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Du 11 au 14 novembre 2010 (semaine 45)
 

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2010-11-14 - Pérou
NOUS POURSUIVRONS NOS ACTIVITÉS PASTORALES


"Nous allons bien et nous continuons nos activités pastorales en attendant que la grève finisse et que les juges rendent leur verdict", déclare le P. Maro Bartolini, qui exerce son ministère au cœur de la forêt amazonienne péruvienne.

Le syndicat unitaire des employés de l'administration judiciaire a décidé de poursuivre sa grève à outrance pour revendiquer une augmentation du salaire des travailleurs du secteur, gelé depuis près de 10 ans. La grève de l'administration judiciaire n'est qu'une des nombreuses revendications sociales qui agitent le Pérou, dont la vigoureuse croissance économique n'a pas résolu le problème de la pauvreté diffuse, qui affecte environ la moitié des près de 30 millions de ses habitants.

La protestation indigène de 2009 avait mobilisé les communautés de l'Amazonie contre les politiques d'exploitation intensive des ressources naturelles opérées par le gouvernement, donnant lieu aux graves heurts de Bagua. En revanche, à Yurimaguas, la mobilisation était restée pacifique grâce à la médiation de père Bartolini.

"Nos frères indigènes des rivières Corrientes, Tigre et Marañon dénoncent la pollution et la contamination des cours d'eau par les activités de la compagnie Pluspetrol. C'est un problème de longue date mais qui requiert le plus grand sérieux. Bien qu'il s'agisse d'une revendication juste, personne ne les écoute. Les indigènes crient dans le désert et il ne leur reste qu'à manifester pour défendre leurs droits. C'est vraiment triste", déplore le P. Mario.

"Je crois que la cause de tout ceci – ajoute le missionnaire passionniste, âgé de 70 ans et qui opère au Pérou aux côtés des plus pauvres depuis 35 ans – réside dans le modèle de développement des pays riches, ledit Premier Monde, qui ne considère l'Amazonie que comme une simple mine, un trésor inépuisable où tout le monde peut puiser tranquillement en pillant et en volant les ressources des peuples auxquels l'Amazonie appartient.

" Notre seule chance c'est de nous organiser socialement pour défendre le droit de ces gens à une vie digne et à un environnement sain, sans qu'il soit toujours question d'argent. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire face à ce modèle – affirme le missionnaire –, c'est le cri des pauvres, du Christ et des siens".

Depuis sept ans, le Pérou, grâce à une économie fortement ancrée dans l'exploitation des matières premières, est le premier producteur mondial d'argent, le second de zinc, le troisième de cuivre et d'étain, le quatrième de plomb et le sixième d'or. "Le Pérou progresse en théorie mais en réalité, c'est la concentration des richesses aux mains de quelques uns qui progresse – explique le P. Mario – grâce à un modèle économique qui ne génère qu'injustice.

" Il faut opérer un changement qui ne sera possible que si les chrétiens vivent leur compromis avec le Christ sans laisser de côté la dénonciation des injustices pour ne pas se heurter aux pouvoirs forts". Père Mario et des leaders de la société civile de Yurimaguas, attendent le verdict d'un procès qui les voit imputés pour incitation à la révolte et atteinte à l'ordre public dans le cadre des violences advenues l'an dernier à Bagua.

Le procureur a réclamé pour leP. Mario 11 ans d'emprisonnement et son expulsion du Pérou. "Je reste en liberté conditionnelle. Tous les mois, je dois me présenter aux autorités judiciaires et je ne suis pas autorisé à quitter le district… Mais je continue ma lutte – conclut le P. Mario – avec l'aide du Seigneur". (source : Misna)


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