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du 17 au 20 février 2011 (semaine 07)
 

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2011-02-20 - Égypte
UNE RÉVISION TROP RAPIDE PEUT RÉSERVER DES SURPRISES


"Le débat sur l’avenir de l’Egypte commence maintenant et il pourrait réserver des surprises," déclare le P. Verdoscia qui oeuvre au Caire. Les différentes positions à propos de l'article 2 de la Constitution égyptienne pourrait être l'une d'elles.

Au plan politique, ce missionnaire combonien rappelle que "le Haut Conseil militaire, qui gouverne le pays depuis la démission du Président Mubarak a émis un communiqué dans lequel il invite la population à ne pas manifester parce que ce n’est pas le moment adapté attendu que le gouvernement se prépare à réécrire la Constitution".

" A ce propos – ajoute le missionnaire – un débat s’est ouvert sur différents points. Par exemple, on discute sur l’article 2 de l’actuelle Constitution qui affirme que l’Egypte est un pays islamique et qu’aucune loi de l’Etat ne peut être contraire à la loi islamique. Les voix d’un certain nombre de personnalités musulmanes qui revendiquent la laïcité de l’Etat et l’égalité de tous les citoyens (musulmans et appartenant à d’autres religions) face à la loi se sont fait entendre. Ces personnes revendiquent donc une révision de l’article 2 de la Constitution. Il existe aussi naturellement ceux qui ne veulent pas modifier cette norme".

Dans le cadre du débat pour la réforme de la Constitution égyptienne, se rencontrent en effet différentes positions portant sur la conservation ou non de l’article 2 qui établit que la Charia (la loi islamique) est la source principale de la législation. En substance, les positions sont actuellement au nombre de trois.

La première est celle de ceux qui désirent éliminer ou modifier l’article en question. En sont notamment partisans : Naghib Sawires, fameux entrepreneur copte orthodoxe, propriétaire en Egypte de la compagnie téléphonique « Mobinil » et d’ORASCO ; Muhammad El Baradai, prix Nobel de la paix et ancien Directeur général de l’Agence internationale pour l’Energie atomique (AIEA), référence d’un certain nombre de manifestants de la place Tahrir qui ont poussé Mubarak à démissionner ; Husain Abd del Razi, intellectuel musulman, membre du Conseil de Direction du Parti de l’Union qui est favorable à un Etat laïc.

La deuxième position est celle de ceux qui affirment que ce n’est pas le moment de parler de l’article 2 parce que cela pourrait porter à de fortes divisions au sein de la société égyptienne. Dans un second temps, on pourra prendre la question en considération. Parmi les personnalités qui appuient cette thèse, se trouvent : Tariq el Bishri, ancien magistrat du Conseil d’Etat, désigné par le Comité Suprême des Forces armées, Président de la Commission pour la nouvelle rédaction ou la modification de la Constitution égyptienne.

Bishri est considéré comme l’un des principaux intellectuels égyptiens. Il a été consultant d’un certain nombre de groupes de jeunes activistes dont Kifayah (« Nous en avons assez ») qui peut être considéré comme le point de départ des groupes qui ont commencé et mené à bien la récente révolution.

Le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmed El-Tayeb, a affirmé que l’article 2 de la Constitution égyptienne ne doit pas être modifié en ce que cela pourrait causer des tensions confessionnelles. El-Tayeb a par ailleurs déclaré que l’article en question est l’un des pilastres de l’Egypte, sa modification pouvant intervenir par la suite, en parcourant la voie permettant d’atteindre la liberté et la démocratie.

Enfin, la troisième position est celle de ceux qui ne désirent pas la modification de l’article 2. Parmi eux, on trouve : Mohammad Salim al-Awa, ancien Secrétaire général de l’Union internationale des chercheurs musulmans ayant son siège à Londres, Président de l’Association égyptienne pour la Culture et le Dialogue et représentant des Frères musulmans ; Sheikh Mohammed Hassan, un prédicateur populaire et, en règle générale, les Frères musulmans.

Le P. Luciano Verdoscia affirme que" tout est encore possible parce que les questions à affronter sont nombreuses. Nous avons certainement des signes d’espérance surtout les modalités selon lesquelles cette révolution est advenue mais il faudra voir quelles « âmes » de l’opposition prévaudront."

"Au cours de ces derniers jours, les manifestants qui se trouvaient dans les rues affirmaient : pour le moment, nous sommes unis parce que notre objectif est de changer le système, c’est-à-dire de renverser Mubarak. Puis nous nous organiserons pour penser à l’avenir de l’Egypte. De nouvelles formations politiques se créeront donc et s’affronteront dans le cadre des futures élections. Nous espérons naturellement que tout aille pour le mieux." conclut le P. Verdoscia. (source : Fides)


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