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Du 19 au 22 novembre 2010 (semaine 46)
 

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2010-11-22 - Lumière du monde
A COEUR OUVERT AU COIN DU FEU


S’asseoir dans un bon fauteuil, en face du pape, comme jadis devant la cheminée, et le feu qui crépite. Et écouter.

C’est ce à quoi nous convie "Lumière du monde", ce livre d’entretien de Joseph Ratzinger avec Peter Seewald. «Six heures d’entretien, une heure par jour»

Et Peter Seewald dira à la journaliste Gwenola de Cotard : "Je connais Benoît XVI depuis près de vingt ans et le considère comme l’un des plus grands penseurs de notre temps. Il est vraiment différent de ce qu’en disent les médias. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il est encore plus simple, plus humble qu’auparavant, plus doux, plus sage.

" Certes, il a vieilli, son environnement n’est plus le même. Mais la personne n’a pas changé. Ses expressions sont, certes, plus “diplomatiques”, mais on ne trouve chez lui aucune trace de prétention. Il ne corrige pas ses propos et n’a rejeté aucune question. J’aurais aimé creuser encore davantage quelques thèmes mais le temps était limité.

" Il n’a pas choisi les thèmes de nos conversations: c’est moi qui l’ai fait. De même, j’ai fixé les règles. Il les a acceptées."

Cela se ressent à la lecture. Le ton est libre, simple, léger parfois, lorsque Benoît XVI avoue ne pas utiliser le vélo d’appartement prescrit par son médecin, ou apprécier les films de Don Camillo. Mais au fil de la « soirée »,pendant une semaine, la conversation se fait plus profonde, embrassant les enjeux du monde, de l’Église, ou les grandes interrogations spirituelles.

Son regard sur le monde est plein d’espérance, au fait de ses soubresauts, conscient de ses difficultés, de ses joies et de ses peines. Si catastrophisme il y a, c’est du côté de Peter Seewald, qui mène l’entretien, et dont certaines questions finissent par agacer le Pape par leur ton apocalyptique.

Le Pape se prête donc de bonne grâce au jeu des questions pour relire l’ensemble des cinq premières années de son pontificat.

Pas de révélation, mais le sentiment que Benoît XVI a bien senti les incompréhensions, fait remarquer Peter Seewald. Sur l’épisode Ratisbonne, cet aveu: « J’avais conçu et tenu ce discours comme un texte strictement académique, sans être conscient que la lecture que l’on fait d’un discours pontifical n’est pas académique mais politique », puis le constat d’une relance du dialogue islamo-chrétien.

Sur l’affaire Williamson, ce sentiment de ne pas avoir été compris : « Leur excommunication n’avait rien à voir avec Vatican II ; elle avait été prononcée en raison d’une transgression au principe de la primauté. Ils venaient de proclamer dans une lettre leur approbation à ce principe ; la conséquence juridique était donc parfaitement claire....Nous avons commis l’erreur de ne pas étudier et préparer suffisamment cette affaire. »

Sur son pontificat, Benoît XVI rappelle les grands axes : œcuménisme, et notamment rapprochement avec l’orthodoxie, une rencontre entre Rome et Moscou étant de l’ordre du « possible ».

Celui qui lira le livre dans sa totalité ne pourra éviter, au final, une interrogation. Ce pape ne sera-t-il pas celui de la réconciliation avec Moscou, du rapprochement avec la Chine, du dialogue avec l´islam, de la nouvelle évangélisation des terres déchristianisées, d´une Eglise franche et décomplexée ?

Toujours est-il que, dans "Lumière du monde", Benoît XVI résume en une phrase sa préoccupation première: "veiller à ce que les hommes ne perdent pas Dieu du regard".

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