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du 13 au 17 janvier 2011 (semaine 03)
 

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2011-01-17 - Pérou
DES PETITES CELLULES JUSQU'À UN MEGA-RÉSEAU

En Amérique latine, le pourcentage des catholiques a fortement diminué ces dernières années, au profit de groupes évangéliques plus à même à s’adapter à l’évolution de la société. Pourquoi cette transformation.

Dans le cadre d’une thèse de doctorat en théologie, Véronique Lecaros a étudié ce phénomène au Pérou. Elle propose quelques réflexions autour des raisons et des modalités de cette transformation
, qui peuvent s'appliquer à bien des situations, y compris européennes ou en Afrique quand les populations urbaines se chiffrent par millions en quelques années.

Si la majorité des Latino-Américains restent fidèles à leur tradition, constate Véronique Lecaro, cependant, les « évangéliques », comme ils sont appelés populairement dans la région, constituent aujourd’hui une minorité significative et bien installée. Leur nombre est en constante progression, même si le rythme des conversions s’est ralenti depuis quelques années.

D’à peu près 10 millions en 1960, les évangéliques sont passés à environ 100 millions au début de ce siècle (20 % de la population latino-américaine). Au Pérou, selon les recensements officiels, en 1972, il y avait 96,4 % de catholiques pour 2,5 % d’évangéliques ; en 2007, la proportion était de 81,3 d'évangéliques, pour 12,5, 3,3 % pour les autres groupes (mormons, témoins de Jéhovah, adventistes) et 3 % pour les sans religion.

Dans l’anonymat des immenses mégapoles du Sud, les citadins, pour la plupart débarqués depuis peu de leurs campagnes, retrouvent dans les groupes évangéliques une communauté chaleureuse où leur est proposée une expérience de foi, dans des célébrations enthousiastes, animées par de véritables orchestres, alors que la plupart des paroisses catholiques en sont restées à des structures institutionnelles souvent figées.

L’Amérique latine est un continent jeune, en pleine transformation. Les groupes évangéliques, dont la caractéristique majeure est la flexibilité, innovent constamment en réponse à l’évolution de leurs fidèles. Aucune instance régulatrice, si ce n’est les lois civiles, ne limite leurs initiatives : les désaccords entre dirigeants d’un même groupe se règlent par la scission, d’où la multiplication des Églises évangéliques.

Mais une évolution se fait jour. Si l’on prend comme exemple Lima, au Pérou, on constate que la ville a subi récemment une croissance exponentielle : elle est passée d’environ un demi-million d’habitants dans les années 1940, à 8 à 9 millions en ce début de millénaire.

Cette augmentation s’explique non seulement par la démographie galopante, conséquence des progrès médicaux et hygiéniques, mais aussi par l'exode rural. Les études sociologiques révèlent que seuls 12 % de la population sont formés de "liméniens" de souche. Et si la pauvreté reste encore le lot d’un tiers de la population, dans ses formes extrêmes, elle est en voie de disparition dans ces mégapoles.

Toutes classes sociales confondues, le sud-américain se projette vers l’avenir et aspire au changement et à la modernité. Les néo-pentecôtistes investissent le monde et la politique. Selon la théologie de la prospérité, dont l’origine remonte à une lecture de la prédestination calviniste, ils considèrent les bienfaits matériels, la richesse, la santé, comme des signes de la bénédiction divine.

Ils mettent au service de leur idéal, la sociologie et le marketing. On a vu le pasteur Bardales, inaugurant son Eglise à Lima demandé à un centre de marketing une étude sur les habitants de la zone. Il découvrit ainsi que plus de 70 % d’entre eux étaient des divorcés. Depuis, il ouvre les portes de son Eglise aux divorcés et bénit régulièrement leurs nouvelles unions, car comme « Dieu n’est pas obtus, lui non plus ne l’est pas dans sa bonté envore nous», dit-il.

Les provinciaux de la deuxième et de la troisième générations qui sont actuellement la majorité à Lima, se sont détachés des pratiques culturelles et cultuelles de leurs parents et grands-parents, dont la grande majorité étaient des paysans indiens.

Le système des cellules s’est imposé dans les groupes évangéliques, une formule dont l’histoire se développe sur plusieurs continents, en particulier dans les groupes charismatique. Ces groupes sont destinés à donner une dimension familiale aux Églises qui, dans le même temps se retrouvent pour de spectaculaires célébrations.

Chaque fidèle participe à une cellule d’une douzaine de personnes, qui se divise lorsque le nombre de recrues augmente et qu’un nouveau responsable est formé. Au bout de huit mois, un membre peut devenir leader et gérer sa propre cellule sous la supervision d’un leader de leaders.

L'étude de Véronique Lecaros a constaté que le groupe péruvien Agua Viva (Eau vive), compte 200 000 membres, dont 100 000 à Lima où elle est installée depuis 1999.

Cette structure peut même à l'occasion se transformer en machine électorale : la vice-présidente du Parlement élue en juillet 2010 est la congressiste Alda Lazo, pasteure et épouse du pasteur principal de Agua Viva.(source : Protestinfo)

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