Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
Du 19 au 22 novembre 2010 (semaine 46)
 

-
2010-11-22 - Lumière du monde
UNE AUTOCRITIQUE HUMBLE, LUCIDE ET POSITIVE

" Votre foi a-t-elle changé depuis qu’en tant que pasteur suprême vous êtes responsable du troupeau du Christ ? lui demande Peter Seewald.

"On a parfois l’impression que la foi est devenue plus mystérieuse, plus mystique", lui répond Benoît XVI. "Je ne suis pas un mystique.

" Mais il est exact qu’en tant que pape, on a encore beaucoup plus d’occasions de prier et de s’en remettre entièrement à Dieu. Car je vois bien que presque tout ce que je dois faire, je ne suis personnellement pas capable de le faire. Ne serait-ce que pour cette raison, je suis pour ainsi dire forcé de me mettre dans les mains du Seigneur et de Lui dire : « Fais-le, si Tu le veux ! » En ce sens, la prière et le contact avec Dieu sont encore plus nécessaires maintenant, et aussi plus naturels, et vont de soi bien plus qu’auparavant.

Pour parler en profane, continue Peter Seewald : existe-t-il une « meilleure liaison » avec le ciel, ou quelque chose comme une grâce d’état ?

" Oui, on le sent parfois. Au sens de : j’ai pu faire quelque chose qui ne venait pas du tout de moi. Maintenant je m’en remets au Seigneur et je constate : Oui, il y a là une aide, quelque chose se fait qui ne vient pas de moimême. En ce sens, on fait totalement l’expérience de la grâce d’état. (…) Et comment prie le pape Benoît ?

" En ce qui concerne le pape, il est aussi un simple mendiant devant Dieu, plus encore que tous les autres hommes. Naturellement je prie toujours en premier notre Seigneur, avec lequel je me sens lié pour ainsi dire par une vieille connaissance. Mais j’invoque aussi les saints. Je suis lié d’amitié avec Augustin, avec Bonaventure, avec Thomas d’Aquin. On dit aussi à de tels saints : « Aidez-moi ! »

" Et la Mère de Dieu est toujours de toute façon un grand point de référence. En ce sens, je pénètre dans la communauté des saints. Avec eux, renforcé par eux, je parle ensuite avec le Bon Dieu, en mendiant d’abord mais aussi en remerciant – ou tout simplement rempli de joie."

C´est la toute première fois qu´un pape se confie aussi directement à un journaliste, ouvrant son coeur avec franchise et sagesse sur nombre de questions délicates et brûlantes, proposant sa vision du monde et ses problèmes avec une clarté surprenante, racontant y compris sa vie privée. C´est "un signe nouveau et important", confie le journaliste Peter Seewald, auteur de ces entretiens.

Au début, non sans humour, Benoît XVI s’autodésigne comme un « petit pape » , à côté du « géant » Karol Wojtyla… «Petit» pape?

Pas si sûr que cela. Jean-Paul II s'en est allé de par le monde, car pour lui, le monde ne pouvait pas être vu que de Rome. Il voulait porter son regard au-delà des murs du Vatican pour remettre l’Église dans la perspective plus vaste de l’histoire de l’humanité et de son salut à la veille du troisième millénaire.

C'est ce qu'il avait dit aux journalistes dans l'avion qui le menait en Australie en 1986. "L'Église n'est pas dans les bureaux romains..."

Au seuil du troisième millénaire Benoît XVI poursuit l'intuition de son prédécesseur. Il nous faut «rendre visible le centre du christianisme et en même temps la simplicité d’être chrétien ». Et le centre du christianisme, c'est le Christ. Benoît XVI est hanté par cette urgente nécessité de reposer la question de Dieu, dans un monde sécularisé.

"Petit pape ?" L’histoire le dira. Mais aujourd'hui ce "petit pape", capable de porter son regard au-delà des murs du Vatican, nous demande de le suivre pour remettre l’Église et le Christ au coeur de l’histoire de l’humanité et de son salut en ce début de troisième millénaire.

Retour aux dépêches