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du 5 au 7mars 2011 (semaine 09)
 

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2011-03-07 -
LE "MOTU PROPRIO" ET LES TRANSFERTS DE COMPÉTENCES


Quelques inquiétudes se manifestent dans diverses sphères vaticanes, devant des difficultés, des nuances, une date retardée, qui font craindre que soit "dilué" le décret d'application du "Motu proprio Summorum Pontificum".

Ce document de Benoît XVI sera publié dans les prochaines semaines. Il concerne la réorganisation des pouvoirs de la Congrégation pour le Culte Divin avec la tâche de promouvoir une liturgie plus fidèle aux intentions initiales de Vatican II.

Par ailleurs, un article récent, signé par le rédacteur en chef adjoint de l’O.R. : Carlo di Cicco et paru dans "l’Osservatore Romano," met en cause la commission "Ecclesia Dei". L’article parle de déposséder la commission de ses prérogatives afin de faire passer les instituts "Ecclesia Dei" sous la coupe de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostoliques.

Dans ce long article article, Carlo di Cicco juge "les réformes conciliaires nécessaires" et "injustes les critiques visant la réforme elle-même". Il y déclare estimer que la réforme conciliaire avait introduit un changement culturel profond rendant compréhensible la célébration des saints mystères. Mais " dans un climat de peur et de mécontentement, il était important et très innovant d´appliquer la réforme demandée par le Concile et réalisée par Paul VI"... "Malheureusement la réforme a été confondue avec les abus".

Le document à paraître, qui prendra la forme d'un "Motu proprio" est le résultat d'une longue gestation assurée par le Conseil Pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs et les bureaux du Secrétaire d'État. Certaines compétences quitteront la Congrégation pour le Culte Divin et passeront à la "Rote romaine" en ce qui concerne la validité des mariages.

La validité ou la non validité ne dépendrait pas de ce qui a lieu dans la liturgie de l''église. Et c'est ainsi que la Congrégation du Culte Divin se verrait non pas désaisie mais adjointe à d'autres instances pour la plupart des sacrements, n'étant plus alors la seule juridiction en matière de liturgie.

Commentant les rumeurs selon lesquelles son dicastère "ne s´occupera plus des sacrements ou ne serait pas compétent en ce qui concerne l´aspect de la discipline des sacrements", le cardinal Canizarès a en revanche affirmé que "ces deux choses étaient impossibles, puisque liturgie et sacrements sont unis et forment une seule et même
réalité".

"En outre, a-t-il renchéri, la discipline appartient à la même souche que les sacrements et la liturgie : la liturgie comporte toujours une règle, un règlement, notamment canonique, et c´est un aspect qu´il faut soigner et suivre avec beaucoup d´attention". "C´est pourquoi, en aucune façon, la ‘discipline des sacrements´ ne peut disparaître de la Congrégation", a-t-il prévenu, ajoutant : "au contraire, elle sera renforcée".

C'est pourquoi il faut être prudent en parlant trop vite à partir de certaines rumeurs. Certes le cardinal Canizares, à la veille de Noël, en décembre, avait déclaré : " La réforme liturgique a été réalisée très rapidement. Il y avait de bonnes intentions et une volonté d'appliquer le concile Vatican II ... Le renouveau liturgique a été considéré comme un laboratoire de recherche, le fruit de l'imagination et la créativité, un mot magique".

Il avait ajouté : "Ce que je vois est absolument nécessaire et urgent, selon ce que veut le pape. C'est de créer une nouvelle, claire et vigoureuse réforme tout au long du mouvement liturgique... de mettre un terme aux déformations arbitraires et au processus de sécularisation, qui, malheureusement, affecte aussi l'Église. "

Mais tout un courant ecclésial, à Rome comme ailleurs, craint que le décret au lieu de donner une plus grande impulsion soit juste une concession au "traditionalisme" en lui reconnaissant une sensibilité particulière.

Le 9 février, alors que la presse italienne du jour annonçait un "Motu Proprio" qui donnerait un « tour de vis » aux abus liturgiques, le P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, avait fait savoir que ce document aurait pour but de transférer certaines compétences de la Congrégation pour le culte divin au "Tribunal de la Rote", et non pas de promouvoir un contrôle restrictif.

Le "Motu Proprio" en préparation vise à transférer les compétences concernant les dispenses de mariage – dans le cas d´unions célébrées, mais non consommées – d´un dicastère à l´autre de la curie romaine. Pour l´heure, c´est la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui, par le biais d´une commission spéciale d´une soixantaine de membres, est chargée d´accorder ces dispenses qui relèvent du pape. Bien que ces dispenses ne soient pas de type judiciaire, elles seront prochainement du ressort du Tribunal de la Rote romaine.

Le P. Lombardi a en outre précisé qu´il n´y avait « aucun fondement ni aucune raison » de voir dans ce "Motu Proprio" une intention de mettre en place « un contrôle de type ‘restrictif’ de la part de la Congrégation pour le culte divin dans la promotion du renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II ».

« Cela ne veut pas dire que la police arrive », ni que se manifeste le choix d´une « nouvelle politique » en la matière, a-t-il ajouté démentant ainsi les propos du vaticaniste Andrea Tornielli dans" Il Giornale", pour qui ce Motu Proprio devrait « promouvoir une liturgie plus fidèle aux intentions d´origine du Concile Vatican II », « avec moins d´espaces pour les changements arbitraires, afin de favoriser le retour d´une plus grande sacralité ».


" Retour en arrière, donc ? " Andrea Tornielli a longuement interrogé le cardinal Cañizares pour le compte du quotidien "Il Giornale" afin d’en avoir le cœur net.

Dans une interview accordée à la presse espagnole et publiée par "L´Osservatore Romano", le 28 février 2011, le cardinal Canizares lui répond qu’il s’agit plutôt de retrouver ce qui a été perdu : « Le sens du sacré, du Mystère, de Dieu ». Et invité à juger l’état de la liturgie catholique dans le monde, il ajoute en quatre termes précis: « Au vu du risque de la routine, de certaines confusions, de la pauvreté et de la banalité du chant et de la musique sacrée, on peut dire qu’il y a une certaine crise."

Parler de crise en matière liturgique, de routines, de confusions, de banalité, déplorer en particulier « la perte du sens du sacré » ce n'est peut-être pas ce qui
doit fait croire à certains vaticanistes qu’il serait question d’un retour à une discipline plus stricte, dans le Motu Proprio en préparation. Le cardinal Canizares parle de la nécessité de retrouver un vrai sens de la beauté, qui ne soit pas l’« esthétisme vide, formaliste et stérile » où l’on tombe parfois. Le futur document pontifical n'est donc pas qu’un recentrage de compétences sur tel ou tel sacrement ni sur telle ou telle questions exclusivement liturgiques. C'est la recherche d'un dépassement par un ressourcement. (source : Service de presse du Vatican)

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