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du 14 au 17 avril 2011 (semaine 15)
 

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2011-04-17 -Pakistan
LA LOI CONTRE LE BLASPHÈME VIOLE LA LIBERTÉ


Une nouvelle affaire, qualifiée par les évêques pakistanais "d’utilisation abusive de la loi contre le blasphème à des fins de vengeances personnelles", a frappé ces jours-ci, après Asia Bibi, un autre chrétien, Arif Masih.

La loi contre le blasphème est une arme utilisée contre les minorités. Elle a été introduite par les Anglais en 1927 et elle a été maintenue en vigueur en 1947, après l'indépendance et la séparation du Pakistan et de l'Inde.

Les
chrétiens représentent 2 % d’une population de 185 millions d’habitants. Un million d’entre eux sont catholiques. Mais, parmi les musulmans, il existe également des minorités qui sont en danger : chiites, soufis, ismaéliens, ahmadis.

La loi contre le blasphème est une arme utilisée contre les minorités. Pendant trente ans, depuis l'indépendance, elle n’a pas été appliquée. Mais à partir de 1977, après le coup d’État militaire réalisé par Zia-ul-Haq, l'islamisation a connu un crescendo au Pakistan.

À cette loi contre le blasphème, qui a été remise en vigueur avec des aggravations, se sont ajoutées d’autres normes fondées sur la charia. Par exemple, il faut quatre témoins pour prouver qu’il y a eu violence sexuelle sur une femme, sans quoi celle-ci est considérée comme adultère. Ou bien, autre exemple, un musulman qui viole une chrétienne ne peut plus être poursuivi pour viol s’il la contraint à l’épouser et à se convertir à l’islam.

La peine de mort a été instaurée pour ceux qui blasphèment contre Mahomet, ainsi que la réclusion à perpétuité pour ceux qui profanent le Coran. La commission "Justice et Paix" des évêques catholiques du Pakistan a calculé que, entre 1987 et 2009, il y a eu 1.032 personnes qui ont été injustement frappées par la loi contre le blasphème.

L’une d’elles est Asia Bibi, une catholique de 45 ans, mère de cinq enfants, qui a été condamnée à la pendaison en novembre 2010 et attend d’être jugée en appel. Elle a été accusée par d’autres femmes de son village avec qui elle travaillait dans les champs : une dispute avait éclaté entre elles à propos de l'utilisation de l'eau.

Même dans le cas où elle serait acquittée ou graciée, Asia ne se sentirait pas en sécurité, parce que plusieurs responsables musulmans l’ont de toute façon menacée de mort.

De plus une nouvelle affaire, qualifiée par les évêques pakistanais "d’utilisation abusive de la loi contre le blasphème à des fins de vengeances personnelles", a frappé ces jours-ci, un autre chrétien, Arif Masih, dans le village de Chak Jhumra.

Une journée de prière pour Asia Bibi, Arif Masih et toutes les autres personnes arrêtées en raison de la même accusation sera célébrée le 20 avril, Mercredi saint, au Pakistan et dans d’autres pays. À Rome, le cardinal Jean-Louis Tauran célèbrera une messe dans la chapelle du Parlement italien, en particulier à la mémoire de Shahbaz Bhatti, le ministre chrétien assassiné.

Les accusations de blasphème sont fondées sur la parole de l’accusateur, mais celui-ci ne peut pas indiquer les termes précis du blasphème, afin de ne pas être accusé du même délit. Les juges, à leur tour, craignent d’être assassinés, comme c’est déjà arrivé quelquefois, s’ils acquittent un accusé. Ils ont donc souvent tendance à retarder le jugement, sans pour autant accorder la liberté sous caution. De plus, en règle générale, un non-musulman doit avoir, au tribunal, un avocat et un juge musulmans. (source : Chiesa)


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