Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 4 au 8 février 2011 (semaine 05)
 

-
2011-02-08 -
Égypte
LA RELATION ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX


Le Patriarche copte catholique d´Alexandrie, Antonios Naguib, a mis en garde contre l´émergence d´un Etat religieux en Egypte, et pour lui, si tel devait être le cas, tous les gains dans les relations entre chrétiens et musulmans seraient perdus.

C'est ce que publie l´agence de presse catholique américaine CNA en référence à un courriel du cardinal. Par contre, si les événements peuvent conduire à la constitution d´un Etat laïc, basé sur l´égalité, les droits civiques et la loi, ce serait, pour le prélat, un succès historique.

Le cardinal Naguib appelle les Egyptiens au retour à la paix et à l´ordre. Il est temps que les gens rentrent chez eux et retournent à leur travail. Il s´est également dit impressionné par l´engagement de nombreux jeunes chrétiens coptes. L´Eglise peut être fière de ces jeunes qui se sont organisés, avec des moyens de communication modernes pour exprimer pacifiquement les besoins de la population.

Mais si une partie de la population qui s’est rebellée contre de Hosni Moubarak affirme qu’elle préfère la démocratie à toute autre forme de gouvernement, elle dit aussi que les musulmans qui se convertissent à une autre religion, peuvent être passibles de la peine capitale, que ceux qui commettent l’adultère soient lapidés et que l’on coupe les mains aux voleurs.

C’est ce qui résulte d’une enquête menée en Égypte et dans six autres pays à majorité musulmane par le Pew Forum on Religion & Public Life de Washington, numéro un mondial des recherches en ce domaine.

Le vaticaniste Sandro Magister a analysé les résultats de cette enquête réalisée dans six autres pays : la Turquie, le Liban, la Jordanie, le Pakistan, l'Indonésie et le Nigéria.

La démocratie, par exemple, est considérée comme la meilleure forme de gouvernement par 59 % des Égyptiens, mais elle recueille des taux d’approbation encore plus élevés en Turquie et au Liban, 76 et 81 % respectivement. Toutefois 22 % des Égyptiens considèrent que, dans certaines circonstances, un gouvernement non démocratique est préférable.

En ce qui concerne les relations entre la politique et la religion, près de la moitié des Égyptiens estiment que l'islam influe déjà fortement sur la politique. Et 95 % de ceux qui sont de cet avis jugent que c’est une bonne chose. D’une manière générale, 85 Égyptiens sur cent jugent positive l'influence de l'islam sur la politique, contre seulement 2 % de réponses négatives. Au Liban et en Turquie, au contraire, les opinions négatives dépassent les 30 %.

Si l’on oppose les modernisateurs aux fondamentalistes, 59 % des Égyptiens se disent favorables aux fondamentalistes, contre 27 % de partisans des premiers. Au Liban et en Turquie les chiffres sont inversés : respectivement 84 et 74 % en faveur des modernisateurs, contre 15 et 11 % du côté des fondamentalistes.

Plus de la moitié des Égyptiens, 54 % pour être précis, aussi bien les femmes que les hommes, sont favorables à la séparation des sexes sur les lieux de travail. Au Liban et en Turquie, ceux qui y sont opposés représentent de 80 à 90 % de la population.

Quand on leur demande ce qu’ils pensent du Hamas, du Hezbollah et d’Al-Qaida, 49 % des Égyptiens se disent favorables au Hamas, 30 % au Hezbollah et 20 % à Al-Qaida. Ces jugements sont partiellement influencés par le fait que les personnes interrogées sont des musulmans sunnites ou chiites. Les Égyptiens sont sunnites, comme le Hamas, alors que le Hezbollah est chiite.

En tout cas, le nombre d’Égyptiens favorables au Hezbollah baisse depuis plusieurs années. Ils étaient 56 % en 2007, 54 % en 2008, 43 % en 2009 et 30 % en 2010.

Pour Tariq Ramadan, professeur d'études islamiques contemporaines à Oxford et petit-fils du Fondateur des Frères musulmans, "il ne faut pas réduire ceci (le mouvement de contestation en Egypte, ndlr) à un face-à-face entre le pouvoir et les Frères musulmans"... "La mobilisation en Egypte, ce sont des femmes et des hommes qui ont envie de liberté et de démocratisation, qui refusent l'autoritarisme de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte", a-t-il insisté.

"Ce sont des mouvements populaires dont la caractéristique particulière c'est que personne ne les dirige, aucune figure charismatique, aucun pouvoir politique", a-t-il ajouté.

"Les Frères musulmans c'est un mouvement d'opposition, qui s'il devait être chiffré, serait entre 20 et 30% de la population. Ils ne sont pas maîtres du jeu. D'ailleurs il y a cinq jours, ils se sont placés derrière la bannière de Mohamed ElBaradei", a-t-il fait valoir.

Selon M. Ramadan, "aujourd'hui, ce qui est la caractéristique de cette opposition, c'est qu'ils sont tous d'accord pour faire tomber Moubarak, mais il n'y a pas de plateforme qui pourrait représenter l'opposition".

Les Frères musulmans, invités jeudi par le pouvoir contesté de Hosni Moubarak à participer au dialogue, sont la première force d'opposition en Egypte même s'ils sont officiellement interdits.

Il s'agit du mouvement le plus ancien de l'islamisme sunnite. Il a été fondé en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna, et sa doctrine s'organise autour du dogme du "tawhid" (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique. (source : Chiesa)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil