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du 1 au 4 mars 2011 (semaine 09)
 

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2011-03-04 - Sud-Soudan
LES QUESTIONS À RÉSOUDRE PAR LES DEUX SOUDAN

Le referendum n'a pas tout résolu et les deux Soudan sont face à d'autres questions en suspens qu'il leur faudra résoudre avec discernement, car si l’objectif le plus important que visaient les sudistes a été atteint, il reste bien d'autres problèmes.

Deux étapes importantes ont été franchies avant le référendum - certainement marquées par les fraudes ; puis la lenteur exacerbée dans la mise au point de l’accord. Mais leur patience a été récompensée : ce fut un référendum exemplaire sous tous les points de vue, comme l’ont reconnu les observateurs internes et internationaux. Plus de 95 % de ceux qui s’étaient inscrits ont voté dans l’ordre et la dignité.

C'est ce que relève le P. Salvatore Pacifico, religieux combonien.

Une partie des frontières entre le Darfour et Bahr el Ghazal doit encore être définie et des tensions se sont produites à la veille du référendum. On craignait qu’il ne se produise quelque chose, les forces de l’ONU (UNMIS) présentes sur le territoire étaient sur le qui-vive, tout comme le "World Food Program" et "Médecins Sans Frontières". En revanche, tout s’est déroulé tranquillement et le résultat fut évident : à la grande majorité, les électeurs ont choisi l’indépendance.

Mais le référendum n’était qu’une étape, maintenant, le travail ne fait que commencer parce qu’il s’agit de constituer une nation et de résoudre les questions de la définition des frontières en suspens relatives à Abyei, Nuba Mountains et Blue Nile.

Abyei est sans aucun doute en tête de liste. Pour sauver le référendum dans le sud, le SPLM a accepté in extremis de maintenir la région de Abyei en dehors du référendum, mais le problème persiste : Khartoum ne veut pas céder et continue à ignorer la décision déjà prise par le Tribunal de La Haye et que les deux parties avaient initialement accepté. Durant le référendum, dans les environs de Abyei, un convoi de personnes qui rentraient au Sud a été attaqué et 46 personnes sont mortes, mais heureusement, d’autres violences n’ont pas suivi.

En ce qui concerne la définition des frontières, il faut noter qu’il y a encore beaucoup de zones de la frontière entre le Nord et le Sud qui doivent être définies. Le gouvernement de Khartoum a toujours temporisé sur ce point en espérant avoir un alibi pour renvoyer le référendum à plus tard. Et maintenant le temps presse.

La situation des Monts Nuba (Sud Kordofan) et Blue Nile constitue un motif de conflit supplémentaire. La population Nuba a manifesté à Kauda pour exprimer son mécontentement pour la manière dont les choses avaient été gérées et réitérer sa demande d’une plus grande participation à la définition de la nouvelle organisation du Soudan.

A quoi s'ajoutent tous les problèmes pratiques liés à la naissance d’un nouvel État par scission apparaissent maintenant : la division des recettes du pétrole, produit en bonne partie par le Sud, mais vendu au nord à Port-Soudan, la participation aux richesses et aux dettes de la nation, la possibilité de se déplacer, la reconnaissance des droits acquis, la nationalité, les taxes sur les biens qui traversent la frontière et qui feront monter les prix, la monnaie...

Enfin, il faut tenir compte d’un autre aspect important. Un grand exode s’est vérifié à l’approche du référendum : des milliers et des milliers de sudistes résidents au Nord sont rentrés au Sud.

Cela a engendré de fait en l’espace de quelques semaines la disparition d’entières communautés chrétiennes du Nord. Un processus qui laisse une question en suspens : que se passera-t-il avec l’Église qui a fleuri durant ces années au Nord grâce à la présence des chrétiens du Sud ? Dans les milieux chrétiens, on ne cache pas une certaine préoccupation, parce que d’une part la crainte existe que la communauté chrétienne ne se réduise à une réalité sans importance, et de l’autre, on court le risque d’une croissance du poids des forces islamiques extrémistes.

Une crainte appuyée par les déclarations du président lui-même qui avait dit que si la sécession l’emportait, un système islamique sans concession s'imposera au Nord, une menace pas tellement voilée pour les sudistes chrétiens résidents au Nord.

Certes, depuis, les politiciens du Nord ont essayé d’atténuer leurs paroles et se sont montrés beaucoup plus disponibles à des relations pacifiques et de collaboration.

À l’Église du Nord s’impose la nécessité de repenser toute sa pastorale, d’éduquer à la cohabitation des adultes avec leurs frères musulmans et à conjuguer de manière plus convaincue la foi avec la vie à tous les niveaux, également sociaux et politiques. Il s’agit d’un grand défi qui requiert le discernement et l’audace afin de prendre des décisions courageuses. Mais cela n’effraie pas une Église qui par le passé a déjà démontré qu’elle en était capable
. (source : Oasis)

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