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du 5 au 8 mai 2011 (semaine 18)
 

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8 mai 2011 - RD Congo
IL NOUS FAUT CRÉER UNE VRAIE MENTALITÉ DÉMOCRATIQUE


Présent à Rome pour la béatification de Jean-Paul II, le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, s’est exprimé lors d’une conférence au Centre Saint-Louis de France, sur ses préoccupations pour l’avenir de son pays.

À commencer par les jeunes : "La moitié de nos jeunes ne sont pas scolarisés. Ils deviennent cireurs de chaussures, gestionnaires de cabines téléphoniques, enfants de la rue... Et le poids de cette non-scolarisation attire vers le bas ceux qui sont scolarisés.

" Dans vingt ans, le Congo comptera 100 millions d’habitants, dont la moitié seront des jeunes. On excuse trop souvent la faillite générale des États africains en invoquant l’explosion démographique. Face aux jeunes qui se révoltent, les États répondent par le mépris, les incarcérant, les obligeant à redoubler. Ces ‘années blanches’ aboutissent à des colères noires ! Ces jeunes sont dans une impasse.'

En 2025, le quart des jeunes de la planète seront des Africains. Le cardinal Monsengwo s'inquiète d'une situation qui est autant « un énorme potentiel » qu’une « charge explosive ».

Il a rappelé que le dimanche des Rameaux, il s’est adressé, à Kinshasa, une ville 10 millions d'habitants, à 100 000 jeunes.

Il les a exhortés à "voter de façon responsable » aux prochaines élections législatives, « sans regarder les petits cadeaux. L’Église prépare le peuple aux élections en donnant une formation civique, dans les paroisses. Nous devons habituer nos laïcs à prendre position en politique. C’est leur rôle.."

Mais aussi à rompre le cercle de la corruption. "Les 180 millions de dollars donnés pour l’éducation par les institutions internationales n’arrivent jamais à destination. " Et il a poursuivi : "Si la corruption est généralisée, elle ne l’est pas dans l’Église. Celle-ci est crédible : le peuple la considère comme fiable."

Certes, les Églises africaines sont pauvres, et celui qui préside la Conférence épiscopale du Congo depuis 2004 pointe deux réalités : " Les transferts financiers de la diaspora émigrée sont trois fois supérieurs à l’aide publique au développement. Si toutes les Églises d’Afrique se mettaient au boulot pour étudier ces retombées…

" Ensuite, si nous demandions 1 dollar par an aux quatre millions de catholiques de Kinshasa, nous pourrions recueillir 4 millions de dollars ! On ne les a jamais eus. Pour cela, les prêtres gestionnaires doivent être crédibles."

Plus largement, le cardinal met en cause chez les gouvernants "l’appétit du pouvoir, qui est une drogue" : « J’en sais quelque chose : malgré moi, j’ai pratiqué le pouvoir pendant six ans ! Quand vous y êtes, il faut beaucoup d’esprit des Béatitudes pour ne pas succomber à la tentation de modifier la Constitution pour rester en poste !" confie celui qui présida la Conférence nationale souveraine de 1991 à 1996 et fut l’un des acteurs politiques majeurs du retour à la démocratie après la dictature du maréchal Mobutu.

Pour le cardinal Monsengwo, "en Afrique, l’Église fait son boulot. Elle n’a pas abandonné l’Afrique. Elle est partout, dans les écoles, dans le développement, dans la formation civique."

Le véritable défi africain, selon le cardinal, consiste à « arriver à créer une mentalité démocratique. » (source : CEF)


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