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du 4 au 8 février 2011 (semaine 05)
 

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2011-02-08 -
Indonésie
TOUT À LA FOIS DES AMÉLIORATIONS ET DES DIFFICULTÉS

Au cours des douze derniers mois, malgré une amélioration des relations interreligieuses, les chrétiens sont en butte à des difficultés croissantes, selon le rapport d’un centre de recherches universitaires.

La solidarité entre les religions ainsi que leur engagement commun sur le terrain social ont notamment connu de réels progrès, souligne le rapport. Toutefois, un autre rapport rédigé par une organisation indépendante révèle que 216 cas de violations de la liberté religieuse ont été recensés en 2010 et, dans la très grande majorité des cas, ces violences ont visé des chrétiens.

Le mardi 8 février, une foule de musulmans extrémistes ont incendié deux églises et pillé une troisième lors d'affrontements avec la police dans le centre de Java, en réclamant la peine de mort pour un chrétien condamné pour blasphème de l'Islam.. La foule en effet protestait contre la condamnation à cinq ans de prison d'un homme de 58 ans, Antonius Bawengan, jugé pour avoir distribué des tracts insultant l'Islam. Il a écopé de la peine maximale pour ce délit. Mais le jugement a mis en colère une foule de quelque 1.500 personnes, qui jugeaient la peine trop clémente.

Lors de la conférence de presse organisée à Djakarta le 1er février pour la présentation du rapport, Zainal Abidin Bagir, directeur du Centre de l’université Gadjah Mada, raconnaissait que s’il est impossible d’ignorer les violations de la liberté religieuse commises en Indonésie, il est intéressant de noter aussi qu’il existe « un volet positif dans les relations interreligieuses en Indonésie ».

" Notre étude indique que la solidarité entre les croyants et l’implication des responsables religieux ont connu en 2010 des avancées positives, notamment sur le terrain, en matière sociale ", citant à titre d’exemple la coopération qui s’est nouée entre la Conférence des évêques catholiques et plusieurs grandes organisations musulmanes telles la Muhammadiyah à l’occasion de l’aide humanitaire apportée aux victimes du tsunami qui a frappé en octobre dernier les îles Mentawai ou encore lors de l’éruption du volcan Merapi à Java-Centre.

A son avis, la coopération qui peut se nouer entre de grandes institutions religieuses à l’occasion de catastrophes naturelles indique qu’il est possible pour ces acteurs de sortir de logiques communautaristes afin de chercher la promotion du bien commun.

Il n'en reste pas moins que le 24 janvier, l’Institut Setara pour la paix et la démocratie, une ONG indépendante, a rendu public un rapport dressant la liste de 216 atteintes à la liberté religieuse commises en 2010 en Indonésie. Une hausse de près de 10 % par rapport à 2009 où 200 atteintes avaient été recensées.

La grande majorité de ces violations, souligne l’Institut Setara, ont visé des chrétiens et ont, le plus souvent, consisté en des attaques de lieux de culte ou en fermetures forcées d’églises et de chapelles. Selon Hendardi, directeur exécutif de l’Institut, le gouvernement central est directement responsable de ces atteintes à la liberté religieuse par le choix de la personnalité à qui a été confiée le ministère des Affaires religieuses.

Une autre voix importante de la défense des droits de l’homme a fait chorus avec l’Institut Setara. Theophilus Bela, secrétaire général du Comité indonésien des religions pour la paix, a lui aussi appelé à la démission du ministre Suryadharma Ali "parce qu’il laissait percevoir son soutien aux groupes radicaux lorsque des lieux de culte étaient attaqués".

Un domaine est difficile à cerner, celui des décrets et des arrêts édictés par des administrations locales. C'est pourquoi le vicaire général du diocèse de Padang, à Sumatra-Ouest, a appelé à la vigilance. « Le gouvernement provincial a fait voter un grand nombre de textes qui ne concernent qu’un groupe en particulier. Ces textes ont trait à la connaissance du Coran, aux vêtements que doivent porter les musulmans ou bien encore à l’assistance due aux plus pauvres, a expliqué le P. Philips Rusihan Sakti.

Le 31 janvier, à Padang, devant une quarantaine de responsables religieux et politiques locaux, réunis par le Forum de communication de la communauté sino-indonésienne, ce prêtre catholique, qui est curé de la paroisse Ste Barbara à Sawahlunto, a ajouté que l’Etat se montrait incapable de garantir l’exercice de la liberté de religion, une liberté pourtant inscrite dans la Constitution.

Le P. Philips Rusihan Sakti, en parlant des minorités, a ajouté : " Nous devons trouver une manière de faire entendre la voix de ceux qui sont opprimés. Les risques sont grands et nous devons savoir que cela prendra du temps, de l’énergie et de l’argent. Mais, même si notre action provoque la haine de ceux que nos efforts gênent, nous devons le faire." (source : Fideset EDA)


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