Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 5 au 7 mars 2011 (semaine 09)
 

-
2011-03-07 - Rd Congo
UNE CONFÉRENCE ÉPISCOPALE TRÈS CRITIQUE

Les évêques de la RD du Congo ont dit leur crainte que de voir d'autres révisions de la Constitution après celle instituant un scrutin présidentiel à tour unique et ont regretté, "la virulence de la réplique du gouvernement" au cardinal Monsengwo.

Le 3 mars, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a critiqué jeudi dans un "message" pour l'année électorale 2011 la révision de la Constitution effectuée en janvier "de manière précipitée et expéditive" et que d'autres révisions de la Constitution après celle instituant un scrutin présidentiel à tour unique, conduisent "à l'instauration d'une nouvelle dictature".

Les évêques ont également regretté "la virulence de la réplique du gouvernement" au cardinal congolais Laurent Monsengwo qui avait critiqué le projet de révision, tout comme l'opposition.

Ils ont plaidé pour un renforcement du programme de bonne gouvernance dans le pays, invitant le gouvernement à Kinshasa à "redoubler d´efforts" afin de répondre aux impératifs d´une véritable économie de développement. Pour eux, la misère est devenue un mode d´existence quotidien pour la majorité du peuple.

Dans ce communiqué, publié sur son site internet www.cenco.cd, au terme d´une session ordinaire tenue fin février 2011, la CENCO reconnaît les avancées réalisées par l´Etat. En tant que "pasteurs, témoins", les évêques de la RDC se font l´écho de "la clameur du peuple" dont la souffrance de la grande majorité est "évidente et indiscutable".
Inégalité criante et prédation chronique au profit d´une petite élite

La CENCO se déclare en outre "toujours préoccupée par la corruption". L´ampleur et l´ancrage de ce phénomène au plus haut niveau de l´appareil de l´Etat constituent un handicap pour le développement économique et social du pays, poursuit la CENCO. Elle rappelle que l´Eglise catholique, déjà engagée dans la lutte contre la corruption, offre sa "disponibilité" au gouvernement congolais pour combattre ce fléau.

La CENCO a aussi apprécié les efforts fournis par le gouvernement pour atteindre le point d´achèvement de l´IPPTE (Initiative des pays pauvres très endettés). A ce sujet, elle a souhaité que les secteurs de l´éducation, de la santé et des infrastructures sociales bénéficient "réellement et en priorité" des retombées de l´annulation de la dette par les pays créanciers.

"Dans un dialogue franc et sincère avec le gouvernement, l´Eglise catholique est disposée à s´impliquer dans la mise en oeuvre de ces retombées budgétaires", soulignent les évêques congolais.

Evoquant les prochaines élections présidentielles et législatives en RDC, prévues dans le courant de l´année, les évêques de la CENCO souhaitent qu´elles soient "libres et démocratiques" en vue d´un Congo "uni, fort et prospère". Dans ce cadre, ils exhortent la population à plus de "vigilance pour ne pas vendre sa conscience en échange de cadeaux et dons divers de la part de ceux qui les lui apportent en ce temps crucial, ni céder à la tentation du tribalisme ou du régionalisme".

Elle devra s´impliquer d´une manière responsable dans le processus électoral. Les évêques appellent finalement le gouvernement à sécuriser la population et à prendre toutes les dispositions nécessaires, pour éviter des détournements de deniers publics, à des fins de la campagne électorale.

En ce qui concerne les ecclésiastiques, la Conférence épiscopale nationale les a invités à ne pas participer "activement" à la vie des partis politiques et associations à caractère politique. Ils ne doivent pas non plus accepter de siéger à la direction des institutions étatiques, à quelque niveau que ce soit, chargées d´organiser les élections, ni faire allégeance à aucun parti politique.

Au clergé, en particulier, la CENCO lui recommande de réserver "la chaire de vérité" à la prédication de la Parole de Dieu et de l´enseignement social de l´Eglise, de ne jamais accorder la parole aux acteurs politiques pendant les célébrations eucharistiques pour battre campagne. "L´Eglise catholique, fidèle à sa mission évangélisatrice et au souci de promotion humaine intégrale qui en fait partie intégrante, accompagnera par la prière, la formation à l´éducation civique, ce processus électoral dont dépend l´avenir de la nation congolaise".

La CENCO a pris acte de la récente révision de la Constitution, mais a déclaré ne pouvoir "s´empêcher de relever que la loi fondamentale, gage du consensus national laborieusement obtenu et retrouvé, approuvée par référendum, a été révisée de manière précipitée et expéditive".

Elle a été "modifiée, votée et promulguée en moins de deux semaines, à la fin d´une session extraordinaire du Parlement à l´ordre du jour de laquelle elle n´avait pas été inscrite initialement alors qu´elle aurait pu intervenir en toute sérénité, plus tôt, sur base d´une large concertation et d´un débat public et parlementaire ouvert", a déploré la CENCO. (source : Apic)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil