Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 27 au 29 avril 2011 (semaine 17)
 

-
29 avrll 2011 -
LA CONTINUITÉ SANS RUPTURE DE DEUX PAPES CONCILIAIRES.


Le mémorable discours que Benoît XVI avait adressé à la Curie romaine, le 22 décembre 2005, à propos de la manière d’interpréter le concile Vatican II, reprend la pensée de Jean-Paul II, celle qui porte sur la liberté de religion.

C'est un point qui continue, aujourd’hui encore, à être une source de conflits et on le voit dans de nombreuses réactions à propos de la béatification du Pape Jean-Paul II.

Sur le point de la liberté de religion, le concile a nettement innové. Il a affirmé ce que, dans le passé, plusieurs papes avaient nié : la liberté pour tout individu de pratiquer sa religion, même si celle-ci est "fausse".

L'encyclique "Quanta cura" de Pie IX, publiée en 1864, avait condamné explicitement cette liberté. Seule l’unique vraie religion, la religion chrétienne catholique, avait pleinement droit de cité dans un état. La pratique d’autres croyances ne pouvait être que tolérée, dans certaines limites.

Au contraire le concile Vatican II mit au centre des devoirs d’un État non pas la vérité mais l’être humain. Et il affirma que le droit de pratiquer sa religion, quelle qu’elle soit, devait être pleinement reconnu à tout individu.

Cette innovation du concile fut immédiatement perçue par beaucoup de gens comme une rupture drastique par rapport à la tradition de l’Église. À la grande joie de ceux qui voyaient dans Vatican II un radieux "nouveau début" qui ferait date. À la grande consternation de ceux qui y voyaient un néfaste abandon de la juste doctrine.

En ce qui concerne l'archevêque Marcel Lefebvre et ses adeptes, cette innovation – ainsi que d’autres réalisées par le concile – les conduisit effectivement au schisme. Mais même au sein de l’Église catholique il y avait des gens qui considéraient que ce virage était erroné et inacceptable.

Il n’est donc pas surprenant que Benoît XVI ait consacré toute la partie finale de son discours du 22 décembre 2005 précisément à l’analyse de cette innovation conciliaire. Qui a été une innovation non pas de "rupture" – avait-t-il déclaré – mais de "réforme dans la continuité".

Le pape Joseph Ratzinger avait expliqué qu’en affirmant la liberté de religion, le concile avait certes accueilli "un principe essentiel de l’État moderne" auquel différents papes s’étaient opposés dans le passé, mais que, ce faisant, il n’avait pas rompu avec "le patrimoine le plus profond de l’Église".

Au contraire, il s’était remis "en pleine harmonie" non seulement avec l'enseignement de Jésus sur la distinction entre Dieu et César, mais "également avec l’Église des martyrs, avec les martyrs de tous les temps", puisque ceux-ci étaient morts précisément "pour la liberté de professer sa foi : une profession qu’aucun état ne peut imposer, mais que l’on ne peut faire sienne qu’avec la grâce de Dieu, dans la liberté de la conscience".

Aujourd'hui, presque six ans plus tard, quel effet a eu ce discours de Benoît XVI, qui visait à interpréter non seulement la déclaration relative à la liberté religieuse mais la totalité du concile Vatican II à la lumière du critère : "réforme dans la continuité" ?

Dans le camp "progressiste", les partisans du concile comme "nouveau début" faisant date – en particulier les auteurs de l’histoire de Vatican II la plus lue au monde – ont conclu que le pape Ratzinger leur avait donné raison, même si c’est avec la plus grande prudence. En tout cas c’est ce que les Italiens Alberto Melloni et Giuseppe Ruggeri, l'Américain Joseph A. Komonchak, le Français Christophe Theobald, l’Allemand Peter Hünermann et d’autres ont soutenu dans un ouvrage collectif qu’ils ont publié en 2007.

Dans le camp "traditionaliste", au contraire, la réaction a été négative. Les lefebvristes persistent dans leur schisme bien que l’excommunication de leurs quatre évêques ait été levée par Benoît XVI en 2009.

Et ceux des catholiques qui sont les plus liés à la tradition, tout en s’affirmant en communion avec l’Église, apparaissent eux aussi de plus en plus mal à l’aise. (source : Chiesa)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil