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du 1 au 4 mai 2011 (semaine 18)
 

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4 mai 2011 -
SOUVENT CRITIQUÉ, IL NE FUT PAS TOUJOURS ADMIRÉ

Si aujourd'hui, presque tout le monde l'admire, de son vivant, il fut contrecarré et même raillé par beaucoup de gens, y compris au sein de l'Église. Sa béatitude fut à certains jours la même que celle de Jésus sur la croix.

Dans les dernières années de sa vie, il disait de lui-même, en polonais : "Je suis un biedaczek, un pauvre homme". Un pauvre vieillard malade et épuisé. Lui qui avait été si athlétique, il était devenu l’homme des douleurs. Et pourtant c’est bien à ce moment-là que sa sainteté a commencé à resplendir, dans et en dehors de l’Église.

Auparavant, ce ne fut pas toujours le cas : le pape Karol Wojtyla était admiré davantage comme un héros que comme un saint.

Sa sainteté a commencé à conquérir les esprits et les cœurs de beaucoup d’hommes et de femmes du monde entier quand il lui est arrivé ce que Jésus avait prophétisé à propos de la vieillesse de l'apôtre Pierre : "En vérité je te le dis : quand tu étais jeune, tu t’habillais tout seul et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, un autre t’habillera et te mènera où tu ne voudrais pas".

Maintenant que le voilà proclamé bienheureux, Jean-Paul II révèle au monde la vérité de ce qu’a dit Jésus : "Bienheureux les pauvres, parce que le royaume des cieux est à eux".

Il ne rayonnait pas de sainteté à l’heure de ses triomphes. Bien souvent les applaudissements qui lui étaient adressés lorsqu’il parcourait le monde à un rythme à couper le souffle étaient trop intéressés et trop sélectifs pour être sincères. Le Pape qui faisait tomber le rideau de fer était une bénédiction aux yeux de l'Occident. Mais lorsqu’il se battait pour défendre la vie de tout être humain qui naît sur cette terre, pour défendre la vie la plus fragile, la plus petite, la vie de l’être qui vient d’être conçu mais dont le nom est déjà inscrit dans le ciel, alors il y avait peu de gens qui l’écoutaient et beaucoup qui hochaient la tête.

Son image dominante, pendant de nombreuses années, a été celle du combattant, pas celle du saint. Lorsqu’il a frôlé la mort, en 1981, qu’il a été frappé on ne sait pas encore bien pourquoi, le monde s’est incliné avec respect et a observé une minute de silence puis il a repris tout de suite sa vieille musique, peu amicale.

Un grand nombre de gens se méfiaient de lui, y compris à l’intérieur de l’Église. Pour beaucoup, il était "le pape polonais", le représentant d’un christianisme désuet, antimoderne, du peuple. Ce qu’ils percevaient en lui, ce n’était pas sa sainteté, mais sa dévotion, qui ne convenait pas à ceux qui rêvaient d’un catholicisme intérieur et "adulte" plongé dans le monde avec tant de bienveillance qu’il en devient invisible et silencieux.

Le moment de ce changement a été le jubilé de l’an 2000, l'Année sainte. Le premier dimanche de Carême de cette année-là, le 12 mars, il célébra sous les yeux du monde une liturgie pénitentielle sans précédent. Sept fois de suite, comme les sept péchés capitaux, il confessa les fautes commises par les chrétiens au cours des siècles et pour toutes il demanda pardon à Dieu. Extermination des hérétiques, persécutions des Juifs, guerres de religion, humiliation des femmes...

Certes il n’a jamais demandé publiquement pardon pour les abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants. Mais on ne se rappelle pas non plus qu'à cette époque personne lui reprochait cette omission. Le scandale n’en était pas encore un pour les leaders d'opinion d'alors, distraits. Ces accusations posthumes dégoulinent d’hypocrisie.

Ceux qui ont compris ce qu’il y avait de vrai dans la sainteté de ce pape, ce sont ces millions et ces millions d’hommes et de femmes qui, au moment de sa mort, lui ont dit le plus grandiose "merci" collectif qui ait jamais été adressé à un homme du siècle dernier. Les chefs d’état et de gouvernement de presque deux cents pays accourus à Rome pour ses funérailles se sont déplacés, entre autres, parce qu’ils ne pouvaient pas se soustraire à cette vague d’estime qui envahissait le monde.

L'année 2000 fut également l’année des martyrs. dont le nom inconnu dans bien des cas, tués en haine de la foi, fut présenté par Jean-Paul II comme l’unique sauveur de tous les hommes, pour tous ceux qui l’avaient oublié.

Puis sur le visage douloureux du Pape, il y eût la béatitude promise par Dieu aux pauvres, aux affligés, aux affamés de justice, aux artisans de paix, aux miséricordieux. Il perdait peu à peu l'usage de la parole, partageait le sort que Jésus avait annoncé à ses disciples : "Bienheureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi".

Et sous cette croix, beaucoup de gens voient aujourd’hui en Karol Wojtyla bienheureux un avant-goût du paradis. (Sandro Magister) (source dans : Chiesa)


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