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du 27 au 29 avril 2011 (semaine 17)
 

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29 avrll 2011 - Balkans
LES OBSTACLES SUR LA VOIE DE LA RÉCONCILIATION


" La situation du Moyen-Orient ne nous dispense pas de rester attentifs à d’autres réalités, comme celle de la Bosnie-Herzégovine, où la minorité catholique vit une situation de discrimination quotidienne" déclare l'évêque de Sarajevo.

"D'autant ajoute-t-il, qu'elle est écrasée par le poids du désintérêt de la Communauté Internationale" ajoute Mgr Pero Sudar.

" Les résultats des élections d’octobre dernier, en Bosnie-Herzégovine, ont mis en évidence deux réalités de fond. La première, c’est que les électeurs ne sont pas satisfaits du travail de ceux à qui ils avaient fait confiance il y a quatre ans. Pour cette raison, ils ont opté cette fois-ci majoritairement pour le parti socialiste. Tout en ayant fait confiance aux partis socialistes au niveau de l’État et des deux entités, les électeurs ont rendu la formation d’un gouvernement efficace difficile, pour ne pas dire impossible."

" Notre pays est rongé par deux tendances opposées, à savoir celle qui voudrait que la Bosnie-et-Herzégovine (BeH) soit un État centralisé et celle dont la tendance est l’autonomie absolue de la République serbe. En effet, le parti socialiste de la Fédération, composé majoritairement des bosniaques-musulmans, a comme priorité politique absolue celle de l’État centralisé.

" En revanche, le parti socialiste de la République serbe est en faveur à l’autonomie absolue de cette partie du pays. Les forces politiques qui ont imposé cette situation, les USA en tête, ne permettent même pas de discussions sérieuses sur la révision éventuelle des Accords qu’ils ont imposés. Évidemment des intérêts sont en jeu qui font de notre pays la victime d’une telle situation.

" La population serbe est convaincue que son intérêt fondamental est la conservation et l’autonomie de la République serbe, qui constitue injustement 49 % du territoire de la BeH, la population bosniaque-musulmane a pour objectif la suppression des deux entités et la centralisation du pays, tandis que le peuple croate, majoritairement catholique, se trouve au milieu, chassé du territoire que les Accords de Dayton ont attribué aux Serbes-orhodoxes et politiquement absorbé et neutralisé par la politique bosniaque-musulmane dans la Fédération.

" La minorité catholique souffre avec les autres citoyens à cause de la situation économique et sociale exacerbée du pays, surtout à cause du manque de travail, qui en plus de rendre la vie difficile, anéantit l’espoir en un futur meilleur. Mais aussi elle se sent ignorée en tant que minorité par les solutions politiques entreprises, en commençant par Dayton, et pour cela ils sont incités à quitter leur pays. Dans quelques années, si cette tendance continue, il n’y aura plus de catholiques en Bosnie-et-Herzégovine, mais cela ne semble pas préoccuper, au contraire, les centres nationaux et internationaux de pouvoir qui décident de notre destin."

" Prenons un fait, continue Mgr Sudar : le contrôle total du territoire, en chassant “les autres”. Cette tendance est très subtile, mais elle se ressent dans toutes les sphères de la vie : dans les lieux de travail, dans l’atmosphère des écoles, les stades de sport, sur les routes. Pendant la guerre, les serbes ont chassé presque tous les non-serbes. Durant ces quinze dernières années que je définis comme une “guerre des politiques”, les dirigeants serbes ont tout fait pour empêcher le retour des réfugiés non serbes.

" Actuellement on fait comprendre de différentes manières aux catholiques qu’ils ne sont pas acceptés ni considérés égaux aux autres citoyens. La majorité des musulmans de notre pays n’a rien contre les catholiques en tant que catholiques. Mais il est vrai que cette région est aussi influencée et intimidée par celui qu’on surnomme le nouvel islam intolérant. Les groupes radicaux sont présents, mais ils ne sont pas encore assez forts pour créer les conditions pour une opposition ouverte aux autres religions.

" La discrimination envers les catholiques est d’une autre nature, elle est subtile. Dans notre pays, l’identité nationale coïncide presque à cent pour cent avec l’appartenance religieuse. La plus difficile à affronter pour les croates catholiques consiste dans la mentalité courante, confirmée par les Accords de Dayton, selon laquelle en Bosnie-et-Herzégovine seuls les serbes et les bosniaques-musulmans comptent politiquement, dans une pratique très concrète.

" L’Union européenne pourrait nous aider à mieux supporter nos difficultés, à dépasser la peur de nouveaux affrontements ethniques et d’une partition violente du pays. ... L’entrée dans l’Europe aiderait de la même manière les catholiques et tous les citoyens du pays. Nous, nous n’attendons rien d’autre que de devenir égaux devant la loi aux autres citoyens. L’Église catholique est favorable à l’entrée de la Bosnie-et-Herzégovine dans l’Union européenne.

" Que peut enseigner notre expérience de catholiques de Bosnie aux catholiques du monde ? Peut-être l’obligation de ceux qui croient en Dieu de ne pas se décourager face aux difficultés et à promouvoir certaines valeurs même lorsque cela demande un prix élevé. Le témoignage de l’Église catholique en BeH consiste dans l’ouverture à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux non seulement avec des paroles, mais avec des actes."

En n’ignorant pas les dangers, l’Église catholique a défendu et continue à défendre le concept de cohabitation pacifique entre différents peuples et la collaboration entre les Églises et les communautés religieuses en BeH. Nous sommes convaincus que cela est une des causes humaines les plus urgentes, mais aussi une œuvre agréable à Dieu. Nous considérons que c’est là notre vocation spécifique. Nous remercions tous ceux qui nous ont encouragés et aidés pour la mettre en pratique." (source : Oasis)


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