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Du 27 au 30 novembre 2010 (semaine 47)
 

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2010-11-30 -
LA STRATÉGIE EUROPÉENNE DE BENOÎT XVI


Dans son blog, Jean-Marie Guénois, du "Figaro" , a commenté " Pourquoi Benoît XVI choisit une stratégie européenne ?" Rejoindre ce document dans son blog est des plus instructif.

"On le savait, mais Benoît XVI s'affirme plus que jamais comme un Pape européen. Au moins est-ce limpide en cette phase du pontificat où le vieux continent apparaît comme une priorité. Depuis deux ans - il fut élu, il y a cinq ans et demi - ce sont les destinations européennes qui priment sur tous les voyages (France, République Tchèque, Malte, Chypre, Portugal, Royaume Uni).

Douze de ses dix huit voyages internationaux ont d'ailleurs été consacrés à l'Europe. Quant aux visites prévisibles de l'année prochaine, elles seront à priori exclusivement européennes : Croatie ; Espagne et Allemagne pour une troisième visite.

" Le choix de ces vols moyens courriers s'expliquent certes par l'âge du capitaine. A quatre vingt trois ans et demi, Benoît XVI ménage sa monture. Faut-il se souvenir de l'état de santé de Jean-Paul II, au même âge, six mois avant sa mort, en 2005 ?

" Mais l'explication de ces voyages, courts en distance et économes en temps, est sans doute ailleurs. Comment la saisir ? De manière explicite en lisant les discours que le Pape prononce dans ces pays avec une constance égale. Mais de manière implicite, à travers le diagnostic, porté à Rome, sur l'état des Eglises européennes.

" Un diagnostic qui dessine une stratégie de plus en plus claire. Cette stratégie est même confirmée, en ce retour d'Espagne, par la priorité évidente donnée à la péninsule ibérique. L'Espagne, l'Italie et la Pologne, se dégagent en effet comme les trois piliers sur lesquels se fonde cette stratégie implicite du Saint-Siège.

" Non pour reconquérir, car le passé ne reviendra pas. Non de façon exclusive, car le monde est vaste mais très complexe. Mais pour subsister et affronter la décrue européenne du christianisme désormais inscrite en France, Allemagne, Belgique, Hollande, Autriche. Ces anciens bastions sont toujours très vivants mais le catholicisme y est devenu minoritaire.

... "Sur le plan politique - et, dans ces pays, l'Eglise a les moyens de sa politique car elle a du poids. Sur un plan ecclésial, les voeux de Benoît XVI sont d'affiner le recrutement et de préparer une Eglise classique et décidée, sans état d'âme et sachant défendre ses positions par la raison plus que par les émotions.

" Sur un plan culturel, travailler à la réconciliation, entre les tendances philosophiques issues des Lumières, qui promeuvent la référence à la seule raison pour l'édification de soi même, de la société. Avec la philosophie chrétienne qui se fonde sur l'unité de la foi et de la raison.

" Au total, Benoît XVI, de façon plus ciblée que son prédécesseur Jean-Paul II, entend ainsi réinsuffler son âme chrétienne à l'Europe.

" De ce point de vue, il est beaucoup plus politique qu'il n'en l'air. Car le mouvement qu'il veut imprimer à l'Eglise catholique - lui redonner une identité sans ambiguïté - converge objectivement avec la tendance politique dominante qui monte en Europe plutôt conservatrice et qui se nourrit d'un retour à des valeurs qui ne sont pas progressistes, loin du libéralisme et de la sociale démocratie.

" Cette convergence politique n'est pas recherchée par Benoît XVI - ce théologien se tient à une grande distance de la politique politicienne - mais elle est objective et laisse penser que l'Eglise catholique, certes affaiblie, n'a pas dit son dernier mot en Europe." (source : JMG)


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