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du 10 au 13 février 2011 (semaine 06)
 

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2011-02-13 - Népal
ILS RÉCLAMENT L'AUTORISATION D'ENTERRER LEURS MORTS

La nomination, après des mois d’instabilité politique, d’un nouveau Premier ministre, le communiste Jhalanath Khanal, le 3 février, n’aura laissé qu’un court répit à la controverse sur le droit des non-hindous à enterrer leurs défunts.

Le 29 décembre dernier, les autorités de Pashupatinath, ville sainte hindoue, proche de Katmandou, interdisaient toute inhumation dans la forêt de Sleshmantak qui jouxte le temple, un site utilisé comme cimetière depuis des années par différentes communautés hindoues comme non hindoues. Le Pashupati Area Development Trust (PADT), qui gère le temple hindou de Pashupatinath, commençait déjà à détruire les tombes, à l’indignation des chrétiens dont plusieurs centaines de sépultures étaient en passe d’être profanées.

La forêt très dense qui entoure les ghats, plateformes au bord de la rivière sacrée Bagmati où brûlent jour et nuit les cadavres dont les cendres seront ensuite dispersées dans le courant, est un lieu de sépulture traditionnel pour certaines ethnies ainsi que pour quelques communautés hindoues du Népal, les Dashnamis. Les chrétiens de Katmandou avaient commencé à ensevelir leurs défunts dans la forêt de Sleshmantak, les quelques parcelles consacrées à cet usage dans la capitale (essentiellement des terrains privés) étant saturées.

Le même problème affectait également les communautés musulmanes et baha’i, qui, tout comme les chrétiens, avaient fait, en vain, de nombreuses demandes de terrains pouvant être utilisés comme cimetières, auprès des gouvernements qui se sont succédés ces dernières années au Népal.

Une grande part de catholiques, s’étaient résignés à la crémation. « Déjà que les vivants n’ont pas de terre, il est inutile d’en demander pour les morts ! », ironise Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal. « Nous avons accepté la crémation pour les catholiques au Népal, comme cela a été accepté ailleurs dans le monde [par L’Eglise]. (…) Mais la crémation elle-même est source de discrimination, souligne le prélat.

Le 30 janvier dernier, le Comité consultatif chrétien sur la Constitution népalaise (Christian Committee on New Constitution) réunissait les leaders des mouvements en faveur des droits de l’homme et les responsables des principaux partis politiques, dont celui du Congrès, du Parti communiste du Népal (PCN-MLU) et du Parti communiste maoïste (UCPN-M). « Depuis deux ans, au nom de la communauté chrétienne, nous avons multiplié les demandes officielles à tous les organes du gouvernement et même proposé des terrains dans Katmandou mais les choses n’ont fait qu’empirer avec les années.

Tous les leaders politiques ont assuré les chrétiens qu’ils soumettraient le problème en urgence à l’Assemblée constituante. Minendra Rijal, ministre de la Culture et des Affaires fédérales, déclarait notamment avec fermeté qu’après des siècles de monarchie hindoue, « le pays était désormais un Etat laïc et que tous les hindous devaient apprendre à compter avec les autres religions »

Catholiques et protestants menacent de déposer devant le Parlement les cadavres privés de sépulture. Les chrétiens sont prêts à manifester en « portant des cercueils et des urnes funéraires », affirme le P. Pius Perumana, pro-vicaire apostolique du Népal, qui ajoute que « l’Etat désormais laïc doit garantir des droits égaux à tous les citoyens, quelle que soit leur religion ». Un avis partagé par Narayan Sharam, évêque au sein de la Believers Church, une Eglise protestante, qui rappelle que « les hindous doivent respecter les droits des autres religions ».

Le 2 février, après une journée d’affrontements entre les forces de l’ordre et plusieurs centaines de manifestants à Pashupatinath, les Kirantis ont obtenu du gouvernement la création d’un comité chargé de résoudre la question de l’inhumation des morts qui ne sont pas de religion hindoue. En attendant, ils ont été autorisés à inhumer leurs morts à Sleshmantak et le Premier Ministre a autorisé l’enterrement du jeune kiranti interrompu par la police.

Le 5 février dernier, alors que le Premier ministre du Népal était enfin désigné, les chrétiens ont rappelé que bien qu’ils « n’aient pas pris part aux manifestations des Kirantis », ils attendaient à leur tour que leurs revendications soient prises en compte.

Les déclarations successives étant restées lettres mortes, C. G. Gahatraj, secrétaire général du Christian Advising Commitee, a lancé un ultimatum au nouveau Premier ministre, menaçant d’organiser une manifestation d’une durée indéterminée avec grève de la faim et blocage des routes par les cadavres sans sépulture si aucune réponse n’est apportée par le gouvernement d’ici le 15 février prochain.

Aujourd’hui, si la communauté chrétienne (surtout protestante) connaît indéniablement une forte expansion au Népal (certains parlent de 2 millions de croyants), il reste difficile de la quantifier avec exactitude, le seul chiffre fiable étant celui des 8 000 catholiques inscrits dans les registres des paroisses du pays. (source : EDA)


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