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du 19 au 22 janvier 2011 (semaine 03)
 

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2011-01-22 - Roumanie
UN DIALOGUE OECUMÉNIQUE DIFFICILE


C´est dans un climat morose que s´est ouverte en Roumanie la Semaine de prière pour l´unité des chrétiens. Bien sûr, la capitale perpétue une tradition locale bien ancrée: mais cette année, le dialogue entre chrétiens n'allait pas de soi.

Chaque jour du 18 au 25 janvier, les confessions chrétiennes se retrouvent chez l´une d´elles, à tour de rôle, pour une célébration dont l´homélie est confiée à un ministre d´une autre confession.

Le 18 janvier, la cathédrale orthodoxe a ouvert la semaine en recevant les autres Eglises, la prédication étant confiée à un évêque gréco-catholique: un symbole fort, quand on sait les tensions opposant ces deux communautés, la seconde (l´Eglise gréco-catholique) ayant été intégrée de force dans la première par le régime communiste en 1948.

Mais il n'en reste pas moins que c'est un problème. Pour la troisième année consécutive, l´Eglise orthodoxe a fait savoir, dans un communiqué, que "les représentants des autres cultes chrétiens assisteront aux vêpres sans implication liturgique", soit en restant dans la nef, en tenue de ville, en se contentant d´assister à la prière.

De même, le Patriarcat stipule que "les clercs orthodoxes roumains présents à la prière oecuménique des autres Eglises assisteront à cette prière, sans habits liturgiques". Ainsi, l´orthodoxie roumaine refuse que monte vers le ciel une prière qui lui serait commune avec les autres confessions chrétiennes.

Ces autres Eglises qui ne recouvrent qu'une infime partie d´une population roumaine à 88% orthodoxe, ne supportent plus pareille exclusion. Pour la première fois, elles ont fait savoir le scandale que cet ostracisme constitue pour elles. L´Eglise apostolique arménienne a l´intention de protester auprès du Saint-Synode, de même que les luthériens.

Est-ce pour se faire pardonner que ce mardi soir 18 janvier, au terme de ces vêpres fermées à toute différence confessionnelle, le patriarche Daniel de Roumanie, homme par ailleurs de solide réputation oecuménique, a convié ses hôtes à un exceptionnel festin - et porté en souriant un toast aux "progrès réalisés cette année, sinon en matière de participation liturgique, du moins au plan culinaire".

Heureusement qu'il y eut un rayon de soleil, le 17 janvier, grâce à l´inauguration du Centre Saint Pierre - Saint André d´Etudes byzantines et de Rencontres chrétiennes, dans l´immeuble dont les assomptionnistes avait été spoliés en 1947 et qu´ils viennent de rénover. Une foule de toutes confessions a participé à l´événement, dont l´un des temps forts fut la conférence prononcée par Teodor Baconsky sur le rôle des chrétiens dans la société chrétienne actuelle.

Peut-être n´y a-t-il qu´en Roumanie que l´on peut trouver un ministre des affaires étrangères qui soit théologien de métier. Et peut-être est-ce seulement à Bucarest qu´un tel ministre est capable d´intervenir lors de la réouverture d´un Centre oecuménique par un propos sur l´antique "Epître à Diognète".

En saluant la renaissance de ce lieu de recherches et de rencontres fameux - "un événement intellectuel et oecuménique" -, Teodor Baconsky a dit sa conviction que "ce n´est pas l´espoir chrétien qui est en crise aujourd´hui, mais la conscience des chrétiens d´être encore les porteurs d´une espérance".

Il suffirait, dans ce cas, que les Eglises reprennent conscience d´en être responsables, pour que le mouvement vers l´unité des chrétiens sorte de ses peurs. En Roumanie, comme sans doute ailleurs. (source : Michel Kubler)


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