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du 1 au 5 janvier 2011 (semaine 01)
 

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2011-01-05 - Malaisie
LE RENFORCEMENT DE LA LOI SUR L'APOSTASIE

Dans l’Etat de Sabah, situé au nord de Bornéo, les autorités ont demandé le durcissement de la loi sur l’apostasie déjà existante, en raison de l’augmentation des convertis à l’islam qui reviennent à leurs pratiques religieuses antérieures.

Le 24 décembre, Datuk Amri A. Suratman, directeur du Département des Affaires religieuses islamiques de Sabah le JHEAIN, a annoncé que la loi sur l’apostasie serait renforcée dès que le « centre de réhabilitation » en construction à Kinarut serait prêt, c’est-à-dire vers le mois de juin 2011.

D’ici-là, a-t-il poursuivi, les « apostats seront éclairés sur les mérites de l’islam », une tâche qui, selon le directeur du JHEAIN a souffert du relâchement de l’enseignement des imams et de la « négligence » des organisations islamiques.

Amri Suratman a également expliqué que cette décision était à replacer dans le cadre du plan quinquennal des autorités de l’Etat, comme le projet de reconquérir les zones rurales particulièrement touchées par l’« affaiblissement » de l’islam.

Avec la polémique sur l’usage du mot « Allah », l’apostasie est un important sujet de controverse en Malaisie, en raison des différences d’interprétation des articles de la Constitution fédérale malaisienne. Celle-ci a institué l’islam religion officielle, bien qu'elle garantisse la liberté de religion aux non-musulmans. Cependant, toute tentative de conversion d’un musulman, tout blasphème contre l’islam ou Mahomet doivent être sanctionnés, ainsi que, de façon variable selon les Etats, l’apostasie d’un musulman.

Les communautés non musulmanes, et en particulier l’Eglise catholique de Sabah, qui connaît un véritable essor ces dernières années et compte aujourd’hui trois diocèses, n’ont pas caché leur inquiétude. Si l’archevêché de Kota Kinabalu, à Sabah, a déclaré préférer attendre des précisions sur les modifications projetées, Mgr Murphy Pakiam, archevêque catholique de Kuala Lumpur, a déclaré lors d’une conférence de presse le 26 décembre qu’une telle loi instaurerait un climat de peur et une répression religieuse sévère.

Il a appelé le gouvernement fédéral à intervenir et les autorités locales de Sabah à se rallier au message de modération lancé par le Premier ministre malaisien Najib Razak.

Les conséquences de l’application d’une telle loi sont prévisibles : « Au cours de l’année qui vient, des centaines, si ce n’est des milliers, de convertis « d’un moment » à l’islam dans l’Etat de Sabah risquent de passer un long moment dans [un] centre de réhabilitation [...] afin de réfléchir sur leur foi ».

Les suspects sont menés au tribunal islamique pour un jugement expéditif après lequel ils sont placés en détention pendant 36 mois afin d’être « rééduqués ». Si, après ce passage en camp de « réhabilitation », les apostats ne se sont toujours pas repentis, ils peuvent être à nouveau condamnés à un nouvel emprisonnement.

Rappelons que la plupart des conversions de masse ont eu entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, lorsque le fait de devenir musulman apportait plus de chances de promotion, de l’argent et des avantages divers. Après avoir changé de nom et fait carrière, bon nombre de ces « convertis » ont commencé, vers l’âge de la retraite, à revenir à leurs pratiques religieuses antérieures et à quitter l'islam.

Il n’est pas rare à Sabah que des dénonciations publiques soient faites dans les journaux, annonçant que telle ou telle personne « convertie » et bien en vue ne pratique pas réellement sa foi musulmane. Cette nouvelle étape franchie par le JHEAINS démontre l’influence grandissante des mouvements religieux extrémistes, soutenus par les autorités.

" Très tôt cette année, nous aurons des journées de troubles et d’affrontements sur des sujets touchant à la religion, avait averti, dans son message de Noël, le chef de l’Etat de Sabah, Seri Musa Aman. Cependant, les Malaisiens qui aiment la paix, garderont la tête froide et ne rejoindrons pas ceux qui veulent provoquer des tensions religieuses."

La partie de l’île de Bornéo qui appartient à la Fédération de Malaisie est formée des Etats de Sabah au nord et de Sarawak au nord-ouest. Sabah, deuxième territoire de Malaisie par sa superficie avec ses trois millions d’habitants, est l’un de ceux comptant le plus de chrétiens et ce, malgré une immigration musulmane récente en provenance de la péninsule malaisienne et de l’Indonésie.

A Sabah, pour 64 % de musulmans, les chrétiens représentent 28 %. Le chiffre est encore supérieur à Sarawak, où les chrétiens dépassent en nombre les musulmans. Pour l’ensemble de la Malaisie, on estime qu’aujourd’hui 60 % de la population est musulmane. (source : EDA)


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