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du 21 au 24 février 2011 (semaine 07)
 

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2011-02-24 -
LES CHRÉTIENS SE SENTENT MENACÉS AU MOYEN ORIENT


En Egypte comme en Irak, les minorités chrétiennes se sentent de plus en plus menacés. Tel est le témoignage du diacre copte Amgad Rekz et du prêtre chaldéen Astefan Mazin.

Dans le collimateur des islamistes, le diacre copte Amgad Rekz, qui s´est réfugié avec sa femme en Suisse en 2004, ne mâche pas ses mots: la révolution égyptienne fait peur aux chrétiens, car elle pourrait amener les Frères Musulmans au pouvoir.
"Le président Moubarak, c´était certes la dictature, mais c´était tout de même mieux que les Frères Musulmans!", lance-t-il.

"Moubarak maintenait les islamistes dans un coin, pour les neutraliser, même s´il se servait vis-à-vis de l´Occident de la menace terroriste pour justifier son maintien au pouvoir. Maintenant qu´il est parti, il y a encore moins de sécurité pour les chrétiens.

... " S´il y avait des prêtres et des fidèles coptes sur la Place Tahrir, c´était pour montrer aux musulmans la solidarité des chrétiens avec tout le peuple égyptien. Il fallait le faire même si notre patriarche, le pape Chénouda III, a, au début des manifestations, soutenu Moubarak et appelé les chrétiens à rester sur la réserve. C´était pour les protéger, car il ne savait pas comment cela allait tourner. Il est très sage, très prudent, car il porte le souci de l´avenir des chrétiens dans ce pays".

Amgad Rekz relève que sur place, les chrétiens ont maintenant très peur, car ils ne savent pas ce que va apporter l´après-Moubarak. Certes, admet-il, depuis une décennie, près de 40 attaques contre des villages et des quartiers chrétiens, des monastères et des églises ont été enregistrées en Egypte.

Qui a fait cela ? "Sans aucun doute des individus qui jouissent de l´appui des forces de sécurité! A Alexandrie, la nuit de Nouvel An, les policiers étaient partis 30 minutes avant l´attentat visant l´église copte orthodoxe d´Al-Kidissine (l´église des Saints)... Nombreux sont ceux qui pensent que c´est la police elle-même qui est derrière cette nouvelle attaque!"

Le diacre soupçonne, comme nombre de chrétiens coptes, que ces attaques récurrentes faisaient partie d´une stratégie pour justifier le maintien au pouvoir de Moubarak, qui se faisait ainsi passer pour un "rempart contre l´islamisme".

" Ainsi, pourquoi, depuis la révolution du 25 janvier, n´y a-t-il plus d´attaques contre les églises, alors que la police est partie", se demande-t-il. Amgad Rekz pense qu´il s´agissait là d´une stratégie de la tension, faisant chaque année quelques victimes dans la communauté chrétienne.

Quant aux Frères Musulmans, "ils cherchent à imposer la charia, la loi islamique, car ce sont des wahhabites. Maintenant, ils vont faire leurs propres lois, et si l´on s´y oppose, si on touche à ces lois, ce sera la guerre civile!"

Amgad Rekz affirme qu´ils ont infiltré nombre de secteurs de la société, et sont implantés notamment au sein de la police. Les coptes n´aimeraient pas vivre comme les chrétiens d´Irak ou d´Iran, insiste-t-il.

Actuellement, l´activité économique est paralysée: "depuis le 25 janvier, mon frère, un installateur en chauffage et ventilation, n´a plus de travail, un autre frère, qui étudie l´informatique, n´a plus de cours... les gens ont peur de l´avenir!".

Le Père chaldéen Astefan Mazin vient de la région de Dohouk, au Kurdistan irakien, non loin de la frontière turque. Victimes d´attaques sanglantes à Bagdad ou à Mossoul, les chrétiens irakiens en viennent à regretter l´époque du dictateur Saddam Hussein, déplore-t-il. "Au Kurdistan, nous avons la sécurité physique, mais pas d´avenir économique".

Depuis l´invasion américaine de l´Irak, en 2003, plus des deux tiers des chrétiens ont quitté le pays. "Nous ne sommes plus que 400.000 dans le pays. Les chrétiens ont fui Basra, où il ne reste plus que quelques familles, et la situation à Mossoul est dramatique pour eux..."

Le Père Astefan Mazin, qui prépare un master en branche biblique à l´Université de Fribourg depuis près de quatre ans, vient du Kurdistan irakien, plus précisément de la région de Dohouk, dans le diocèse de Zakho.

Le prêtre chaldéen admet que nombre de chrétiens irakiens de Bagdad ou de Mossoul qui ont cherché refuge au Kurdistan irakien y ont trouvé la sécurité physique. "Mais ils n´ont pas de travail, louer une maison est hors de prix!

" Dans les villages kurdistans qui ont été réhabilités, il n´y a pas d´infrastructures, les chrétiens venus des villes ne peuvent y rester: c´est une autre culture, une autre mentalité, et de plus, pour vivre au Kurdistan, il faut parler le kurde! La seule solution qui leur semble viable est de chercher à sortir du pays, aller en Turquie, en Syrie, tenter d´obtenir un visa pour l´Australie ou le Canada."

Les chrétiens irakiens se sentent abandonnés par leur gouvernement et craignent l´instauration d´un Etat islamiste. "Il faut aider les chrétiens à rester sur place, qu´ils puissent travailler et vivre en sécurité, car nous nous sentons de plus en plus étrangers dans notre propre pays".

Il relève que les chrétiens en sont venus à regretter l´époque de la dictature de Saddam Hussein, car "à l´époque, si on ne parlait pas contre Saddam, on était des rois!" Le prêtre souhaite que de plus en plus de démarches politiques soient entreprises, également de la part du gouvernement suisse, pour protéger les chrétiens du Moyen-Orient, avant qu´ils aient tous disparu des lieux qui ont vu naître le christianisme. (source : Apic)

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