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du 6 au 8 janvier 2011 (semaine 01)
 

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2011-01-08 - Soudan
L'ÉGLISE ET SON RÔLE DANS L'INDÉPENDANCE


Les Eglises ont joué un rôle décisif dans la marche vers l’indépendance, mais si elles sont majoritaires, en particulier le catholicisme, et elles devront veiller à respecter un pays qui est et se veut multiculturel et multiethnique.

Chaque dimanche matin, le président du gouvernement du Sud-Soudan, Salva Kiir, abandonne son chapeau texan, cadeau de George Bush qu’il porte en toutes circonstances. Il enfile une djellaba d’apparat et se rend à la cathédrale catholique de Juba pour y suivre la messe. Il a sa place réservée : un fauteuil bordeaux au premier rang.

Entre l’archevêque Paulino Lukudu Loro, qui prêche à l’autel, et le chef d’État, il y a une profonde compréhension. Les deux hommes, l’un par la religion, l’autre par la politique, poursuivent le même but, ont les mêmes visions, parlent le même langage. Chaque semaine, à la fin du prêche, le prélat offre au président de monter à l’autel pour prendre la parole.

Si le Sud-Soudan se veut multiculturel et multiethnique, le catholicisme sera de facto la religion d’État du futur pays.

" Si nous sommes très fiers de notre police et de nos services de sûreté pour la sécurité qu’ils nous fournissent pendant cette période de Noël et de référendum, s’est réjoui l’évêque dans son sermon lors de la messe de minuit. Laissez-moi vous rappeler et aux autres croyants que ce référendum est le plan de Dieu pour le Soudan à ce moment de l’histoire que nous traversons."

" Le président Kiir, à son habitude, a poursuivi le prêche. « Ne vous laissez pas provoquer à aucun prix par les ennemis de la paix. Soyez patients et vigilants parce que les ennemis de la paix ne dorment jamais ! " a-t-il prévenu.

Les Églises chrétiennes se sont engagées très tôt dans la lutte d’indépendance du Sud-Soudan, se mettant aux côtés des maquisards dès les premières années du conflit contre les troupes de Khartoum, vues comme musulmanes, certes, mais aussi Arabes et esclavagistes.

L’évêque anglican Paul Yugusuk, président de l’Initiative des religieux soudanais pour le référendum, se souvient de ses jeunes années, alors qu’il était jeune prêtre, accompagnant les miliciens de la SPLA au combat dans la brousse.

" Nous préparions les combattants spirituellement avant qu’ils n’attaquent l’ennemi, avant qu’ils ne se lancent à l’assaut de villes. Nous étions au milieu des combats, parce que nous étions conscients que cette guerre avait Dieu lui-même pour enjeu. Nous faisions des prières pour le succès des guerriers, pour qu’ils soient protégés, nous priions pour la victoire. Et ça nous a permis de remporter bien des combats ! "

Ces derniers mois, l’évêque Yugusuk a parcouru les paroisses, distribuant des affiches, des tee-shirts, des casquettes, des autocollants appelant à voter pour la sécession. L’Église anglicane sud-soudanaise se détache sur ce point de son homologue catholique. Elle appelle franchement à la division du pays.

L'Église catholique, majoritaire, reste dans les sous-entendus prudents, se contentant de rappeler l’importance de l’échéance et de renouveler ses prières pour que le scrutin se passe bien. Contrairement à son homologue anglican, l’archevêque catholique dirige une circonscription qui comprend l’ensemble du Soudan, et qui devrait rester entière même après la division du pays.

L’Église catholique peut compter sur un réseau de radios missionnaires pour transmettre ses messages. À Juba, c’est à l’antenne de "Bakhita Radio" que Mgr Paulino s’adresse à ses ouailles.

« L’archevêque a émis une lettre pastorale expliquant que la voix des gens, c’est la voix de Dieu, rapporte la sœur Cecilia Sierra Salcido, missionnaire mexicaine et directrice de la radio.

Pour beaucoup de catholiques, la perspective d’une indépendance est même vue de façon messianique. Restera, au-delà de cet enthousiasme teinté de religiosité, à prendre en compte la diversité du pays.

Après des années de guerre civile sur des critères largement (mais pas seulement) religieux, la question des relations entre les chrétiens et musulmans, et au-delà entre Arabes et Noirs, sera clairement un défi. De même que le Nord, même après la séparation, devrait toujours compter une importante minorité chrétienne, le Sud devra s’assurer de respecter les minorités religieuses, notamment musulmanes, et se préserver de tout sentiment de vengeance. (source : Allafrica et La Croix)


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