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du 26 au 29 janvier 2011 (semaine 4)
 

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2011-01-29 - Mexique
C'ÉTAIT UNE PERSONNALITÉ PROPHÉTIQUE


Mgr Samuel Ruiz Garcia, "l´évêque des Indiens du Chiapas", est décédé le 24 janvier, une personnalité prophétique qui s´était fait connaître pour son engagement et son "option préférentielle pour les pauvres". Il fut décrié par certains milieux.

Mgr Samuel Ruiz Garcia, évêque de San Cristobal de Las Casas, était surnommé "l´évêque des Indiens du Chiapas" ou le "Tatic" (père) Ruiz en langue totzil, est décédé lundi 24 janvier à Mexico. L´évêque à la retraite, âgé de 86 ans, était hospitalisé dans la capitale mexicaine, depuis deux semaines, s´était fait connaître pour son engagement et son "option préférentielle pour les pauvres", ce qui lui attira l´ire des puissants et des réserves de la part de certains secteurs de l´Eglise catholique, au Mexique qui sont même intervenus contre lui dans certains services du Vatican.

Il fut l´une des grandes figures de la lutte pour le respect des populations indigènes du Mexique, et son corps a été transféré dans son diocèse de San Cristobal de Las Casas, non loin de la frontière du Guatemala, où avait été nommé évêque en 1959 par le pape Jean XXIII.

En raison de son engagement en faveur des Indios marginalisés du Chiapas, il a reçu de nombreux prix, distinctions et médailles dans différentes parties du monde, dont en en 2000 la "Médaille de la République italienne" et le prix Simon Bolivar décerné par l´UNESCO, et en 2002 le Prix Niwano pour la paix.

Mgr Ruiz avait participé aux quatre sessions du Concile Vatican II, de 1962 à 1965. De 1965 à 1973, il avait présidé, au sein de la Conférence épiscopale du Mexique, la Commission pour les Indigènes, insufflant un esprit nouveau à la pastorale indigène dans le pays. En 1968, il prit part à la IIème Conférence de l´épiscopat latino-américain (CELAM), à Medellin, en Colombie.

Il fut élu à cette occasion président du Département des Missions du CELAM, à qui revenait le secteur de la pastorale indigène. C´est dans ce secteur qu´il influença fortement cette pastorale, afin que les Indios ne soient plus seulement considérés comme des objets ou des destinataires de l´évangélisation, mais qu´ils deviennent eux-mêmes et véritablement des sujets actifs dans l´Eglise et la société.

En 1975, il a promu le diaconat permanent, avant tout parmi les indigènes, afin que l´Eglise s´inculture et croisse au sein de ces populations. Il avait ordonné 341 diacres permanents lorsqu´il a quitté son diocèse au printemps de l´an 2000. De 1982 à 1995, Mgr Ruiz s´était également beaucoup engagé en faveur des réfugiés guatémaltèques fuyant la répression dans leur pays.

De 1994 à 1998, il a travaillé comme médiateur lors du conflit entre l´armée zapatiste de libération nationale (EZLN) et le gouvernement fédéral du Mexique, fondant la Commission nationale de médiation (CONAI), en octobre 1994. Le 16 février 1996, il a participé à la signature des "Accords de San Andrés" sur les droits et la culture des Indiens. Ce texte reconnaît aux communautés indiennes le droit à l´autonomie et à l´autodétermination.

Il fut l´un des grands protagonistes de la théologie indigène, comme recherche de la présence de Dieu dans les cultures originaires.

La dépouille de Samuel Ruiz, surnommé "l'évêque des Indiens et des pauvres", a été déposée mercredi 26 janvier dans une crypte de la cathédrale de San Cristobal de las Casas, au milieu de chants et prières en langues indigènes, après une messe célébrée par lMgr Christophe Pierre, nonce apostolique au Mexique.

Jean Paul II, avait toujours maintenu ses distances avec Ruiz, surnommé "l'évêque rouge" par les secteurs conservateurs de l'Eglise qui lui reprochaient d'être "l'instrument du sous-commandant Marcos", porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).

Les représentants des différentes ethnies du Chiapas, comme les tzotziles, les choles, les tojolabales et les zoques ont rendu hommage à l'évêque, chacun dans leur propre langue. "Il a été l'évêque qui nous a tendu la main", a dit une indigène Quiché, venue du Guatemala voisin.

Le corps de l'évêque a été placé dans une crypte située derrière l'autel principal de la cathédrale de San Cristobal, là où repose également la dépouille de Fray Bartolomé de las Casas, l'évêque espagnol qui mena une action constante pour la défense des indigènes au XVIe siècle. (source : Apic)


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