à l´inaction du gouvernement, de nombreuses écoles catholiques du Bangladesh ont déjà pris des mesures afin de prévenir le harcèlement sexuel des écolières. "Nous avons chargé un enseignant de faire comprendre aux coupables qu´ils ont eux aussi des soeurs qui pourraient être victimes", explique le P. Noren Joseph Baidya, directeur du lycée Saint-Louis à Jessore, dans le diocèse de Khulna.

Sr Mary Dipti, de la congrégation Marie Reine des Apôtres, directrice de foyers pour jeunes filles du secondaire à Dacca, a demandé aux parents d´emmener et de raccompagner leurs filles à l´école tous les jours. Dans certains districts du Bangladesh, comme en Inde, des cours d´auto-défense pour les femmes (arts martiaux, karaté, etc.) sont proposés.

Ces dernières années, le Bangladesh a été classé, aussi bien par les Nations Unies que par différentes ONG de défense des droits de l´Homme, parmi les pays où les femmes subissaient le plus de violences. (source : EDA)


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