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du 1 au 4 mars 2011 (semaine 09)
 

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2011-03-04 -
L'IDENTITÉ CATHOLIQUE DES "CARITAS"


Le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical "Cor Unum," et le cardinal Secrétaire d'État Tarcisio Bertone sont opposés au renouvellement du mandat de Lesley-Anne Knight, secrétaire générale de "Caritas internationalis".

Ces deux cardinaux s'interrogent sur l'identité catholique de cette organisation caritative. Or lors de la prochaine assemblée générale de l'association caritative, prévue en mai prochain, le mandat de la secrétaire générale pourrait être renouvelé pour une durée de quatre ans, ce à quoi la Secrétairerie d'État est opposée. Rome souhaiterait une identité catholique mieux affirmée.

Un avis que ne partage absolument pas le cardinal Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa et président de l'association caritative, qui a demandé au cardinal Bertone de revenir sur sa décision et réaffirmé son soutien à Lesley-Anne Knight. La décision de Rome "vient d'une incompréhension."

Duncan McLaren, le prédécesseur de cette dernière, est quant à lui scandalisé. " Si le Saint-Siège a le droit statutaire de refuser un candidat, il n'est pas habilité à juger de la qualité de son travail. (...) Je n'ai aucun doute que le Christ est au coeur du travail réalisé par "Caritas au nom de l'Église", a-t-il déclaré dans la revue jésuite australienne Eureka Street.

"Voir le monde à partir de Rome, c'est ignorer les réalités vécues 'sur le terrain'." Peut-être peut-on reprocher certaines choses aux Caritas sur le terrain. Mais encore faut-il les dire." fait remarquer le président de "Caritas-France". "La tension qui s’est révélée entre le Saint-Siège et l’organisation, avec la mise en cause par la Secrétairerie d’État de Lesley-Anne Knight, la secrétaire générale de Caritas internationalis depuis 2007, aurait pu être évitée si Rome avait initié plus tôt un dialogue en vérité."

Si pour les cardinaux Sarah et Bertone, la personnalité de Lesley-Anne Knight n'est pas mise en cause, ceux donnent comme raison que "durant les quatre prochaines années, une attention particulière devra être apportée à l'harmonisation de la dimension théologique de Caritas avec son rôle en tant qu'organisation internationale". Or, la Britannique de 51 ans ne leur semble pas être la mieux placée pour mener à bien ce travail.

Caritas Internationalis (CI), c'est 24 millions de personnes aidées à travers le monde, 440.000 salariés, 625.000 bénévoles et un budget d'environ 5,5 milliards de dollars. C'est dire l'importance de sa mission.

Et pour François Soulage, président du Secours Catholique-Caritas-France, l’identité catholique de Caritas est d’abord sa capacité à se mettre au service de tous les hommes.

" Être catholique, pour une association caritative, c’est être universel, c’est-à-dire se mettre au service de tous les hommes. Caritas est une association qui n’est pas seulement au service des catholiques, mais de tout être humain. Elle a comme tâche d’assister l’Église dans sa mission de charité.

" Ce qui signifie à la fois que les catholiques puissent trouver là les moyens d’être au service de leurs frères, au nom de l’Évangile, et aussi qu’ils puissent être accompagnés spirituellement dans cette tâche, par une relecture, un discernement, pour trouver à travers un tel engagement un sens à leur foi. Là est l’expression concrète de l’évangélisation."

" Peut-être peut-on reprocher certaines choses aux Caritas sur le terrain. Mais encore faut-il les dire. La tension qui s’est révélée entre le Saint-Siège et l’organisation, avec la mise en cause par la Secrétairerie d’État de Lesley-Anne Knight, la secrétaire générale de Caritas internationalis depuis 2007, aurait pu être évitée si Rome avait initié plus tôt un dialogue en vérité. Il nous aurait permis d’entendre ces reproches.

" Personnellement, ajoute François Soulage, de ce que je peux constater sur le terrain, j’estime que la critique faite aux Caritas de ne pas être assez catholiques n’est pas justifiée. Au contraire, ses membres fournissent un énorme travail, avec cette double exigence d’être au service du frère et de le faire à la lumière des valeurs évangéliques.

" Mais c’est extrêmement difficile car ils sont sur un terrain compliqué, confrontés directement aux contradictions du monde, à des choix difficiles, et obligés de faire des compromis. Le besoin d’un soutien spirituel, d’un discernement pour bien comprendre comment agir au nom de Jésus-Christ n’en est que plus nécessaire. Vous savez, il serait parfois plus simple d’être une ONG comme les autres sans nous poser des questions, de faire de l’humanitaire sans avoir notre souci d’être aussi porteur d’un message d’amour."

Si la décision est inédite dans l’histoire de CI, elle est fondée en droit. Le statut canonique de "Caritas Internationalis", promulgué par Jean-Paul II le 16 septembre 2004, prévoit cette possibilité, et confie à "Cor Unum" le suivi de CI. Il affirme également le lien entre CI et la Secrétairerie d’État en matière de diplomatie multilatérale. Caritas a des bureaux auprès des Nations Unies à New York et à Genève, et son siège dans la Cité du Vatican. Son Secrétariat Général est situé dans le Palazzo San Calisto au Vatican.

Le contentieux touche le caractère hybride de la CI, à la fois ONG et organisme d’Église. Elle doit ainsi rendre compte à Rome, mais aussi à ses millions de donateurs privés, aux États qui, localement, attribuent des subventions, sans oublier les conférences épiscopales. Reste que des voix autorisées se font entendre, à Rome, pour souhaiter une identité catholique mieux affirmée des services rendus par l’Église à la société : éducation, santé, solidarité.

Ce contentieux s'était déja manifesté il y a quelques années pour d'autres ONG catholiques, habilitées auprès de l'UNESCO, ce qui n'avait pas été sans poser quelques problèmes qui se sont apaisés. (source : Service de presse du Vatican et Caritas)


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