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Du 23 au 27 novembre 2010 (semaine 47)
 

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2010-11-27 -Vietnam
REPLACER CETTE VISITE DANS SON CONTEXTE HISTORIQUE

Dans une lettre adressée à son diocèse, l’évêque de Kontum explique sa visite pastorale du 7 novembre et la replace dans son contexte historique, soulignant que l’affaire du 7 novembre est loin d’être isolée ou nouvelle dans son diocèse.

Le 9 novembre dernier, un bref récit mis en ligne sur Internet avait alerté l’opinion sur les difficultés rencontrées par l’évêque de Kontum lors d’une visite pastorale effectuée, le 7 novembre, dans trois régions isolées de son diocèse. Beaucoup se sont émus de l’interdit jeté par les autorités de la région sur les célébrations et les assemblées chrétiennes et ont fait connaître leur émotion à Mgr Hoang Duc Oanh, évêque du diocèse catholique de Kontum.

C’est pour répondre à toutes ces réactions que Mgr Oanh s’est résolu à rédiger une lettre adressée à la famille du diocèse, où il retrace les diverses étapes de cette tournée du 7 novembre dernier et les incidents qui les ont marquées. Il précise certains détails et surtout décrit le contexte historique, proche et lointain, qui explique, sans la justifier, l’absence presque totale de liberté religieuse dans certains secteurs de son diocèse.

Il cite un certain nombre d’autres localités où des incidents semblables ont eu lieu. Les autorités locales y interdisent également les assemblées chrétiennes et les célébrations eucharistiques. Pour faire comprendre les raisons des interdits auxquels se heurtent les activités religieuses dans les régions citées, Mgr Oanh en raconte l’histoire à ses lecteurs.

Après la fin de la guerre et l’unification du pays sous le pouvoir communiste, on a cultivé et exalté le caractère révolutionnaire de ces bases, considérées comme des hauts lieux de l’héroïsme et de la pureté doctrinale. C’est dans cet esprit que ces régions ont été baptisées « zones blanches » et, à ce titre, débarrassées de toute survivance superstitieuse et religieuse. Les rites et sacrifices des anciennes religions y sont tolérés, mais le christianisme y est banni.

Il va sans dire que cette situation est en totale contradiction avec l’affirmation de la liberté religieuse inscrite dans la Constitution et les lois, comme dans divers décrets et ordonnances. La politique religieuse adoptée par les autorités dans ces zones blanches s’écarte largement aussi de celle pratiquée dans le reste du pays. Elle conseille, en effet, aux populations minoritaires de garder leurs cultes ancestraux et de s’abstenir de s’orienter vers le christianisme.

La visite pastorale du 7 novembre dernier avait été programmée de telle sorte qu’une messe soit célébrée dans le domicile de fidèles de trois des localités où les manifestations religieuses sont habituellement frappées d’interdiction. En deux endroits, elle a pu avoir lieu, mais a provoqué des réactions des autorités. Quand l’évêque et le groupe de personnes qui l’accompagnait arrivèrent à proximité de la troisième étape de leur voyage, une troupe d’hommes de main de la police, appelés « guérilleros » par l’évêque, leur a barré la route, les obligeant à attendre une autorisation qui n’est jamais venue. Mgr Oanh et ses compagnons durent, finalement, rebrousser chemin.

L’évêque avait pourtant averti les autorités locales de sa visite et leur avait même transmis le programme. Pour preuve de ses dires, il a joint à la lettre adressée au diocèse, une autre lettre adressée en septembre dernier au président du Comité populaire de la province de Gia Lai .

Avec beaucoup de franchise, il mentionnait au responsable provincial l’absence totale de liberté religieuse régnant dans les diverses zones blanches qu’il énumérait. Faute de pouvoir bâtir de véritables lieux de culte dans ces diverses localités, il lui exposait le programme provisoire qu’il comptait mettre en œuvre à partir du mois prochain. Il consisterait à rassembler les catholiques dans des maisons privées où lui ou ses prêtres se rendraient pour faire entendre la parole de Dieu et dispenser les sacrements. Les propriétaires des maisons choisies pour ce rassemblement étaient même désignés par leur nom.

Aucune réponse n’étant venue signifier le refus des autorités, l’évêque avait alors entrepris sa visite pastorale. (source : EDA)


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